- Allô Joannie, ça va?

- Oui, vous?

Vous????? Ça fait cinq ans que je côtoie Joannie Rochette et elle me vouvoie encore. Vous c'est mon père, mon beau-père, pas moi!!!

Le jeune trentenaire en moi prend un coup de vieux... Ça fait cinq ans que je reprends Joannie en lui disant de me tutoyer… Elle rit à chaque fois.

Bon, je m'en rappelle comme si c'était hier. Mars 2003, je rencontre pour la première fois Joannie Rochette. Jolie jeune patineuse talentueuse qui s'apprête à vivre ses premiers Championnats du monde aux États-Unis. Elle n'a que 17 ans. Ironie du sort, elle terminera 17e.

Joannie se souvient, elle aussi, de cette époque. « Je réalisais un rêve en patinant avec Michelle Kwan. Je pensais sincèrement que je n'irais pas plus loin », lance-t-elle en riant.

Pourtant, Joannie figure maintenant parmi l'élite mondiale; l'élite qui peut espérer monter sur le podium aux mondiaux et aux Olympiques. Que de chemin parcouru depuis ce temps. « À 17 ans, ma technique était bien loin de celle des meilleures de la planète. Aujourd'hui, la championne du monde, Mao Asado, réussit un triple axel en compétition, un saut que les hommes font et elle n'a que 17 ans. »

« Je suis contente d'être rendue à ce niveau à 22 ans car les athlètes comme Mao se retrouvent parmi les meilleures dès 16 ans », explique-t-elle avant de poursuivre. « Au Japon, la mentalité d'entraînement est différente. Ici au Canada, on veut avoir une belle vie tout en s'entraînant. Là-bas, tout est axé sur l'entraînement. »

Début de saison canon

Avec deux victoires en autant de compétitions cette saison, Joannie se présentera à la finale des Grand Prix (du 10 au 14 décembre en Corée) comme l'une des favorites. Ce sera pour elle, une bonne répétition en vue des Championnats du monde puisque la crème des patineuses devraient s'y retrouver.

« Je n'avais toutefois pas inscrit cette compétition à mon calendrier car j'avais un examen de biologie en même temps », avoue-t-elle. Pourtant, les chances qu'elle se qualifie étaient excellentes pour ne pas dire que c'était dans la poche. « Je ne voulais pas tuer la peau de l'ours avant de l'avoir tué. » Quand même humble pour une fille qui est pressentie pour un podium en 2010 à Vancouver.

C'est un peu pour cette raison que Joannie retire beaucoup de fierté d'avoir devancé la championne du monde le 18 novembre dernier lors du Trophée Éric Bompard, quatrième épreuve Grand Prix de la saison. En fait, Joannie a dominé la japonaise en obtenant 13 points de plus.

« Je crois que c'est la meilleure patineuse de tous les temps », lance Joannie.

Chaque mot de cette phrase est bien soupesé par Joannie qui est d'une humilité désarmante. Cette victoire contre la championne mondiale est une véritable infusion de confiance et on le ressent quand on échange avec Joannie. Ce n'est que récemment qu'elle commence à dire publiquement que le sommet est son objectif.

« L'an dernier, j'ai terminé cinquième au championnat du monde; c'était correct. Maintenant, si je termine cinquième aux prochains Mondiaux, je ne serai vraiment pas contente », explique-t-elle.

Joannie atteint un premier « Plateau »

Joannie a vécu de grandes émotions aux Jeux olympiques de Turin en 2006. « J'ai terminé cinquième alors que je n'avais aucune attente », se rappelle-t-elle.

C'est également à Turin qu'elle a fait la connaissance de celui qui partage maintenant sa vie, le patineur de vitesse sur courte piste François-Louis Tremblay. Depuis quelques temps, ils ont emménagé ensemble en plein cœur du Plateau Mont-Royal. Deux athlètes aux tempéraments diamétralement opposés.

« Disons qu'il est beaucoup plus calme que moi et ça m'aide énormément. Disons que mon tempérament a parfois des airs de sauce tabasco; quand ça chauffe, ça chauffe », confie-t-elle.

Le journaliste en moi voit déjà le scénario se profiler. Joannie et François-Louis qui triomphent ensemble à Vancouver. Peu importe la couleur de la médaille, ils formeront LE couple canadien et québécois des Jeux de 2010. « On en parle un peu mais disons que pour François-Louis, il y a beaucoup de travail pour se qualifier sur l'équipe. Ils sont une dizaine à pouvoir se qualifier et il n'y a que cinq places ».

Les « abdos » de Kovalev

Voici la portion « magazine à potins » de cette chronique.

Et puis la cohabitation Joannie, comment ça se passe?

« Ça va vraiment bien. Comme dans tout couple, on doit faire quelques compromis. Avant, dans mon appartement, je mettais plusieurs affiches d'hommes en torse nu sur mon réfrigérateur, au grand dam de François-Louis. », me dit-elle.

« Lorsqu'on a emménagé ensemble, il ne voulait plus de ces affiches sauf que j'en ai mis une d'Alex Kovalev et il n'a rien dit. C'est un fan du Canadien et en retour, je le laisse regarder le hockey le soir », ajoute-t-elle dans un éclat de rire.

Finalement, avec ce genre de photos sur son réfrigérateur, tu peux continuer de me vouvoyer Joannie!