ROME - La Fédération italienne de natation (Federnuoto) a dû se rendre à l'évidence mardi: la volonté de la Française Laure Manaudou était trop forte et c'est avec une certaine retenue, mais non sans fierté, que l'Italie s'apprête désormais à accueillir la meilleure nageuse du monde.

Depuis que Manaudou avait fait part de son intention de venir s'entraîner au club privé LaPresse à Turin, la Federnuoto a constamment demandé à la nageuse de laisser mûrir sa réflexion.

"On ne doit pas prendre des décisions qui, sous le coup de l'impétuosité juvénile, peuvent se révéler irréfléchies", avait ainsi assuré le président Paolo Barelli la semaine passée. "Pour elle, pour son avenir, pour ses succès à venir, la Federnuoto préfère qu'elle ne vienne pas s'entraîner en Italie", déclarait son porte-parole lundi à l'AFP.

Mais après une rencontre mardi matin à Rome entre Paolo Barelli et son homologue français, Francis Luyce, la Federnuoto s'est rendue à l'évidence: Manaudou ne changera pas d'idée et c'est désormais en Italie qu'elle va préparer les Jeux olympiques de Pékin.

"Même si nous lui avons conseillé à plusieurs reprises de bien réfléchir à un choix qui va la conduire à abandonner un chemin qui lui a permis de gagner beaucoup de titres, si Laure Manaudou est convaincue de vouloir venir s'entraîner en Italie, nous l'accueillons", a expliqué Paolo Barelli, signe que l'enthousiasme demeure mesuré.

Aucune marge de manoeuvre

De toute façon, la Fédération italienne ne disposait pratiquement d'aucune marge de manoeuvre si elle avait voulu s'opposer plus fermement à l'arrivée de la Française.

"LaPresse Nuoto" est en effet une structure privée. Et il n'a de surcroît jamais été question que la championne olympique du 400 m nage libre aille s'entraîner au centre technique fédéral de Vérone (nord-est) sous la conduite des entraîneurs fédéraux qui s'occupent notamment de Federica Pellegrini, une des plus sérieuses rivales de Manaudou.

Il existe d'ailleurs un précédent en Italie, puisque l'Autrichien Markus Rogan, médaillé d'argent aux JO d'Athènes, s'entraîne dans un club privé de la capitale, la "Larus Roma".

Au mieux la Federnuoto pouvait-elle tenter d'exercer des pressions sur LaPresse. Mais on peut douter de leur efficacité au regard du formidable regain de notoriété qu'apporte une championne du calibre de Manaudou, vedette des bassins ainsi bien que des journaux "people" du fait de sa relation avec le nageur italien Luca Marin, autre pensionnaire de LaPresse.

Aussi la Federnuoto - également rassurée mardi par le fait que la Fédération française ne lui tienne pas rigueur du départ de la star -, préfère-t-elle désormais s'enorgueillir que Manaudou ait choisi de donner une nouvelle orientation à sa carrière en Italie. Un pays qui a récolté cinq médailles (en natation course) aux Championnats du monde, en mars à Melbourne.

"Son choix confirme que la natation italienne est de grande qualité et composée de beaucoup de clubs de haut niveau (...). A Turin, LaPresse est un des ses clubs qui peut la protéger et la soutenir", a souligné Paolo Barelli.

Quant à la principale intéressée, qui devait s'entretenir avec le président de la FFN mardi après-midi à Turin, elle doit officiellement annoncer son engagement avec LaPresse jeudi en fin de matinée.