L'audience ajournée
Athlétisme mardi, 4 juin 2013. 08:24 vendredi, 13 déc. 2024. 03:37PRETORIA - Le juge de l'affaire Oscar Pistorius, le champion handisport sud-africain qui répond du meurtre de sa petite amie, a ajourné comme prévu une audience de procédure mardi à Pretoria pour permettre à l'accusation de compléter son dossier, et fixé une prochaine audience au 19 août.
Le 19 août aurait été le 30e anniversaire de la victime, Reeva Steenkamp, une top-modèle populaire en Afrique du Sud, abattue par balles par Oscar Pistorius dans la nuit de la Saint-Valentin 2013.
Il s'agira de nouveau d'une audience de procédure préalable à l'ouverture d'un procès. Le magistrat a précisé à Oscar Pistorius qu'il demeurait en liberté sous caution jusqu'à cette date.
« L'affaire a été ajournée pour permettre à la police de compléter son enquête », a expliqué la représentante du parquet.
Le juge Daniel Thulare s'est adressé à Oscar Pistorius, qui était vêtu d'une veste grise sur chemise bleu et cravate : « Vous êtes libérés aux mêmes conditions (que celles qui s'appliquent actuellement), l'affaire est donc renvoyée au 19 août », a déclaré le magistrat.
Il a également précisé à Pistorius qu'il risquait une arrestation s'il ne se présentait pas à l'audience du 19 août.
Le multiple champion olympique handisport, qui avait fait sensation en devenant le premier double amputé à participer aux JO des valides à Londres-2012, n'a jamais nié avoir abattu Reeva Steenkamp de plusieurs coups de feu, dans la nuit du 13 au 14 février.
Mais il affirme depuis le premier jour qu'il s'agit d'une horrible méprise. Qu'il a cru entendre des cambrioleurs dans sa villa en pleine nuit et qu'il a fait feu à travers la porte des toilettes fermée, dans l'affolement. Il assure qu'il ne savait pas que Reeva Steenkamp s'était levée pour aller aux toilettes.
L'accusation, au cours des audiences préliminaires de février, a au contraire tenté de démontrer que Pistorius savait parfaitement qui était sa victime. Et que les coups de feu ont fait suite à une dispute du couple dans la soirée.
Le meurtre de Reeva Steenkamp en février avait passionné le monde entier. Pendant des jours, Pistorius avait été malgré lui le héros des chaînes d'informations continues. Après avoir été l'un des héros des JO de Londres 2012.
Sur les rives de la Tamise, il était devenu le premier athlète masculin à s'aligner avec les valides, alors qu'il est handicapé de naissance et court avec des lames en carbone en forme de pattes de félin, qui lui ont valu son surnom de « Blade Runner ».
Le drame a stoppé net sa carrière. Pistorius a renoncé à toute compétition cette année, ses commanditaires l'ont lâché, Nike ou Clarins, et l'affaire a aussi révélé des facettes de sa personnalité cachées au public qui l'admirait pour sa ténacité et la touche glamour qu'il a apporté au handisport.
On a ainsi découvert qu'Oscar Pistorius était macho, caractériel et obsédé par les armes à feu.
Grâce à son équipe d'avocats, le multiple champion paralympique est cependant parvenu à garder la main jusqu'à présent.
La semaine qui a suivi le meurtre, sa défense a réduit en miettes le dossier de l'accusation, pointant des manques de preuves ou fragilisant le témoignage d'un voisin ayant entendu une dispute du couple venant de l'appartement de Pistorius avant le meurtre.
L'enquêteur en chef Hilton Botha a dû être dessaisi et forcé d'admettre des négligences sous l'oeil médusé des caméras de télévision du monde entier.
En mars, l'avocat Barry Roux, vieux briscard des prétoires sud-africains, a en outre brillamment obtenu un assouplissement notoire des conditions de la libération sous caution : Pistorius a en fait recouvré une quasi liberté de mouvements, obtenant notamment la permission de voyager hors du pays ou de consommer de l'alcool normalement.
Parallèlement, ses défenseurs ont diffusé maints communiqués évoquant un Oscar Pistorius brisé par le deuil.
« Oscar dort mal. Il va mal », a déclaré son manager Peet van Zyl, cité par l'hebdomadaire allemand Der Spiegel. « Certains jours, ça va, et d'autres jours, c'est terrible. Quand je lui parle, il m'écoute plus ou moins, mais je ne le met pas sous pression. Il n'est pas là. Il pleure souvent. »
Certes l'athlète devra répondre d'homicide quoi qu'il arrive, mais si ses avocats parviennent à démontrer qu'il s'agit effectivement d'une méprise, la peine encourue et la sentence pourraient être beaucoup plus légères que s'il s'agit de l'assassinat de sa compagne.