On a beaucoup fait état du départ à la retraite du légendaire Usain Bolt. Même si les dernières performances de la légende ne furent pas aussi glorieuses que ce que tous les amateurs auraient souhaité, sa présence au Championnat du monde de Londres a tout de même retenu l'attention des médias du monde entier.

L'omniprésence médiatique de Bolt fut une bonne chose pour l'athlétisme. En attirant autant l'attention sur cette discipline, il a permis à bien des gens de découvrir ces merveilleux athlètes. Les commanditaires ont suivi et tout cela a permis à nombre d'entre eux de toucher des bourses substantielles pour des victoires ou de simples présences à des compétitions. 

Le départ de Bolt a porté ombrage à un autre très grand champion qui a également tiré sa révérence lors des plus récents Mondiaux d'athlétisme. Enfin, presque! Le Britannique Mo Farah avait annoncé qu'il s'agissait de sa dernière présence à cette réunion internationale puisqu'il entendait se consacrer aux épreuves sur route au cours des prochaines années, plus spécifiquement au marathon. On ne le verra donc plus courir dans les stades. 

Farah, qui demande maintenant à ce qu'on l'appelle de son nom complet, Mohamed, est bien connu des amateurs d'athlétisme. Mais il est loin d'avoir la popularité et l'aura de Bolt. Pourtant, ses accomplissements sont remarquables et peuvent facilement être comparés à ceux du sprinter. 

Mo Farah

Habitué à la victoire 

Il est né à Modgadiscio, en Somalie et a quitté son pays natal à l'âge de huit ans pour s'installer en Grande-Bretagne. Au cours des dernières années, il fut indubitablement le plus grand spécialiste des courses de demi-fond de la planète. 

Il est le double champion olympique aux 5000 et 10 000 mètres. Un fait d'armes extrêmement rare qui n'avait été réalisé qu'une seule autre fois dans toute l'histoire. Et pas par n'importe qui puisqu'il s'agissait du Finlandais Lasse Viren lors des Jeux olympiques de Munich en 1972 et de Montréal en 1976. 

Farah est également détenteur de six titres mondiaux, un exploit que Viren n'a pas réussi. En tout, de 2011 à 2017, le coureur de 34 ans a remporté rien de moins que 12 médailles aux Jeux olympiques ou aux Championnats du monde. Qui dit mieux sur des distances aussi relevées et disputées? 

Si Usain Bolt n'est pas parvenu à tirer sa révérence en remportant ses dernières courses lors des Mondiaux de Londres, on peut en dire autant pour Farah qui, après avoir gagné l'or au 10 000 mètres, a dû se contenter de l'argent au 5 000 mètres. Il s'est cependant repris, quelques jours plus tard, lors de sa dernière compétition officielle en remportant à l'arraché le 5 000 mètres de la finale de la Ligue de diamant, à Zurich en Suisse. Son chrono de 13:06,05 lui permettait de devancer par quatre petits centièmes l'Éthiopien Muktar Edris, le coureur qui avait eu l'affront de le devancer sur la même distance à Londres. 

La bonne nouvelle pour les amateurs d'athlétisme c'est que Farah ne part pas vraiment à la retraite. Il la poursuivra sur route pour tenter d'ajouter d'autres exploits à son palmarès. Ils auront donc encore l'occasion de le voir à l'œuvre, mais dans un contexte totalement différent. En carrière, le coureur d'origine somalienne n'a participé qu'à un seul marathon. C'était en 2014 à Londres où il avait terminé huitième en 2 heures, 8 minutes et 21 secondes. Pas mal comme chrono, mais à bonne distance (plus de cinq minutes) des meilleurs de la planète. 

Haile GebrselassieIl est fréquent de voir des coureurs de demi-fond d'un certain âge réorienter leur carrière vers des distances sur routes plus longues. On a qu'à penser aux deux légendes éthiopiennes, Haile Gebrselassie et Kenenisa Bekele, qui, après avoir tout gagné, ont réussi avec brio leur passage au marathon. 

Bolt et Farah absents de la piste des stades, qui seront les prochaines stars de l'athlétisme mondial? De toujours, il y a eu des athlètes prêts à prendre le témoin pour assurer une succession. Le Canada pourrait bien en fournir quelques-uns. Andre DeGrasse et Melissa Bishop sont les deux principaux candidats. 

Ce sera intéressant de suivre Farah au cours des deux prochaines années. Il a déjà déclaré qu'il aurait besoin d'un peu de temps pour s'acclimater aux longues distances et que les amateurs ne devaient pas s'attendre à des miracles immédiats. Mais lorsqu'on a gagné partout où on est passé, il est normal que les attentes soient élevées. 

Il se serait déjà fait offrir beaucoup d'argent par les organisateurs du Marathon de Londres pour confirmer sa participation en 2018 et 2019. Une chose est certaine, ses futurs adversaires fourbissent déjà leurs armes dans l'attente de son arrivée, désireux de ne pas se laisser damer le pion par ce nouveau venu. 

Farah peut s'attendre à être un homme ciblé. En coulisse, les accusations de dopage qui pèsent contre son entraîneur, l'Américain Alberto Salazar, circulent de plus en plus. Farah a beau accuser les médias de vouloir ternir sa légende, il n'en reste pas moinsqu'il devra vivre avec cette pression supplémentaire. Mais la pression, il connaît. Retenez bien ce nom, Mohamed Farah. Il pourrait bien chambouler l'ordre mondial au marathon. Ça s'annonce intéressant!