Montréal – Malgré une blessure à un genou, la judoka Joliane Melançon est montée sur la deuxième marche du podium dans la catégorie des moins de 57 kg, samedi dernier, au Grand Chelem de Baku, en Azerbaïdjan. Cette performance a permis à la Blainvilloise de faire un bon du 17e au 11e rang mondial.

C’est lors d’un combat aux Championnats panaméricains que l’athlète de 26 ans a été victime d’une entorse au genou. « Disons que je me suis bien fait projeter, raconte-t-elle. Sur le coup je pensais que c'était très sérieux, mais j'en ai pris soin. J'ai mis beaucoup de glace, j'ai continué à marcher et à solliciter ma jambe pour conserver toute ma force musculaire et l'amplitude des mouvements. »

Deux semaines plus tard, elle choisissait de se rendre en Azerbaïdjan pour le Grand Chelem. « J’ai pris la décision à la dernière minute, mais en la prenant, j’y allais pour vrai. Je n’y allais pas sur une jambe. Même si je n’étais pas à 100%, mon genou n’était pas une préoccupation. »

La Québécoise ne voulait pas rater ce rendez-vous. « J’avais besoin de faire mon critère pour demeurer au sein de l’équipe nationale la saison prochaine et les occasions de tournois diminuent. C’était une chance que je ne voulais pas rater. »

En terminant deuxième, elle a accompli sa mission. « J’ai réussi, mais pas directement, car j'ai obtenu une 3e lettre B, qui par accumulation me donne une lettre A, ce dont j'avais besoin pour être sur l'équipe l'an prochain », précise-t-elle.

Une dernière année mouvementée

Les douze derniers mois n’ont pas été de tout repos pour Joliane Melançon. S’il y a un an jour pour jour, la Québécoise ne savait même pas qu’elle obtiendrait un billet pour les Jeux olympiques de Londres, tout s’est enchaîné rapidement.

« L’expérience aux JO a été incroyable. Selon moi j'ai fait mon meilleur combat à vie (contre l'Autrichienne Sabrina Filzmoser) et je suis passé proche de gagner. »

Son retour des Jeux ne s’est pas passé très loin des tatamis puisqu’elle a repris la compétition en septembre où elle a remporté deux médailles en Coupe du monde. « Malgré deux podiums, je n’ai pas eu de performances satisfaisantes. Ça m’a donné le goût de retourner à l’entraînement et de continuer à travailler fort pour m’améliorer. »

Parce que ce que désire Joliane, c’est devenir une adversaire redoutable. « Je veux aller aux compétitions et être capable de battre les filles du top-10 mondial. Je veux être parmi les meilleures au monde. C’est mon objectif pour les prochaines années. Et pour ça, c’est chaque facette de mon judo que je dois améliorer », explique celle qui visera un top-7 lors des Championnats du monde qui auront lieu à Rio de Janeiro en août prochain.

Mais le travail sur les tapis n’a pas été la seule occupation de l’athlète du Club de judo de Varennes qui poursuit des études en enseignement de l’éducation physique à l’UQAM. Son automne a été monopolisé par un stage, puis elle a suivi ses derniers cours pendant l’hiver. Encore deux stages à faire et elle aura son diplôme. « Ça fait déjà presque 9 ans, mais ce n’est pas moi qui ai le record », dit en riant la future prof qui a bien hâte d’exercer son métier.

« À partir de maintenant, peu importe ce qui arrive dans ma carrière de judo, j’ai un autre travail qui m’attend », se réjouit-elle.
Si elle n’entrevoit pas retourner sur les bancs d’école pour faire une maîtrise, elle songe à se spécialiser. « J’aimerais aller me chercher des cours plus spécifiques en délinquance, en trouble de comportement ou en trouble d’apprentissage, car nous aurons de plus en plus ces enfants intégrés dans nos groupes. Et pour que ce soit plus facile pour ces jeunes, il faut être le mieux outillé possible. »

Bienvenue en Azerbaïdjan!

En faisant sa course dans les rues de Baku la semaine dernière, Joliane Melançon a croisé sur son passage une drôle de boutique. « C’était une espèce d’épicerie avec un enclos de moutons à l’extérieur. Il y en avait même un dépecé accroché sur un arbre. » Bienvenue en Azerbaïdjan s’est dit l’éventuellement médaillée d’argent.

« C’était assez spécial », admet la judoka qui n’en était pas à sa première présence dans la capitale. « La vie est complètement différente. »

Pour la Québécoise qui a voyagé aux quatre coins du globe, ces déplacements sont toutefois davantage des occasions de découvertes que des désagréments. « Oui nous sommes là pour compétitionner, mais ce sont aussi des expériences que l’on vit et que nous ne vivrions pas si nous ne faisions pas ça. Je ne pense pas que j’irais en Azerbaïdjan pour le plaisir. »

« C’est sûr que parfois, je préfère parfois avoir des conditions plus traditionnelles pour l’entraînement, mais c’est plaisant d’être dépaysée de cette façon. »

Son passage à Niamey, au Niger, pour les Jeux de la Francophonie en 2005, l’a également beaucoup marquée. « J’ai vraiment beaucoup aimé l’expérience. C’est le voyage que j’ai préféré. »

« Le rythme de vie est particulier. Nous nous sommes promenés dans le village et les enfants étaient souriants et contents de nous voir », se souvient-elle.

La Québécoise s’est promis d’y retourner… en tant que prof d’éducation physique! « J’aimerais aller y travailler et peut-être implanter du judo ou un autre sport », envisage-t-elle.

Mais avant de se consacrer à ces projets, elle a encore beaucoup à faire sur les tatamis.