GUADALAJARA, Mexique - Le handball profite peut-être d'une moins grande visibilité au Canada que les autres sports olympiques, mais ça n'enlève rien à la passion et à l'énergie qu'y mettront Sébastien Fyfe et ses coéquipiers de l'équipe canadienne durant les Jeux panaméricains de Guadalajara.

Par ailleurs, même s'ils ont dû chacun payer 3000$ de leur poche pour assumer les frais de leur voyage au Mexique, et même s'ils jouent pour la plupart dans une humble ligue senior provinciale au Québec, ça ne les empêchera pas d'avoir de grandes aspirations au cours de la prochaine semaine.

Fyfe, qui fait partie de l'équipe canadienne depuis 10 ans et en est maintenant le capitaine, estime que les siens peuvent viser la médaille de bronze.

Le vétéran de 32 ans reconnaît qu'une qualification aux Jeux olympiques est peu probable, puisque le Brésil et l'Argentine sont les deux grandes puissances en Amérique. Ces deux pays se disputeront donc la première place, qui donnera un accès direct aux Jeux de Londres. Le finaliste perdant participera ensuite à un tournoi de la deuxième chance.

Les 15 joueurs canadiens, dont neuf sont des Québécois, visent de terminer deuxièmes dans leur groupe de quatre formations, ce qui leur permettrait d'accéder à la demi-finale.

Le tournoi commencera dimanche alors que le Canada affrontera le Brésil. Suivra un affrontement contre le Chili mardi, puis le Venezuela jeudi.

« Le Venezuela, c'est une équipe qu'on a affrontée une fois l'année passée et qu'on a battue, donc qu'on pourrait battre à nouveau de façon tout à fait réaliste, a expliqué Fyfe lors d'un entretien avec La Presse Canadienne. Le Chili, c'est une équipe qui nous a battu trois fois et qu'on a battue une fois. Sauf qu'avec la composition de l'équipe actuelle, je suis assez confiant que ça puisse être notre tour. Le Brésil, normalement, devrait finir premier du groupe. »

Dans l'autre groupe, les États-Unis et la République dominicaine devraient lutter pour la deuxième place, derrière l'Argentine.

« Les États-Unis, c'est l'équipe qu'on a battue pour se qualifier pour les Jeux panam, quoique de façon serrée, a indiqué Fyfe. Ils se sont qualifiés ensuite pour les Jeux dans un tournoi de la deuxième chance. »

Bien que l'équipe canadienne compte plusieurs jeunes joueurs de talent en début de vingtaine, elle misera surtout sur l'expérience de ses vétérans. Ceux-ci proviennent d'une génération qui a réussi à se qualifier aux championnats du monde pour la première fois en 2005.

Ce groupe profitait alors des subventions du programme d'Équipe Québec, ce qui n'est plus le cas maintenant. Mais ça n'a en rien amoindri le dévouement et la détermination des joueurs. Ceux-ci, qui font habituellement du handball à temps partiel, se sont entraînés sept à 10 fois par semaine depuis plus de deux mois en prévision des Jeux panam.

« On a une équipe d'expérience, des gars qui en ont vu d'autres. On devrait bien gérer les matchs, a affirmé Fyfe. Dans un match serré, le score peut rester le même jusqu'à ce qu'il reste deux ou trois minutes de jeu, et ce sont les prises de décision à ce moment-là qui vont faire la différence. Et pour prendre la décision au bon moment, ça aide de l'avoir vécu auparavant dans des compétitions majeures. »

C'est le cas de l'équipe canadienne. Cinq des joueurs ont déjà participé à des Jeux panaméricains. Alexis Bertrand, lui, revient d'un séjour de huit ans dans une ligue professionnelle en France, l'une des puissances de l'heure en Europe.

« On a beaucoup de joueurs qui sont arrivés à maturité, qui sont au sommet de leur forme tout en ayant un bon niveau d'expérience, a noté Fyfe. On a présentement le meilleur niveau qu'on peut avoir. »

Un sport complet

À une époque où le hockey, le football, la boxe et le soccer occupent l'avant-scène au Québec dans les rangs professionnels, le handball n'est pas un choix évident pour un jeune. C'est pourtant un sport qui comble parfaitement Fyfe et ses coéquipiers.

« Je viens de la Rive-Sud de Montréal, où il y a beaucoup d'écoles secondaires qui mettent en valeur ce sport, a expliqué Fyfe. J'ai commencé en secondaire 1. C'était populaire et ça l'est resté, alors j'ai continué jusqu'en secondaire 5. J'ai aussi rencontré des entraîneurs inspirants. Mon entraîneur actuel en équipe nationale, Jean-François Grimala, a été mon professeur d'éducation physique en secondaire 3, 4 et 5. Il m'a exposé au handball de haut niveau. »

Fyfe est tombé en amour avec le handball parce qu'il s'agit, à ses yeux, d'un des sports les plus complets qui soient.

« Le jeu avec le ballon, la vitesse, le fait que ce soit un sport d'équipe... Et c'est spectaculaire puisque tu cours, tu sautes et tu lances. Il y a tout ce que tu devrais faire dans un sport, énurmère Fyfe. J'aime bien l'aspect agressif, qui reste quand même contrôlé. Il y a des contacts plus virils en handball qu'en basketball, par exemple. La confrontation avec le gardien ajoute aussi une dimension qui n'existe pas au basket. »