PARIS (AFP) - Le Conseil de Prévention et de Lutte contre le Dopage (CPLD) a critiqué, jeudi à Paris, l'instruction donnée fin 2004 aux laboratoires accrédités par l'Agence mondiale antidopage (AMA) de ne pas considérer comme positifs les échantillons contenant une concentration de corticoïdes inférieure à 30 nanogrammes par millilitre.

Evoquée au cours de la présentation du rapport
d'activité annuel du CPLD, cette instruction revient, selon ce dernier, à "une quasi-légalisation des agents dopants présentant le meilleur rapport accessibilité/efficacité".

Selon Marc Sanson, le président du CPLD, la fixation du seuil à 30 ng/ml ne présente "aucune justification technique, le laboratoire français (de Châtenay-Malabry) pouvant détecter les corticoïdes jusqu'à 1 ng/ml".

Il a indiqué que le CPLD était "en désaccord fort" sur cette question et qu'une lettre avait été envoyée récemment à l'AMA, expliquant que l'institution "déplorait cette procédure et dire que dans (son) esprit cela revenait à légaliser les corticoïdes".

Le CPLD s'est également déclaré hostile au maintien d'une double liste de produits interdits, l'une en dehors et l'autre au cours des compétitions.

"L'existence de deux listes revient à autoriser l'usage hors compétition des stimulants (dont les amphétamines), des narcotiques (dont l'héroïne et la morphine), des cannabinoïdes, des glucocorticoïdes, de l'alcool et des bêta-bloquants", a jugé le CPLD.

"Médicalisation du sport"

M. Sanson a également évoqué le projet de loi antidopage adopté à l'unanimité mercredi par les députés français, qui tire les conséquences de la prochaine entrée en vigueur d'un Code mondial antidopage (CMA).

Ce projet de loi "modifie la répartition des rôles: ne relèveront de la loi française que les contrôles et sanctions pour les sportifs qui participent à des compétitions nationales".

L'organisme a ensuite déploré "la très grande médicalisation du sport de compétition", avec "environ la moitié des sportifs contrôlés +positifs+ en 2003 qui ont fourni des justificatifs thérapeutiques lors de la procédure disciplinaire qui s'en est suivie".

La question de l'application en France des Autorisations d'usage à des fins thérapeutiques (AUT), mise en place par l'AMA et que le projet de loi de mercredi propose d'introduire en droit français, a alors été soulevée.

Cette procédure, d'après le CPLD, "présente des risques" car "elle brouille le message de la lutte contre le dopage en remettant en cause le principe de l'interdiction de prendre des produits dopants".