JOHANNESBURG - L'Agence mondiale antidopage (AMA) a posé vendredi les jalons de la lutte antidopage pour les prochaines années, entérinant des sanctions plus lourdes pour les sportifs convaincus d'avoir violé les règles de façon intentionnelle.

L'AMA a adopté le Code mondial antidopage 2015 après deux ans de consultations.

« Le conseil de fondation était unanimement d'accord pour approuver et mettre en application le Code », a déclaré le président sortant de l'AMA John Fahey, lors de la Conférence mondiale sur le dopage à Johannesburg.

Cette troisième version du Code mondial antidopage, qui s'appliquera à partir du 1er janvier 2015 pour tous les sports et gouvernements signataires, apporte de profonds changements dans l'échelle des sanctions.

Il double de deux à quatre ans la durée de suspension pour une première violation et introduit une différence plus marquée entre les infractions accidentelles et les fautes intentionnelles.

Le premier Code, entré en vigueur en 2004, instaurait un tarif quasi unique de deux ans la première fois et une suspension à vie en cas de récidive. Il a montré à l'usage une certaine injustice, en mettant au même niveau des sportifs piégés par une consommation de cannabis et des athlètes carburant à l'EPO.

Révisé une première fois en 2009, le code a affiné la palette de sanctions avec la possibilité de tenir compte de « circonstances atténuantes » ou « aggravantes ».

La version 2015 durcit cette fois la donne, en fixant à quatre ans de suspension la sanction pour une première violation, à moins que le sportif parvienne à convaincre les instances disciplinaires qu'elle n'était pas intentionnelle.

Une mesure qui aura pour effet d'écarter de fait les sportifs convaincus de dopage de l'édition suivante des Jeux olympiques.

Le Comité international olympique (CIO) avait déjà instauré en 2008 une règle lui permettant de barrer de la grande chasse aux médailles quadriennale les sportifs qui avaient purgé plus de six mois pour dopage.

Mais il avait dû y renoncer pour les Jeux de Londres en 2012 à la suite d'un avis rendu par le Tribunal arbitral du sport (TAS), qui jugeait la mesure équivalente à une double peine et contraire au Code mondial.

L'athlétisme émet des réserves

L'adoption du texte de Johannesburg est l'aboutissement de deux ans de consultations des différents acteurs, des gouvernements aux fédérations sportives, en passant par les représentants d'athlètes.

Mais cela n'a pas empêché certaines voix d'émettre des réserves cette semaine. Le patinage a ainsi mis en avant que quatre ans de suspension pouvait signer la fin d'une carrière.

À l'inverse, la Fédération internationale d'athlétisme (IAAF), pour qui « quatre ans est perçu comme un minimum et non un maximum », a fait part de ses craintes de voir dans les faits les peines trop facilement réduites.

Elle estime qu'il suffira aux athlètes poursuivis de convaincre les instances antidopage qu'ils n'avaient pas l'intention de se doper, sans en apporter la preuve, pour bénéficier d'une certaine clémence.

L'athlétisme redoute aussi que ces nouvelles dispositions servent « juste à rendre les procédures plus compliquées et coûteuses en temps et en finances qu'elles ne l'étaient déjà ».

John Fahey a pour autant défendu ce nouveau code et en premier lieu l'allongement des sanctions. « C'est ferme mais c'est juste », a déclaré l'ancien ministre australien, qui passera le relais au prochain président de l'AMA, le Britannique Craig Reedie, le 1er janvier.

Le Code comporte d'autres nouveautés. Il permet aux autorités antidopage de s'intéresser davantage à l'entourage des sportifs, tels que les médecins et entraîneurs qui incitent ou aident les sportifs à se doper.

Il élargit aussi les pouvoirs de l'AMA qui pourra mener elle-même des investigations dans les pays qui ferment les yeux sur les affaires présumées de dopage, alors qu'elle ne pouvait jusqu'à maintenant que déclarer un pays en non conformité avec les principes du Code.