De l'extérieur, les travaux semblent progresser à un bon rythme sur le futur site du controversé village olympique de 2010. À l'arrière-scène par contre, les choses ne sont pas aussi roses...



De l'extérieur, les travaux semblent progresser à un bon rythme sur le futur site du controversé village olympique de 2010. À l'arrière-scène par contre, les choses ne sont pas aussi roses...

Les négociations entre la ville de Vancouver et la société de promotion immobilière, Millennium Development Corp., ont été frustrantes et très difficiles jusqu'à présent. Les personnes concernées à l'hôtel de ville ont une stratégie en place pour régler cette situation, si nécessaire, a appris le Globe and Mail.

« Le meilleur scénario possible est encore aujourd'hui de trouver un compromis avec Millennium », explique le conseiller municipal Geoff Meggs. « Mais si la situation devient encore plus problématique, nous serons prêts à y faire face. »

« Nous sommes toujours engagés à compléter les travaux du village à temps pour le début des Jeux. Nous ne pouvons pas simplement croiser nos doigts et espérer que tout ira bien », a ajouté M. Meggs. « Les employés municipaux, avec l'aide d'experts venant de l'extérieur, ont tout fait pour nous protéger dans l'éventualité où nous devrions aller dans une autre direction. »

Une situation qui pourrait réellement survenir.

Voici ce qui se passe en ce moment :

Comme plusieurs peuvent se souvenir, la ville a dû prendre le contrôle du financement du projet lorsque le prêteur original, Fortress Investment Group of New York, a connu des difficultés financières et commençait à s'inquiéter au niveau des surplus des coûts.

Pour ces raisons, Fortress voulait se détacher du projet. C'est à ce moment que la ville a eu à négocier une importante ligne de crédit avec un consortium composé de plusieurs banques canadiennes pour racheter Fortress (cette dernière avait déjà avancé environ 350 millions $ à Millennium). Donc, en plus de cette somme, la ville de Vancouver devait se procurer assez d'argent pour le remboursement destiné à Millennium permettant de compléter les travaux.

Fortress imposait un taux d'intérêt de 9,5 % à Millenium. Les autorités municipales ont négocié un taux légèrement supérieur à 3 % avec les banques canadiennes pour sa ligne de crédit. De nombreux observateurs anticipaient que la ville négocierait une nouvelle entente à la baisse avec Millenium. Un taux plus inférieur à ce qu'exigeait Fortress. C'est à ce moment que les problèmes sont réapparus.

Ce n'est pas un secret que Millenium, comme plusieurs autres promoteurs immobiliers, connaissent présentement des difficultés financières. Les problèmes du village olympique ont débuté l'automne dernier lorsque Millenium n'a pu effectuer un paiement mensuel à Fortress. Cela a forcé la ville à s'impliquer et à accorder un prêt de 100 millions $ (qui ne fit pas l'unanimité) à la compagnie pour qu'elle puisse continuer à effectuer ses paiements.

Millenium a dû arrêter d'autres projets qui étaient déjà en cours afin de bâtir le village olympique. Ils avaient également des banques anxieuses et des créanciers qui les observaient de près. Parmi eux, B.C. Investment Management Corp, une société de caisse de retraite, lui avait consenti un prêt pour un projet à Vancouver Ouest qui sera complété très bientôt.

Il y a des inquiétudes à l'hôtel de ville à l'effet que BCIMC pourrait exiger un remboursement au sujet du prêt consenti. Si cela devait se produire, est-ce que Millenium aurait l'argent pour le rembourser? Plusieurs croient que non.

Présentement, la ville de Vancouver impose le même taux de 9,5 % qu'exigeait Fortress par le passé. Mais avant que la ville n'accepte de réduire ce chiffre, elle a demandé une chose : voir les livres de Millenium.

De son côté, Millenium exige une importante somme d'argent avant de continuer. Une source mentionne que ce montant avoisinerait les 7 millions $.

Cette requête aurait mis le feu aux poudres à l'hôtel de ville. Certains hauts dirigeants craignent que Millenium veuille autant d'argent dans le but garder certains de ses projets « vivants » et ses créanciers satisfaits.

La ville, avec raison, ne veut pas se plier à cette demande avant de s'être assurée que la compagnie est en bonne santé financière et qu'elle ne déclarera pas faillite d'ici le mois prochain. C'est pour cette raison qu'elle veut voir les livres. « Nous devons représenter et protéger les payeurs de taxes en fonction des arrangements liés aux prêts », déclare M. Meggs. « Désormais, nous sommes le prêteur et nous ne voulons pas ajouter d'autres risques aux citoyens si nous pouvons l'éviter. »

Le propriétaire de Millenium, Shahram Malek, a mentionné qu'il est confiant d'en arriver à une entente avec la ville de Vancouver et qu'il n'est pas contre l'idée de dévoiler les livres de son entreprise pour y parvenir. Il a également ajouté qu'il ne s'attend pas à recevoir de demande de remboursement de la part de ses créanciers.

Si, pour quelque raison, Millenium déclare faillite, cela n'affectera aucunement l'horaire établi pour l'aboutissement des travaux. La ville est dans l'obligation de remettre les clés du village olympique au Comité organisateur des Jeux de Vancouver, au plus tard en octobre.

Les travaux extérieurs sont pratiquement terminés alors que ceux à l'intérieur vont bon train. La ville possède son propre gérant de projet, Bruce Tidball, sur le site pour s'assurer que l'échéancier des Olympiques soit respecté.

La plus grande inquiétude est l'état des ententes en pré-vente d'une valeur de plus de 240 millions $. Plusieurs acheteurs ont déjà effectué des paiements sur des unités qui deviendront, après les Olympiques, de luxueux condominiums. Cependant, la majorité de ces acheteurs ont déposé leurs offres au sommet de la période de l'immobilier, qui a subi une baisse d'au moins 15 % depuis ce temps.

Si Millenium déclare faillite, ces engagements pourraient être annulés. De plus, une autre intrigue a été ajoutée à cette histoire : le promoteur immobilier a créé des dépendances pour presque chacune des unités vendues auparavant. En d'autres mots, les acheteurs ont été servis par des sous-traitants et non le promoteur même.

Nous risquons fort probablement d'entendre de nouvelles histoires au sujet de cette controverse qui fait les manchettes depuis l'automne dernier.