Camille Leblanc-Bazinet a réalisé un exploit considérable dimanche, mais un qui est aussi quelque peu passé inaperçu chez elle. Pourtant, elle est l’une des figures les plus connues de son sport, elle qui n’est pas étrangère aux premières pages de magazines de sports et de conditionnement physique.

Dimanche, Leblanc-Bazinet est donc devenue la première Québécoise et première Canadienne à remporter les Jeux CrossFit, une compétition qui allie notamment endurance et force physique à travers des épreuves d’haltérophilie, de gymnastique et de cardio.

À en voir sa progression au fil des années (9e en 2010, 8e en 2011 et 6e en 2012), ce qui faisait d’elle la meilleure Canadienne de son sport dans les trois dernières années tant chez les hommes que chez les femmes, il semblait logique que la tendance se poursuive cette année même si la consécration demeurait malgré tout un rêve inespéré.

L'entrevue de la victoire!

« J’ai botté le derrière de tout le monde à mon gym! C’était très difficile et j’ai dû me donner corps et âme. Je me suis entraînée comme si je devais participer aux Crossfit Games à tous les jours. Et aujourd’hui, c’est arrivé! », s'est-elle réjouie après la confirmation de sa victoire.

L’un des grands défis que posent les Jeux CrossFit réside dans l’inconnu. Les filles s’entraînent jours après jours, souvent plus d’une fois par jour, et pendant de longues heures dans différents aspects, mais la compétition venue, elles apprennent seulement au fur et à mesure quelles seront précisément les épreuves qu’elles auront à accomplir. Il faut s’attendre à tout, et Leblanc-Bazinet était effectivement prête à toute éventualité.

Avant d’amorcer la dernière journée, la Québécoise comptait près de 100 points d’avance au sommet, un avantage considérable. Dans une édition principalement représentée par des Américaines au StubHub Center de Carson, en Californie, elle a ultimement devancé l’Islandaise et double championne (2011 et 2012) Annie Thorisdottir. La nouvelle championne n’est pas la seule à avoir bien représenté sa patrie puisque la Québécoise Michèle Letendre a pour sa part terminé au pied du podium.

De par sa petite stature, soulever de lourdes charges a souvent été le talon d’Achille de Leblanc-Bazinet et possiblement ce qui l’a confinée à des top-10 successifs, mais jamais de podium, depuis qu’elle participe à l’évènement. C’est d’ailleurs l’un des points sur lequel elle s’est le plus attardée dans les dernières années, tout comme l’endurance plus particulièrement cette saison.

« Cette année j’ai vraiment travaillé sur mon endurance, avait-t-elle expliqué avant la compétition. Chaque fois que je m’entraîne à la course ou à la nage, je suis doublement sérieuse car je sais que je dois m’améliorer là-dessus. »

Visiblement, le travail a porté fruits.

La motivation de Leblanc-Bazinet

Une affaire de famille

Une athlète dans une famille d’athlètes, Leblanc-Bazinet est une véritable mordue de sports, au point qu’elle semble avoir déjà tout essayé : soccer, volleyball, rugby, touch football, etc. La gymnastique a cependant été son grand amour pendant pas moins de 14 ans. Après avoir pris sa « retraite » de la gymnastique à 16 ans pour entraîner à son tour des filles plus jeunes, elle est partie à la recherche d’une nouvelle passion. Puis elle a attrapé la piqûre du crossfit.

 « J’adore ce sport, c’est comme un terrain de jeu pour adultes », analyse-t-elle.

Elle n’est pas la seule à entretenir une grande passion pour ce sport.

Sa mère est elle aussi une fervante d’activité physique et a déjà participé aux Jeux CrossFit dans la catégorie des 50 ans et plus. Elle s’est même classée 6e au monde. Son frères et sa sœur, qui possèdent un gym où leurs parents s'entraînent, s’adonnent quant à eux à des compétitions par équipe.

Aujourd’hui cependant, Leblanc-Bazinet n’aura que très peu de répit après avoir mis la main sur un titre de championne du monde et une bourse de 275 000 $ dimanche. Dès cette semaine, celle qui complète ses études en génie chimique à l’Université de Sherbrooke aura une série d’examens finaux qui l’attendent. Le dur retour à la réalité, quoi.