Le Canadien Jean Philippe Le Guellec a bien choisi son moment pour réaliser la course de sa vie au sprint 10 km de biathlon au Parc olympique de Whistler.

Le Guellec, 61e à la même épreuve à Tu



Le Canadien Jean Philippe Le Guellec a bien choisi son moment pour réaliser la course de sa vie au sprint 10 km de biathlon au Parc olympique de Whistler.

Le Guellec, 61e à la même épreuve à Turin il y a quatre ans, a terminé au sixième rang, lui dont l'objectif était de connaître un top 10 à Vancouver parmi les 88 athlètes présents.

Le Québécois a été impeccable en piste en plus de toucher neuf de ses dix cibles.

La médaille d'or a été remportée par le Français Vincent Jay. "C'est un très grand jour dans ma vie, a dit le vainqueur, qui a causé la surprise. J'ai de la difficulté à le réaliser encore. J'ai été avantagé par la météo et par le dossard. J'ai su saisir ma chance."

L'argent a été l'affaire du Norvégien Emil Hegle Svendsen alors que le Croate Jakov Fak a hérité du bronze.

Le légendaire Ole Einar Bjoerndalen de la Norvège n'a pas été en mesure de s'imposer par une météo changeante avec un mélange de pluie et de neige. Bjoerndalen, 36 ans et qui a déjà gagné le sprint olympique deux fois, n'a pu faire mieux qu'une 17e place après avoir raté quatre cibles, lui qui détient neuf médailles olympiques en carrière.

"Ma course était mauvaise. Je fais plusieurs erreur au tir couché, une au tir debout. Il neigeait sur la piste, cela n'avançait pas, a dit Bjoerndalen. Mais j'étais vraiment trop mauvais au tir, c'est pour cela que je n'ai pas brillé aujourd'hui. Rien n'est impossible, mais je suis vraiment trop loin du podium désormais (pour la poursuite mardi)".

Interrogé après sa prestation, Le Guellec était ému et sans mot pour parler de son premier top 10 en carrière.

« Je voulais rester concentré toute la course, a dit Le Guellec. J'ai été presque parfait aux tirs. Après avoir réussi mes cinq cibles en position couchée, je sentais l'énergie de la foule. Puis debout, j'ai raté la troisième cible parce que j'ai tiré trop tôt. »

"Je voulais skier fort et être rapide," a Le Guellec, qui s'est retrouvé à seulement 35 secondes de la troisième place obtenue par le Croate Jakov Fak.

Il s'agit du meilleur résultat canadien de l'histoire au sprint olympique. Steve Cyr avait établi la précédente marque avec une huitième place lors des Jeux d'Albertville en 1992.

Cette performance, la meilleure pour un Canadien depuis la neuvième place de Steve Cyr aux Jeux d'Albertville en 1992, ne semble être qu'un début pour le jeune biathlète, qui avait montré tout son potentiel il y a quelques années aux championnats mondiaux juniors.

Il se retrouvera en belle position mardi dans la poursuite de 12,5 kilomètres.

"J'aime la poursuite parce que c'est le 'fun', a-t-il dit. On est côte à côte au tir, on se bagarre. C'est du sport. Mais mes objectifs demeureront les mêmes. Je veux skier rapidement, me concentrer sur ma course en espérant obtenir encore de meilleurs résultats. Aujourd'hui, je me suis concentré tout au long de la course sur ma technique.

"Je sais que mes parents étaient là, tout comme mon épouse, mais j'étais tellement concentré au départ que je n'ai rien entendu. Je n'avais pas vraiment d'émotions particulières.

"A la fin, je commençais à ressentir les effets de l'acide lactique et c'est excatement ce que je voulais. Nous avons travaillé très fort pour arriver jusqu'ici et je sentais en fin de course que j'avais tout donné ce que je pouvais. Nous avons connu des hauts et des bas au cours de l'hiver parce que tout l'entraînement avait pour but de me permettre d'être en grande forme en arrivant ici.

"Là je me retrouve en excellente position pour la poursuite où tout peut arriver. La boucle de 2,5 kilomètres utilisée pour la poursuite est très rapide et il faudra se concentrer encore plus."

Son entraîneur Jean Paquet n'est pas l'homme des grands discours. Il est plutôt du genre réservé. Mais là, il ne pouvait cacher sa joie.

"Nous espérions qu'il puisse faire un top 10. Cette sixième place, c'est exceptionnel", a dit Paquet.

"Nous savions que J.P. allait avoir beaucoup de pression sur les épaules en arrivant ici. Mais la pression, il s'en nourrit. Quand je l'ai vu abattre les cinq cibles au premier pas de tir tout en ayant conservé un excellent temps, je savais qu'il allait connaître une bonne course. Avant cette cible ratée au deuxième tir, je savais qu'un podium était possible, je pensais même qu'il était très près du podium. Là il est en super belle position pour la poursuite."

Vincent Jay cause la surprise

A l'issue des 10 km du parcours, Jay, 24 ans, a surpris tous les autres concurrents.

Il s'agit de la deuxième médaille française des Jeux, après le bronze de Marie Dorin samedi, déjà dans le sprint du biathlon.

Grâce à un tir parfait, 5/5 au tir couché comme au tir debout, Jay a devancé de 12 sec 2/10 Svendsen, grand favori de la course et auteur d'une faute au tir, et de 14 secondes Fak, surprenant troisième avec un sans-faute au tir.

Parti avec le dossard No 6, Jay a bénéficié d'un temps relativement clément, en se retrouvant sous la neige seulement en fin de parcours. A partir du dossard No 26, soit le moment où les principaux favoris s'élançaient, la course s'est déroulée dans des conditions difficiles de pluie, de neige et de vent.

Ce militaire savoyard comptait jusqu'à présent une seule victoire en Coupe du monde, obtenue l'an passé en individuel sur... cette même piste de Whistler.

A Turin en 2006, les Bleus avaient remporté deux titres, avec Vincent Defrasne, en poursuite, et Florence Baverel, en sprint.

La prochaine épreuve du biathlon est la poursuite (10 km) mardi. L'ordre et le départ de cette épreuve sont déterminés par les résultats du sprint. Jay s'élancera donc en tête, devant Svendsen, 13 secondes derrière, et Fak.

"C'est fait. Disons qu'il a su saisir sa chance. Inattendu? Oui et non. Il a gagné l'an dernier les préolympiques ici, c'est un endroit qui lui convient. Bien entendu, les conditions ont joué en sa faveur. Mais encore fallait-il faire le plein au tir," a déclaré l'entraîneur de l'équipe française Stéphane Bouthiau.

Avec la participation de l'AFP et de la Presse Canadienne.