La tragédie de Boston
$content.firstChildCategorie mercredi, 9 juil. 2014. 21:05 jeudi, 18 avr. 2013. 15:35Mon avion venait tout juste de se poser que je savais qu’il s’était passé quelque chose. Car à peine après avoir ouvert mon téléphone portable, voilà qu’une soixantaine de messages s’affichaient sur l’écran. Pourtant, au départ d’Édimbourg (Écosse), quelques heures plus tôt, j’avais pris soin de regarder ma boite de courriels et de répondre aux deux ou trois messages qui s’y trouvaient.
Je me doutais bien qu’il ne s’agissait pas de messages de félicitations pour mon demi-marathon d’Édimbourgé dans des conditions climatiques très difficiles avec les participants de Team In Training Non, ceux-là, je les avais déjà reçus.
À mesure que je les lisais, j’entendais les autres passagers murmurer le mot Boston. Les courriels que je consultais étaient ceux d’amis, de proches et de téléspectateurs inquiets qui me demandaient si j’étais à Boston. Pour eux, me voir absent de l’animation du 5 à 7 et me sachant grand amateur de marathons rendait l’équation facile à faire.
C’est en consultant les messages Twitter que j’ai pleinement pris conscience de ce qui s’était passé à Boston. Pas croyable. Deux bombes! Des morts et des blessés! Tout cela à quelques mètres à peine du fil d’arrivée de la plus célèbre course de 42,2 kilomètres de la planète. Quelle tragédie. J’ai immédiatement pensé aux quatre représentants québécois de Team In Training qui étaient là. Le moment de l’explosion coïncidait avec l’heure d’arrivée de la masse des coureurs. Celle dont monsieur et madame tout le monde fait partie.
Le marathon de Boston est très spécial pour les Québécois. Ils étaient plus de 350 inscrits à l’édition 2013. Plusieurs s’y sont illustrés dans le passé. Le mythique Gérard Côté l’a fait à quatre reprises dans les années 40, Jacqueline Gareau l’a remporté en 1980 et André Viger l’a gagné trois fois en fauteuil roulant.
S’il est évidemment facile de condamner les gestes horribles posés par une ou plusieurs personnes pour arracher ou changer à jamais la vie de simples citoyens innocents, il est par contre beaucoup plus difficile d’imaginer les conséquences que ces évènements auront sur l’organisation des courses de cette ampleur.
Il est absolument impossible de sécuriser le parcours d’un marathon. Imaginez, la course se déroule sur un tracé en ville de 42,2 kilomètres! Contrairement à un match de hockey, de baseball, de football ou même à une course de Formule UN, on ne peut pas filtrer ou fouiller les sacs des spectateurs qui sont présents pour encourager les participants.
Je n’ai jamais pris part au marathon de Boston, mais j’ai cependant participé à d’autres épreuves majeures du circuit international où on retrouve encore plus de coureurs qu’à Boston (28 000). Je garde encore un souvenir clair du marathon de New York de 2008. Nous étions 42 000 coureurs et plus de 2 500 000 spectateurs étaient massés le long du parcours pour nous encourager. À Paris, en 2011, nous étions 38 000 coureurs et plus de deux millions de spectateurs étaient là également.
À New York, un détraqué dans la foule avait été arrêté car il s’était mis à courir après des participants avec un bâton pour les frapper. Ce qui avait marqué l’imaginaire, c’est que ce sont des passants qui avaient fini par l’immobiliser jusqu’à l’arrivée des policiers pourtant très nombreux tout au long du parcours.
La même chose s’était produite aux Jeux Olympiques d’Athènes en 2004 lorsqu’un fou, vêtu d’un kilt écossais, s’était attaqué au meneur de la course, le Brésilien Vanderlei De Lima, en le poussant dans les balustrades. Tout cela devant les caméras de télévision du monde entier. Encore là, ce sont des spectateurs qui étaient parvenus à immobiliser ce fou. Tout cela démontre qu’il est impossible de rendre parfaitement sécuritaire le parcours d’un marathon.
Ce que j’aime particulièrement du marathon, c’est sa proximité. C’est un évènement pur et qui se résume à sa plus simple expression. Un homme ou une femme qui court avec, pour les encourager, des spectateurs. Lorsque j’en suis, j’aime à regarder les milliers de visages qui sont là et que j’arrive à fixer une ou deux secondes sur mon passage. Souvent, mon nom est inscrit sur mon dossard et plusieurs le scande alors. Ces encouragements offerts par des gens qui ne me connaissent pas et que je ne rencontrerai jamais est vital. Il en est de même pour tous les coureurs.
Beaucoup de travail reste à faire de la part des autorités pour tenter de comprendre ce qui s’est passé à Boston. J’espère cependant que cela n’aura pas de conséquences fâcheuses sur l’organisation et le déroulement des centaines d’autres évènements du genre présentés dans le monde. Je pense entre autres à Montréal, Ottawa et Québec.
Le ou les responsables de cet acte odieux ne doivent surtout pas gagner en créant un climat de peur associé aux marathons. Ce n’est pas vrai que des centaines de milliers de coureurs vont se priver de leur sport préféré ou que des millions de spectateurs vont soudainement se sentir menacés de les encourager.
Le mieux à faire est encore de continuer à crier fort et à courir en mémoire des victimes et des blessés de cette tragédie.