Hana Furumoto-Deshaies souhaite montrer le chemin
Il a suffi d'un an à la karatéka Hana Furumoto-Deshaies pour qu'elle atteigne le cinquième rang mondial des moins de 55 kg. Elle connaît présentement beaucoup de succès à l'international et son plus grand souhait, c'est que tout le karaté québécois puisse en bénéficier.
Gagnante d'une rare médaille d'or canadienne à un tournoi Karaté 1 Série A, la Gatinoise de 26 ans était encore « sur un petit nuage » en début de semaine. Elle venait de vivre des émotions fortes à l'anneau olympique de Richmond, en Colombie-Britannique.
Ses deux premières victoires ont été suivies d'une belle remontée en demi-finale. Elle a atteint la Japonaise Akira Yatoiji d'un coup de pied à la tête pour prendre les devants 4-3 avec six secondes à faire. En finale, la Québécoise s'est dite portée par la foule et l'a emporté 3-0 contre la Kazakhe Gulmira Ussenova.
« J'étais très contente, mais pas surprise. Je m'étais vraiment bien préparée et j'avais tellement visualisé ce moment-là ! » a raconté Furumoto-Deshaies, qui est devenue la deuxième Canadienne de l'histoire à décrocher l'or en Série A après l'Ontarienne Haya Jumaa (-61 kg), victorieuse à Shanghai en 2018.
« C'était spécial d'avoir tout le soutien provenant des estrades. Tout le monde qui était là pour m'encourager, ce n'est pas quelque chose qu'on voit fréquemment. […] Le moment où j'étais le plus en liesse, c'est après la demi-finale, quand j'ai marqué dans les dernières secondes. »
À la suite de ce tournoi, Hana Furumoto-Deshaies est passée du 17e au 5e rang mondial de sa catégorie.
Âgée de 21 ans, la Montréalaise d'adoption Selma Raad est quant à elle montée sur la troisième marche du podium chez les moins de 61 kg. Elle a ainsi décroché la première médaille de sa carrière dans le circuit grâce à un gain de 7-1 contre l'Américaine Julie Canete.
Une pause salutaire
L'an dernier, le nom d'Hana Furumoto-Deshaies ne se trouvait pas au classement mondial, puisqu'elle n'avait pas combattu depuis trois ans. Après une longue pause durant laquelle elle a habité au Japon, la karatéka est retournée au dojo Larouche Karaté afin de rencontrer le sensei Rock Guindon, qu'elle connaît depuis près de 20 ans.
Ancien judoka devenu entraîneur à temps plein, Guindon a accueilli l'athlète à bras ouverts.
« Elle est revenue avec des objectifs et en l'espace d'un an, sa progression a été exceptionnelle ! On connaissait son potentiel, mais là, elle a acquis une maturité qui l'a menée vers un tout autre niveau. »
Un premier podium en Série A a été obtenu en janvier, en Grèce, puis elle s'est classée septième à Paris en Premier League, où le calibre est encore plus relevé. Son triomphe en Colombie-Britannique a été précédé d'une médaille d'or à la Coupe nord-américaine à Las Vegas qui l'a qualifiée pour les Jeux panaméricains qui auront lieu en novembre, au Chili.
Au-delà de sa technique et de ses aptitudes sur le tatami, l'aspect mental en est un autre que Furumoto-Deshaies a priorisé ces derniers temps.
« J'ai appris à mieux me connaître pour éviter certains pièges, a-t-elle expliqué. J'ai pu garder une certaine constance en me rappelant que des émotions négatives, c'est normal (qu'il y en ait). Il y a des craintes qui peuvent revenir avec la nervosité et il ne faut pas s'en surprendre. Il suffit de se recentrer et de dédramatiser tout ça. »
D'autres tournois en Série A et en Premier League sont prévus d'ici les Jeux panaméricains, en plus des Championnats du monde en octobre.
« Depuis que je suis revenue, mon objectif est d'y aller à fond. Je ne veux pas me donner d'excuses cette année et je veux me défier au maximum. Je suis très excitée par ce qui s'en vient. »
« Se tenir les coudes »
Une quinzaine de minutes s'étaient écoulées après la victoire à Vancouver. Rock Guindon et Hana Furumoto-Deshaies étaient déjà assis dans les estrades à discuter des prochaines étapes. Ils avaient un sentiment du devoir accompli, mais ils étaient loin d'être rassasiés.
L'entraîneur a alors confié à la médaillée d'or qu'elle était en train de paver la voie aux jeunes karatékas canadiens. De leur montrer ce que nécessite le développement d'une athlète de haut niveau, dans sa préparation comme dans l'encadrement qui lui est offert.
« Un mot qui décrit bien Hana est “professionnalisme''. Elle fait tout ce qu'elle doit faire pour maximiser son potentiel et est allée chercher l'aide nécessaire afin d'être bien entourée. C'est vraiment un modèle pour plusieurs. »
Questionnée sur les impacts que sa victoire en Série A pourrait avoir sur son parcours, Hana Furumoto-Deshaies a parlé de confiance, mais surtout de visibilité pour son sport au pays. Elle veut propager le message qu'en s'unissant, le karaté canadien peut accomplir beaucoup de choses.
« C'est de prendre cette visibilité et de voir comment je peux aider. Il y a quelque chose qui fonctionne dans ce que je fais et j'aimerais le partager avec ceux qui veulent bien l'entendre. Il faut échanger et trouver un moyen de renforcer la communauté et se tenir les coudes. Tout le monde fait ses affaires de son côté, alors qu'on peut atteindre plus (d'objectifs) ensemble. »
Elle aimerait servir d'exemple pour que dans les années à venir, plusieurs karatékas canadiens puissent suivre ses traces et redonner à leur tour.