« C'est plus le fun, je n'ai pas besoin d'être en forme! » Cette réponse, c'est du Éric Bédard tout craché! Pour tous ceux qui connaissent le quadruple médaillé olympique un tant soit peu, il



« C'est plus le fun, je n'ai pas besoin d'être en forme! » Cette réponse, c'est du Éric Bédard tout craché! Pour tous ceux qui connaissent le quadruple médaillé olympique un tant soit peu, ils reconnaîtront le patineur de vitesse courte piste devenu entraîneur de l'équipe allemande. Bédard est aux Jeux olympiques de Vancouver avec ses athlètes, cinq hommes et une femme.

La bonne humeur et son humour, Bédard ne les a pas laissés derrière lorsqu'il a déménagé ses pénates de Montréal à Dresde. « Une des choses que j'ai fait comprendre aux patineurs, c'est qu'on peut s'amuser tout en travaillant très fort. Je me souviens, quand j'étais patineur, on riait, on se tirait de l'eau, mais quand Guy (Thibeault) disait on en ligne cinq tours rapides : on y allait. Mais bien travailler et avoir du plaisir, pour les Allemands, c'était un peu bizarre. »

Chambardement à la Québécoise

Embauché en juillet 2008, Éric Bédard n'a pas mis trop de temps à imposer un nouveau régime pour les athlètes. « C'est la première fois qu'ils ont un entraîneur qui provient de la courte piste. Avant, c'était soit des entraîneurs de la longue piste ou carrément d'autres sports », a raconté Bédard qui entraîne depuis maintenant une quinzaine d'années. Avant de s'occuper de la formation allemande, Éric était de l'équipe d'entraîneurs de Montréal-Inter, le club-école de l'équipe nationale.

En Allemagne, Éric doit voir à tout : des critères de sélection, à la programmation sur glace et hors glace, en passant par l'équipement et l'aiguisage des lames. Éric Bédard est devenu un homme à tout faire. « Mes tâches débordent celles d'un entraîneur, mais j'ai pris de l'expérience. J'ai dû sortir de ma zone de confort. Ça m'a beaucoup apporté », a souligné celui qui devrait compléter sous peu sa certification d'entraîneur niveau 5, le niveau le plus élevé du programme national.

Éric Bédard souligne à quel point son sport a évolué depuis qu'il a pris part à ses premiers Jeux à Nagano, en 1998. « Avec le temps que j'ai fait à Nagano, je ne serais même pas capable de faire la finale chez les femmes, image-t-il. En Allemagne, j'apporte de nouvelles idées, de nouvelles structures. C'est évident que les athlètes m'ont questionné au début, mais quand je suis arrivé avec ma programmation détaillée, un tableau qui indique clairement où on s'en va, ils ont compris. »

À Vancouver, les Allemands se sont qualifiés pour la finale B du relais masculin. Dans leur demi-finale, ils ont réussi à chauffer les Chinois jusqu'à cinq tours de la fin. « Éric est un grand motivateur, souligne Tyson Heung, membre de l'équipe allemande. Il nous a fait travailler très fort. Je suis dans la meilleure forme de ma vie, dit le patineur de 30 ans. Il a fait beaucoup pour l'équipe, pour moi », a mentionné l'athlète originaire de Brampton, en Ontario. « Il a tellement d'expérience. Il sait comment gagner et ç'a été un facteur important pour l'équipe allemande », ajoute Heung qui prendra sa retraite après les Jeux et il reviendra s'installer à Montréal où il a grandi.

Est-ce que Bédard fera un retour également? « Ha, c'est la question à 100 piastres! » rétorque le principal intéressé, mais les négociations sont déjà entamées entre Bédard et la fédération allemande de patinage de vitesse. « Je cherche à savoir si on me donnera les outils pour gagner, si la fédé veut me donner l'enveloppe budgétaire pour aller chercher la coche de plus pour Sotchi. »

La vie allemande de Bédard

« J'aime beaucoup Dresde. La ville est superbe et je peux aussi visiter plusieurs autres villes. Je suis allé à Prague, c'était magnifique. » L'entraîneur de Sainte-Thècle s'adapte au rythme de vie européen. « Les dimanches sont comme nos dimanches d'antan quand tout était fermé. Pas de boulangerie, pas d'épicerie. On prend les vélos et on se promène. J'essaie d'en profiter au maximum. »

Et pour en profiter davantage, Éric voudrait bien que sa copine vienne le rejoindre. « J'aimerais qu'on passe 90 % de notre temps ensemble, dans la même ville. » Mélanie Olivier est la nutritionniste de l'équipe canadienne. « On ne s'est pas beaucoup vu la dernière année et elle est prête à venir à Dresde. »

Éric Bédard, Allemand, pour quatre autres années ? « Peut-être », répond-il, en écoutant d'une oreille le match de hockey sur CKAC, le match opposant le Canada... à l'Allemagne!