DOHA, Qatar - Paris et Los Angeles ont lancé à Doha le match des favoris dans la quête des Jeux olympiques 2024, arbitré par l'outsider Budapest. Une course à obstacles d'un peu plus de dix mois durant lesquels les villes candidates vont devoir aiguiser leurs forces et muscler leurs points faibles.

La prochaine échéance internationale pour les trois impétrants est fixée au 3 février. Ce jour-là, le CIO devra avoir reçu le troisième volet du dossier de candidature consacré à la livraison des Jeux et à leur héritage.

À partir de cette date seulement, les villes auront le droit de promouvoir leur dossier à l'étranger, et notamment auprès des membres du CIO qui voteront le 13 septembre 2017 à Lima.

Los Angeles doit préciser

Mardi, lors des présentations des candidatures devant l'Assemblée générale de l'association des comités nationaux olympiques (ACNO), le rouleau compresseur américain a montré toute sa puissance.

Images superbes, athlètes d'exception (la nageuse Janet Evans et la sprinteuse Allyson Felix, dix médailles olympiques à elles deux) et arguments chocs à destination d'un mouvement olympique très dépendant des États-Unis: « Los Angeles 2024 va aider les 100 millions de jeunes Américains à rester connectés avec les JO et l'olympisme » a promis Casey Wasserman, président de la candidature.

Mais Los Angeles n'a livré aucun détail sur la topographie du projet, les distances entre les sites disséminés dans la ville, le système de transport envisagé dans une mégapole tentaculaire, ni sur l'héritage de ce qui serait les troisièmes Jeux de Los Angeles après 1932 et 1984.

C'est cette lacune que la candidature californienne va devoir combler ces prochains mois, avant la remise du dossier no 3 et plus encore avant la visite de la commission d'évaluation qui attendra du concret, début mai 2017, lors des trois jours passés à Los Angeles.

« Los Angeles a été très efficace, très glamour, mais le dossier technique de Paris est apparu beaucoup plus avancé », commentait ainsi le président d'un comité olympique européen.

Paris doit communiquer 

Les Parisiens ont présenté un dossier technique précis et ficelé qui concentre les principaux sites olympiques (80%) dans un rayon de dix kilomètres avec le coeur de Paris pour épicentre.

Anne Hidalgo, la maire de Paris, et Tony Estanguet, triple champion olympique de canoë et vice-président de la candidature, ont touché l'assemblée avec leurs discours passionnés, en espagnol et anglais respectivement, sur la plus-value à très long terme que les jeux Olympiques pourraient apporter à la France dans son ensemble.

Pourtant, Paris 2024 reste un cran en deçà sur le plan de la communication. Teddy Riner n'a, malgré ses deux titres olympiques de judo, pas l'étoffe internationale de ses homologues américaines et la France ne maîtrise pas la notion d'"entertainment" (divertissement) comme le font les Américains qui ne jurent que par Hollywood et la Silicon Valley.

L'année 2017 devrait pouvoir libérer le message parisien. « 2017 nous offre une fenêtre formidable avec, en plus des événements récurrents comme le Tour de France et Roland-Garros, plusieurs championnats du monde qui seront l'occasion de faire la promotion de la candidature à destination du monde entier », explique un responsable de la candidature.

À ce titre, plus que la visite de la commission d'évaluation qui, du 13 au 17 mai, devrait consacrer la bonne préparation technique parisienne, c'est le message délivré lors du deuxième grand oral, en juillet à Lausanne, qui sera crucial pour les Français.

Là, la centaine de membres du CIO appelés à voter en septembre, aura l'occasion de poser des questions et sera attentive à la vision portée par chaque dossier.

Budapest doit capitaliser

Il était clair, à écouter les conversations au sortir des présentations des trois villes, mardi soir, que les deux mégapoles ne jouent pas dans la même catégorie que la capitale hongroise.

Pour autant, le petit Poucet de la compétition a séduit par sa fraicheur et son envie. Budapest, qui se veut une « alternative aux mégapoles » et un « espoir pour les villes de moyenne importance désireuses d'accueillir les Jeux », séduit, c'est une certitude, les membres qui ont pris au pied de la lettre l'Agenda 2020 du CIO: un paquet de mesures destinées à rendre les Jeux olympiques plus accessibles, moins coûteux, plus humains.

Avec peu de moyens financiers et une équipe d'anonymes, Budapest va, en 2017, devoir faire fructifier ce capital sympathie en livrant un troisième dossier convaincant sur sa capacité à respecter ses engagements en terme de compacité et de budget maîtrisé.

Le rapport de la commission d'évaluation qui donnera fin juin une grille de lecture très concrète aux électeurs du CIO sera le dernier élément rationnel de la course aux Jeux.

Après, l'affectif, l'émotion, la subjectivité et des considérations très éloignées des temps de transport, de l'expérience des athlètes ou de l'héritage à long terme, joueront leur rôle traditionnel et rendront cette élection, comme les précédentes, totalement imprévisible.