MONTRÉAL (Sportcom) - À 23 ans, Amélie Goulet-Nadon ne songeait pas à la retraite. Elle y a quand même été contrainte. « Je prends ma retraite pour essayer de me sentir mieux », a indiqué l'athlète montréalaise.

Rappelons les faits. À l'été 2004, alors qu'elle tente de corriger un détail qui ne lui plaît pas dans son coup de patin, Goulet-Nadon est victime d'un défaut de motricité provoqué par une perte d'un patron moteur. Le problème moteur, qui a dégénéré, a fait en sorte qu'Amélie ne pouvait même plus mettre un pied devant l'autre sur la glace. « J'ai perdu jusqu'à 80 % de mes capacités. J'ai réussi à revenir à 50 ou 60 %, mais ce n'est rien comparer à ce que c'était avant. Et le pire, c'est que la volonté n'a rien à voir là-dedans.

« C'est frustrant parce que ce n'était pas dans mon plan de vie (de prendre sa retraite maintenant.) Je suis cependant contente d'y faire face parce que ce n'est pas la dernière chose difficile qui m'arrivera. Oui, ça me brise le cœur, mais il ne faut pas voir ça comme la fin du monde. Je pensais prendre ma retraite à 27 ans, je le la prends plus tôt à 23 ans. Je ne peux pas continuer de m'acharner, si on s'acharne, on n'avance pas. »

Goulet-Nadon a connu sa meilleure saison en 2002-2003 alors qu'elle a fini au sommet du classement de la Coupe du monde aux 500, 1 000 et 1 500 mètres et deuxième au cumulatif. Aux Jeux olympiques de Salt Lake City, elle a aidé ses coéquipières à gagner la médaille de bronze au relais. Elle était considérée comme un des plus beaux espoirs féminins en prévision des Jeux de Turin, auxquels elle n'a pu prendre part.

« J'ai quand même un peu d'amertume en pensant à ce que j'aurais pu faire, mais il n'y a rien que je regrette. J'ai été récompensée par de beaux moments. J'ai vécu plein de belles expériences.

« Je ne considère pas cela comme un abandon. Je n'aurai jamais le regret de dire ho mon dieu, j'ai abandonné, parce que j'ai tellement essayé de choses, je me suis ouverte à tellement de choses pour régler ce problème-là. J'ai travaillé tellement fort au cours des deux dernières années à essayer de recoller les morceaux du casse-tête. Finalement, j'ai abouti à une place où je suis capable de vivre avec (la situation). »

Dès que le problème a été décelé, Amélie a reçu un appui inconditionnel de ses entraîneurs. « Tout le monde espérait me voir revenir, mais je n'ai jamais senti de pression de ces gens-là. Lorsque j'ai annoncé ma décision à Guy Thibault et Martin Gagné, ils m'ont dit que j'étais toujours bienvenue, que la porte serait toujours ouverte. Ç'a m'a beaucoup touchée. »

Diplômée en naturopathie, Amélie souhaite maintenant offrir des consultations dans des centres sportifs et un jour, elle aimerait avoir son propre centre de santé. Elle veut aussi enseigner aux gens la façon d'intégrer le sport dans leur mode de vie. « Je suis une athlète et j'en serai toujours une. J'ai seulement plus de liberté. Je peux faire n'importe quoi », se réjouit celle qui aimerait bien courir un marathon prochainement.

Elle ne s'éloigne pas du sport qu'elle côtoie depuis l'âge de 12 ans. Elle sera bénévole aux Championnats du monde par équipe qui seront présentés en fin de semaine, à Montréal. Elle sera aussi du Forum Équipe Québec qui se déroulera en avril, à Saint-Sauveur. « Je vais aller m'assumer en tant que retraité. » Et en tant que femme qui compte dans ses bagages une douloureuse expérience, mais qui a su tirer le meilleur de la situation.

Faits saillants de la carrière d'Amélie Goulet-Nadon
2001 - Championne du monde junior au 500 m
2002 - Médaillée de bronze (relais), Jeux olympiques de Salt Lake City
2003 - Première au classement de la Coupe du monde aux 500, 1 000 et 1 500 mètres
2003 - Deuxième au classement général de la Coupe du monde
2003 - Nommée athlète féminine de l'année - courte piste par Patinage de vitesse Canada
2004 - Perte d'un patron moteur
2006 - Retraite