La force de Chloé Dufour-Lapointe
Amateurs jeudi, 28 janv. 2010. 10:15 jeudi, 12 déc. 2024. 21:52MONTRÉAL - La lutte a été serrée et seulement trois bosseuses ont été retenues au sein de l'équipe olympique canadienne. Du nombre, on retrouve la championne olympique au palmarès impressi
MONTRÉAL - La lutte a été serrée et seulement trois bosseuses ont été retenues au sein de l'équipe olympique canadienne. Du nombre, on retrouve la championne olympique au palmarès impressionnant, Jennifer Heil; Kristi Richards, championne du monde en 2007 et septième à Turin; et la nouvelle venue, la Montréalaise Chloé Dufour-Lapointe, âgée de 18 ans seulement.
Le stressant processus de qualification
L'obtention du billet olympique n'a pas été de tout repos pour Chloé Dufour-Lapointe. Ce n'est qu'après la présentation de la Coupe du monde de Lake Placid que sa fédération a pu officialiser la liste des noms qu'elle a soumis au Comité olympique canadien. Même si c'est cette dernière épreuve qui a scellé le sort des athlètes, l'athlète avait le cÅur plutôt léger avant la compétition présentée dans l'état de New York.
« C'est à Deer Valley (l'avant-dernière épreuve de sélection) où j'étais le plus stressée », raconte celle qui avait été déstabilisée par une contre-performance à l'étape de Calgary, une semaine plus tôt.
« C'est là que j'ai réalisé qu'il ne me restait que trois courses. J'ai eu beaucoup de difficulté à me contrôler et les papillons ont pris le dessus. Finalement, j'ai tiré beaucoup de leçons et d'expérience et quand je suis arrivée à Lake Placid, j'avais la tête reposée. Je me suis dit que je voulais m'amuser, skier avec le sourire et donner tout ce que je pouvais. Les deux premières journées d'entraînement ont été difficiles, mais le jeudi (la journée de la course), j'étais sereine et relaxe. Je me suis laissé aller et une fois rendue en bas, je ne me souvenais plus de ce que j'avais fait. »
Ce n'est pas le talent qui manque en ski acrobatique au Canada, alors comment la cadette de l'équipe est elle arrivée à se démarquer de ses adversaires qui étaient beaucoup plus expérimentées qu'elle à l'échelle internationale?
« J'ai travaillé tellement fort cette année et je me suis donné à chaque entraînement. Toutes les autres filles aussi ont travaillé fort, mais à notre niveau, c'est dans la tête que ça se joue », ajoute la médaillée de bronze à la Coupe du monde de La Plagne, en mars dernier.
Une progression à vitesse grand V
Rares sont les athlètes qui ont connu une progression aussi rapide que Chloé Dufour-Lapointe. Dans un froid sibérien de février 2007, elle dévalait les pentes du mont Sima de Whitehorse pour remporter deux médailles d'or aux Jeux du Canada. Près de trois ans plus tard, elle sera aux Jeux olympiques... et la météo devrait assurément être plus clémente.
« J'ai toujours été la plus jeune, que ce soit dans l'équipe du Québec ou l'équipe nationale, alors c'est comme un peu normal pour moi. Le fait d'être jeune m'a donné moins de pression, car je n'ai rien à perdre et tout à gagner », explique celle qui en est à sa troisième saison en Coupe du monde et qui avait été sacrée recrue du circuit en 2008.
« En vieillissant, on a plus de craintes que lorsque l'on est plus jeune, où l'on voit moins le danger. Il y a aussi ma perception des choses qui est différente, comme à chaque année d'ailleurs. La première année, je devais m'habituer à côtoyer ceux et celles qui étaient mes idoles quand j'étais plus jeune, alors que l'an dernier, je voulais bien me voir en Coupe du monde. »
Avant d'atteindre les hautes sphères de son sport, c'est surtout aux Championnats du monde juniors 2007 qu'elle a découvert qu'elle avait le talent pour faire sa marque lorsqu'elle a mérité des médailles d'or (épreuve en parallèle) et de bronze (épreuve en solo).
« Mes résultats m'ont confirmé que j'avais le potentiel. Mon entraîneur (ndlr : Jean-Paul Richard, qui était alors à la tête de l'équipe du Québec) et moi étions seuls là-bas et nous découvrions un nouveau monde. C'était totalement spécial! »
Richard vivra lui aussi ses premiers Jeux olympiques à Vancouver alors qu'il sera à la barre de l'équipe nationale suédoise qui ne cesse d'accumuler les bons résultats depuis le début de la saison.
Un clan tissé serré
Les deux sÅurs de la nouvelle Olympienne font également du ski acrobatique : Maxime, l'aînée, est membre de l'équipe canadienne de développement, tandis que Justine, la cadette, fait partie de l'équipe du Québec. Maxime a elle aussi tenté d'obtenir son billet pour Vancouver, mais elle devra attendre quatre années supplémentaires avant de participer à ses premiers Jeux. Elle sera toutefois présente dans la métropole britanno-colombienne à titre d'ouvreuse de piste.
Cette lutte fratricide pour une place dans l'équipe olympique n'a pas laissé de séquelle selon Chloé Dufour-Lapointe.
« Ça me fait de la peine, car nous nous entraînons fort toutes les deux. Il n'y a pas beaucoup de gens qui vont aux Jeux et je suis déçue pour elle, mais en même temps, de mon côté, je dois me préparer pour les Jeux. Il n'y a pas de froid ou de problème entre nous deux et chacune vit ses émotions à sa façon. Je voyais bien dans son visage qu'elle était déçue (de ne pas avoir été sélectionnée), car elle aussi elle avait le même rêve que moi. »
Chose certaine, ses parents, ses deux sÅurs et d'autres membres de sa famille seront au pied de la piste de Cypress Mountain pour l'encourager.
« Mes parents sont mes premiers fans et ils ont cru en moi dès le début. Ce sont eux qui m'ont amenée à des compétitions régionales et qui se gelaient les fesses en bas de la pente. Disons qu'ils ont été stressés, surtout à la dernière Coupe du monde, car c'était la dernière chance pour nous qualifier. »
Décidément, le processus de qualification olympique aura été stressant pour toute la famille.