Sidney Crosby, Joannie Rochette, Charles Hamelin, Alexandre Bilodeau, Erik Guay et Kalyna Roberge ont tous vécu un parcours différent pour représenter le Canada aux Jeux olympiques. Mais ce sont pa



Sidney Crosby, Joannie Rochette, Charles Hamelin, Alexandre Bilodeau, Erik Guay et Kalyna Roberge ont tous vécu un parcours différent pour représenter le Canada aux Jeux olympiques. Mais ce sont pas seulement les athlètes canadiens qui rêvent de cette aventure unique, comme le démontre l'histoire de l'arbitre Guy Pellerin.

Originaire du Nouveau-Brunswick, Pellerin souhaitait devenir arbitre dans la Ligue nationale de hockey, mais il n'a pas été en mesure de réaliser cet objectif. Refusant d'abandonner, l'homme zébré s'est fixé de nouvelles cibles et il a visé juste avec les Olympiques.

Pellerin, qui a amorcé cette passion de l'arbitrage à 14 ans, oeuvre dans la Ligue de hockey junior du Québec (LHJMQ) depuis 15 saisons. En 2006, il a décidé d'entamer sa carrière internationale et cette initiative lui a permis de recevoir un appel inoubliable.

«J'ai appris que je participerais aux Olympiques au début octobre lorsque l'arbitre en chef du Nouveau-Brunswick m'a téléphoné pour me l'annoncer. Sur le coup, j'étais très émotif et excité et je ne trouvais pas les mots pour exprimer mes sentiments alors que toutes mes années de travail sur la patinoire étaient finalement récompensées», raconte-t-il avec le sourire dans la voix.

Quatre mois plus tard, Pellerin attend avec impatience son départ pour Vancouver. «Je ressens évidemment une excitation avec tous les reportages que nous voyons dans les médias. Je suis très excité à l'idée de sauter sur la glace pour arbitrer mon premier match», confie Pellerin.

Depuis son saut sur la scène internationale, l'Acadien a eu la chance de travailler à deux Championnats du monde (Russie et Québec) et deux Championnats mondiaux junior (Vancouver et Ottawa). Ces expériences enrichissantes lui ont permis de se faire remarquer.

«La Fédération internationale de hockey sur glace (FIHG) effectue ses choix en regardant nos anciens tournois et ça s'est bien déroulé pour moi alors que les superviseurs étaient contents de mon travail», explique l'arbitre de 38 ans.

Ces compétitions d'envergure ont également permis à Pellerin de faire connaissance avec les meilleurs joueurs de la planète qui peuvent être intimidants à arbitrer. «Je serai probablement nerveux pendant quelques minutes à l'idée de surveiller l'élite du hockey, mais j'ai déjà arbitré Alexander Ovechkin et Evgeni Malkin notamment. J'ai un travail à faire et je vais entrer rapidement dans mon match», souligne le vétéran officiel.

Tous les yeux seront rivés sur le hockey durant les Jeux de Vancouver et le travail des arbitres sera scruté à la loupe, une situation qui ne l'effraie pas.

«Le hockey sera suivi de très près étant donné que les Olympiques se tiennent au Canada. Nous aurons un peu plus de pression et les arénas seront bondés puisque les Canadiens ont à coeur que leur équipe obtienne du succès. Je sais aussi que mes amis et ma famille veulent me voir bien faire sans oublier que je m'impose de la pression et c'est pourquoi les préparations mentale et physique sont importantes», soutient-il.

Une attention particulière sur les coups à la tête

En arbitrant dans des compétitions internationales, Pellerin doit bien sûr maîtriser les règlements qui ne sont pas identiques au hockey nord-américain en plus d'ajuster son niveau de tolérance envers certains comportements.

Les dirigeants de la FIHG ont exprimé le souhait que l'accent soit mis sur les coups à la tête, mais l'incident Patrice Cormier survenu le 17 janiver ne serait pas un facteur dans cette approche.

«Les recommandations auraient été les mêmes sans cet incident parce que nous avons reçu nos documents de préparation dès le mois de décembre, affirme le Néo-Brunswickois. Il faudra être vigilant là-dessus car ils veulent que l'on impose des punitions.»

La FIHG embauche des arbitres de partout sur la planète pour cet événement grandiose et elle prend les grands moyens pour que les arbitres soient sur la même longueur d'onde.

«On reçoit un DVD avec des extraits précis dont des coups à la tête, des coups par derrière ou des séquences d'accrochage. Le document indique qu'est-ce qui constitue une punition et ça nous donne les critères à suivre. Ces DVD sont préparés avec les Championnats mondiaux junior et senior ainsi que les tournois olympiques», dévoile-t-il.

Pellerin ne se retrouvera pas en terrain inconnu à Vancouver puisqu'il connaît la plupart des arbitres sélectionnés. « Parmi les arbitres européens, je pense qu'il y a seulement deux juges de ligne à qui je n'ai jamais parlé. J'ai rencontré plusieurs des arbitres venant de la LNH et ce sera un honneur de travailler avec eux.»

Il pourra toutefois se vanter d'être le seul arbitre amateur du Canada du contingent de 14 arbitres en chef.

«C'est un chic type et un gars très calme qui est parti du Nouveau-Brunswick pour se rendre aux Jeux olympiques. Je ne l'ai pas vu souvent se mettre dans l'embarras avec des décisions douteuses», affirme Stéphane Leroux qui couvre le hockey junior à RDS depuis de nombreuses années.

Le portrait n'est cependant pas encore complet pour l'officiel qui travaillera avec des collègues en provenance de 10 pays. Pellerin devra patienter au lundi, 15 février, avant de connaître son horaire des trois premières journées du tournoi masculin qui prendra son envol le lendemain.

Pellerin et les autres arbitres seront évalués par quelques superviseurs europeéns et nord-américains. Leur rendement déterminera le nombre de parties qu'ils arbitreront par la suite. Mais une chose est certaine, Pellerin ne pourra pas vivre la sensation d'arbitrer un match du Canada étant donné qu'il est Canadien.

À défaut d'avoir le privilège d'arbitrer l'équipe canadienne aux Jeux olympiques, Pellerin a tout de même vécu de grands moments dans sa carrière professionnelle.

Trop vieux pour la LNH!

«Je n'oublierai jamais mon meilleur souvenir jusqu'à présent. J'arbitrais le premier match du Championnat mondial en Russie entre le pays hôte et la Finlande. Les gradins étaient pleins et ce fut un très bon match ! », se remémore Pellerin qui sera notamment appuyé par quatre arbitres canadiens et quatre juges de ligne canadiens à Vancouver.

Avant de rêver aux Olympiques, Pellerin caressait l'idée d'accéder à la Ligue nationale et il a effectué les sacrifices pour que le tout se concrétise.

« J'étais parti travailler aux États-Unis il y a une dizaine d'années pour évoluer dans des circuits comme la Ligue américaine et la Ligue de la Côte Est. J'ai essayé de gravir le chemin vers la LNH , mais ça n'a pas fonctionné donc je poursuis ma carrière dans la LHJMQ», explique-t-il à quelques jours de s'envoler vers la Colombie-Britannique.

Il serait légitime de penser que le fait d'arbitrer aux JO pourrait finalement lui ouvrir les portes de la LNH, mais le protocole ne fonctionne pas ainsi.

«Ce plan de carrière m'intéressait il y a plusieurs années, mais à 38 ans je ne corresponds plus dans les critères de la LNH donc ce métier est devenu davantage un passe-temps pour moi. La LNH regarde surtout à engager des arbitres entre 25 et 30 ans pour qu'ils puissent connaître une carrière de 20 ans», détaille Pellerin qui travaille comme représentant des ventes pour des compagnies sportives au sein de sa propre agence sportive.

L'arbitre francophone pourra savourer son baptême olympique en compagnie de sa femme et sa mère qui le rejoindront à Vancouver. «Elles ont hâte de vivre l'expérience olympique et d'aller voir d'autres sports ainsi que les cérémonies; ce sera très excitant pour elles.»

«J'ai pu trouver quelques billets pour des événements sportifs pour ma famille et nous obtiendrons peut-être des billets supplémentaires pour nous. J'espère que j'aurai la chance d'assister à d'autres sports et de me rendre à Whistler pendant mes journées de congé», conclut Pellerin qui a été en poste dans plus de 400 parties dans la LHJMQ.