HELSINKI - Kaetlyn Osmond n'était âgée que de trois ans la première fois qu'elle a patiné devant une foule lors du gala annuel de son club de patinage à Marystown, à Terre-Neuve-et-Labrador.

Elle soutient que presque tout le monde était invité à participer au gala en raison de la taille du club dans le village d'environ 5500 habitants.

« Si vous pouviez patiner sans aide, vous pouviez participer au spectacle », a raconté Osmond.

Elle a donc grandi sous les projecteurs et c'est une des raisons pour lesquelles elle excelle dans un sport où « le monde entier vous regarde ».

Vendredi, la patineuse âgée de 21 ans a été la dernière à sauter sur la patinoire du Hartwall Arena et elle a offert la performance de sa vie, ce qui lui a valu l'argent aux Championnats du monde de patinage artistique. Gabrielle Daleman, de Newmarket, en Ontario, a décroché le bronze. C'était la première fois que le Canada plaçait deux femmes sur le podium aux mondiaux et il s'agissait des premières médailles du Canada chez les femmes depuis 2009, quand Joannie Rochette avait gagné l'argent.

« Vous ne pouvez pas enseigner certaines des qualités qu'elle a, a affirmé Ravi Walia, qui entraîne Osmond depuis 11 ans. Maintenant qu'elle est un peu plus vieille, elle a beaucoup de charme et elle est une compétitrice très déterminée. Elle a toujours été comme ça. »

Tessa Virtue et Scott Moir ont gagné l'or en danse et l'équipe canadienne a quitté la Finlande avec trois médailles.

Mais ce sont les deux jeunes femmes qui ont volé la vedette après avoir flirté avec le succès international pendant toute la saison.

Osmond a brillé à Helsinki seulement un an après avoir été incapable de se qualifier pour les mondiaux. Elle se remettait toujours d'une blessure autant physique que psychologique, après une sévère fracture à une jambe lors d'une chute en 2014.

« Je ne savais pas qu'il y avait encore un doute dans mon esprit. Je ne me faisais pas confiance la saison dernière, je doutais d'être en mesure de revenir au sommet, a-t-elle admis. Ce n'est qu'à la fin de ma performance que j'ai compris que j'étais de retour. Je me sens tellement mieux, et après tout ce que j'ai vécu, ça en valait la peine. »

De son côté, Daleman, qui a commencé à patiner à l'âge de quatre ans, a eu la piqûre en regardant Rochette terminer en cinquième position aux Jeux olympiques de Turin, en 2006.

« J'avais dit à mes parents que c'était ça que je voulais faire, je voulais représenter le Canada, aller aux mondiaux et aux Olympiques et gagner des médailles », a raconté Daleman, qui est âgée de 19 ans.

« L'an dernier, j'ai dit à mon père que je voulais gagner une médaille aux mondiaux et il croyait que je blaguais. Et voilà! Et il est impressionné. Quand je me concentre sur ce que je veux obtenir, je vais tout faire pour y arriver. »

L'émergence d'Osmond et de Daleman met fin à une disette pour les Canadiennes qui, sauf pour Rochette et Elizabeth Manley, ont souvent patiné dans l'ombre des hommes, des danseurs et des couples.

Osmond et Daleman sont les produits d'une nouvelle approche dans le patinage canadien, qui a longtemps cru que d'enseigner des sauts à triple rotation à un jeune âge pourrait compromettre la santé des patineuses et créer des problèmes quand elles grandissent.

« Nous avons commencé à constater que les jeunes patineuses des autres nations qui faisaient des sauts à triple rotation à 13 ou 14 ans ne perdaient plus leur touche après leur poussée de croissance, a expliqué le directeur haute performance de Patinage Canada, Mike Slipchuk. Mais pour nos patineuses, elles devaient commencer à apprendre à en faire après avoir grandi, ce qui était beaucoup plus difficile. »

Osmond a réussi six sauts à triple rotation lors de son programme libre, vendredi, tandis que Daleman en a effectué sept.

« Kaetlyn, Gabby, Alaine (Chartrand), elles font partie de la nouvelle vague après que la mentalité eut évolué. Joannie était tellement talentueuse qu'elle avait été capable de les apprendre après avoir grandi », a raconté Slipchuk.

Grâce à ses résultats aux mondiaux, le Canada a obtenu le maximum de trois places aux Olympiques de 2018 dans toutes les compétitions, sauf chez les hommes, où le Canada pourra envoyer deux patineurs.

La principale déception de la semaine est venue du côté de la compétition en couple. Visant un troisième titre mondial d'affilée, Meagan Duhamel et Eric Radford n'ont pas été dans le coup puisque Radford était ennuyé par une blessure à la hanche. Ils se sont contentés du septième rang.