L'URSS avait étudié en secret les effets des anabolisants
Amateurs jeudi, 5 déc. 2002. 13:25 mercredi, 11 déc. 2024. 17:35
BERLIN (AFP) - L'Union soviétique a effectué au début des années 70 dans le plus grand secret une large étude mesurant les effets de l'usage des anabolisants sur des athlètes, ouvrant la voie à un sytème de dopage d'Etat similaire à celui de l'ex-RDA, rapporte le Journal allemand de médecine sportive dans son dernier numéro.
L'article de cette revue mensuelle décrit par le menu le contenu d'une étude secrète de 39 pages menée par l'Institut de culture physique de Moscou et adressée en juillet 1972 à quelque 150 responsables scientifiques et sportifs tenus à la plus stricte confidentialité.
Selon le professeur américain d'origine géorgienne Michael Kalinski, enseignant en médecine sportive à l'Université Ken State (Ohio) et auteur principal de l'article, "l'importance de ce document encore jamais présenté en Occident réside dans le fait que, pour la première fois, preuve est faite que l'Etat a organisé et dirigé l'usage de stéroïdes dans le sport".
Le Pr Kalinski était l'un des 150 responsables destinataires de cette étude. Il était à l'époque titulaire d'une chaire de biochimie sportive à Kiev et ne s'est décidé à le rendre publique qu'en 2000, "une fois que j'avais acquis un statut sûr: la citoyenneté américaine".
Stéroïdes et performances sportives
Le document, affirme-t-il, "donne un exemple d'une recherche soutenue par l'Etat, sur les bases de laquelle des recommandations ont été données à différentes institutions et ayant probablement constitué le point de départ d'une rapide diffusion et d'une utilisation de stéroïdes anabolisants parmi les athlètes de l'ex-URSS".
Jusqu'à présent, il n'y avait aucune évidence claire permettant de prouver l'existence en URSS d'activités similaires à celles de l'ex-RDA, "où avait été mis en place un programme secret de dopage d'Etat".
Baptisé "Stéroïdes anabolisants et et performances sportives", l'étude présente les résultats d'expériences d'administration d'anabolisants sur différents groupes d'athlètes en 1971 et 1972 (biathlètes, rameurs, haltérophiles, lanceurs de javelot). Il recommande aussi des dosages.
Tableaux à l'appui, on y répertorie par exemple l'augmentation du poids, de la taille de la cuisse et des biceps, ou la baisse de la masse graisseuse. Les responsables soviétiques constatent aussi que "les stéroïdes augmentent la sensation d'être fort, accroissent l'appétit, diffusent une ambiance positive et provoque le souhait de s'entraîner plus dur". Un lanceur de javelot effectue ainsi jusqu'à 150 lancers quotidiens, durant 15 jours...
"Dépendance"
Les auteurs de l'étude de l'époque avouent aussi que les sportifs, après administration de ces produits, ont de "sérieux problèmes", définis comme "dépendance". Un athlète est même décrit clairement comme "drogué dépendant", alors que d'autres sont qualifiés "d'esclaves aux anabolisants". Un tableau décrit d'ailleurs quelque-uns des effets négatifs: impotence, âge de puberté avancé, oedèmes, faiblesses ligamentaires en raison de la hausse de la masse musculaire...
Ce constat établi n'empêche pas les auteurs de "recommander", sur la foi des "données" de leurs expériences, l'usage d'anabolisants "qui améliorent les résultats sportifs".
"Les considérations éthiques paraissaient d'importance mineure et, selon nos informations, on ne demandait pas l'accord des athlètes", écrit le Pr Kalinski, qui affirme que "le gouvernement soviétique a soutenu des efforts scientifiques qui ne correspondaient pas visiblement au normes générales des expériences sur les hommes".
L'article de cette revue mensuelle décrit par le menu le contenu d'une étude secrète de 39 pages menée par l'Institut de culture physique de Moscou et adressée en juillet 1972 à quelque 150 responsables scientifiques et sportifs tenus à la plus stricte confidentialité.
Selon le professeur américain d'origine géorgienne Michael Kalinski, enseignant en médecine sportive à l'Université Ken State (Ohio) et auteur principal de l'article, "l'importance de ce document encore jamais présenté en Occident réside dans le fait que, pour la première fois, preuve est faite que l'Etat a organisé et dirigé l'usage de stéroïdes dans le sport".
Le Pr Kalinski était l'un des 150 responsables destinataires de cette étude. Il était à l'époque titulaire d'une chaire de biochimie sportive à Kiev et ne s'est décidé à le rendre publique qu'en 2000, "une fois que j'avais acquis un statut sûr: la citoyenneté américaine".
Stéroïdes et performances sportives
Le document, affirme-t-il, "donne un exemple d'une recherche soutenue par l'Etat, sur les bases de laquelle des recommandations ont été données à différentes institutions et ayant probablement constitué le point de départ d'une rapide diffusion et d'une utilisation de stéroïdes anabolisants parmi les athlètes de l'ex-URSS".
Jusqu'à présent, il n'y avait aucune évidence claire permettant de prouver l'existence en URSS d'activités similaires à celles de l'ex-RDA, "où avait été mis en place un programme secret de dopage d'Etat".
Baptisé "Stéroïdes anabolisants et et performances sportives", l'étude présente les résultats d'expériences d'administration d'anabolisants sur différents groupes d'athlètes en 1971 et 1972 (biathlètes, rameurs, haltérophiles, lanceurs de javelot). Il recommande aussi des dosages.
Tableaux à l'appui, on y répertorie par exemple l'augmentation du poids, de la taille de la cuisse et des biceps, ou la baisse de la masse graisseuse. Les responsables soviétiques constatent aussi que "les stéroïdes augmentent la sensation d'être fort, accroissent l'appétit, diffusent une ambiance positive et provoque le souhait de s'entraîner plus dur". Un lanceur de javelot effectue ainsi jusqu'à 150 lancers quotidiens, durant 15 jours...
"Dépendance"
Les auteurs de l'étude de l'époque avouent aussi que les sportifs, après administration de ces produits, ont de "sérieux problèmes", définis comme "dépendance". Un athlète est même décrit clairement comme "drogué dépendant", alors que d'autres sont qualifiés "d'esclaves aux anabolisants". Un tableau décrit d'ailleurs quelque-uns des effets négatifs: impotence, âge de puberté avancé, oedèmes, faiblesses ligamentaires en raison de la hausse de la masse musculaire...
Ce constat établi n'empêche pas les auteurs de "recommander", sur la foi des "données" de leurs expériences, l'usage d'anabolisants "qui améliorent les résultats sportifs".
"Les considérations éthiques paraissaient d'importance mineure et, selon nos informations, on ne demandait pas l'accord des athlètes", écrit le Pr Kalinski, qui affirme que "le gouvernement soviétique a soutenu des efforts scientifiques qui ne correspondaient pas visiblement au normes générales des expériences sur les hommes".