GENÈVE, Suisse - Le cycliste Chris Froome, triple vainqueur en Grande boucle, ne s'en fait pas au sujet de la fuite de ses informations médicales dans une cyber-attaque contre l'Agence mondiale antidopage (AMA), tard mercredi. Les soupçons se portent sur des pirates informatiques russes.

Ont ainsi été révélés les médicaments autorisés auxquels ont recours Froome et 24 autres athlètes anglais, américains et allemands, notamment.

« J'ai déjà parlé de mes exemptions thérapeutiques avec les médias, a dit Froome. Je n'ai pas de problème avec une fuite qui reflète ce que j'ai déjà déclaré. »

Les autres athlètes viennent de la République tchèque, du Danemark, de la Pologne, de la Roumanie et de la Russie.

Parmi les fuites, il y a les médicaments pour l'asthme utilisés par Bradley Wiggins, un autre gagnant du Tour de France, qui a de plus mérité cinq médailles d'or aux Jeux olympiques.

« Il n'y a rien de nouveau; sa condition est bien connue et le traitement est approuvé par British Cycling et l'UCI », peut-on lire dans un communiqué.

Les fuites révèlent des exemptions thérapeutiques permettant de prendre tel ou tel produit normalement banni, car il y a un besoin médical chez ces athlètes. Il n'est pas sous-entendu qu'ils ont enfreint des règlements.

Les substances en question sont souvent des anti-inflammatoires et des traitements pour l'asthme et les allergies.

« L'AMA est très consciente que cette attaque causera beaucoup de tourments et d'appréhensions, a mentionné le directeur général de l'organisation, Olivier Niggli. Nous regrettons que des réputations aient été ternies. Soyez assurés que nous recevons des informations et des conseils des plus hauts niveaux des forces de l'ordre et des agences de sécurité informatique, et que nous agissons en conséquence. »

Selon Niggli, il ne fait pas de doute que les cyber-attaques sont une forme de vengeance suite aux enquêtes indépendantes qui ont dévoilé du dopage à grande échelle financé par Moscou.

Les autorités russes ont toutefois rejeté de telles accusations.

« Comment pouvez-vous prouver que les pirates sont des Russes?, demande le ministre des Sports de la Russie, Vitaly Mutko. Tout est mis sur notre dos. C'est très à la mode en ce moment. »

Se nommant "Fancy Bears", le groupe a proclamé son allégeance à Anonymous, qui englobe de façon floue un certain nombre de pirates informatiques. Le groupe veut montrer  « comment se gagnent les médailles olympiques ».

« Nous allons continuer d'informer la planète sur le dopage dans le sport d'élite, a dit le groupe, jeudi. Restez à l'écoute pour de nouvelles fuites. »

Froome justifie sa dérogation par des problèmes d'asthme

Le cycliste britannique Chris Froome a expliqué jeudi avoir bénéficié d'une autorisation d'utiliser des produits interdits en raison de problèmes d'asthme, assurant n'avoir « aucun problème » à ce que cette information ait fuitée à la suite du piratage de l'AMA.

Mardi l'AMA avait annoncé avoir été piratée par ce même groupe qui avait publié les informations confidentielles de quatre athlètes américaines présentes aux JO de Rio.

Dans les deux cas, les données divulguées concernent des autorisations à usage thérapeutique (AUT), détenues par les sportifs concernés pour l'usage de certaines substances. Elles ne révèlent donc aucune infraction ni aucun contrôle antidopage positif puisque les sportifs en question ont une autorisation médicale pour utiliser des médicaments inscrits sur la liste des produits interdits.

« J'ai parlé très ouvertement de ces autorisations thérapeutiques aux médias et je n'ai aucun problème à ce que cette info ait fuitée », a expliqué Froome dans un communiqué.

« En neuf ans dans ma carrière professionnelle, j'ai demandé à deux reprises une autorisation thérapeutique pour des problèmes d'asthme, et la dernière fois c'était en 2014 », a-t-il ajouté.

Aux côtés de Froome, vainqueur de trois Tour de France (2013, 2015, 2016), quatre autres sportifs britanniques sont concernées par ces fuites, dont un autre cycliste, Bradley Wiggins, lauréat du Tour en 2012.

La Russie dénonce les accusations de l'AMA, mais prête à lutter contre les pirates

La Russie a dénoncé jeudi les accusations de l'Agence mondiale antidopage selon laquelle les récentes attaques de pirates informatiques la visant seraient « des représailles » pour les sanctions contre des sportifs russes, mais a assuré être prête à l'aider dans la lutte contre les pirates informatiques.

« On ne peut pas lier la lutte contre les cyberattaques au rétablissement des droits des sportifs », a déclaré à la presse la porte-parole de la diplomatie russe Maria Zakharova, en qualifiant de « déplacées » les accusations de l'AMA.

« Chaque jour qui passe, on comprend de moins en moins les principes d'action et de fonctionnement de l'AMA », a-t-elle affirmé, en appelant l'Agence à « élaborer des critères de ses activités clairs et précis pour tout le monde ».

L'AMA a demandé jeudi au gouvernement russe d'intervenir pour faire cesser les agissements d'un groupe de pirates informatiques après la nouvelle divulgation d'informations concernant 25 athlètes ayant participé aux Jeux olympiques de Rio cet été.

Selon le directeur général de l'AMA, Olivier Niggli, ces fuites de données piratées dans les ordinateurs de l'AMA constituent « des représailles » face aux mesures prises par l'Agence dans sa lutte contre le dopage en Russie. De lourdes sanctions avaient frappé ce pays puisque toute son équipe d'athlétisme, à l'exception de la sauteuse en longueur Darya Klishina, avait notamment été exclue des JO.

Pour sa part, le porte-parole du Kremlin, Dmitri Peskov, a assuré que la Russie était prête à aider dans la lutte contre les pirates informatiques si une demande officielle dans ce sens était remise aux Russes.

« S'il y a une demande d'aide et qu'elle nous est remise, bien sûr que nous le ferons », a indiqué M. Peskov à la presse.

« La Russie se prononce toujours pour la lutte contre le crime cybernétique et invite tous les Etats et toutes les organisations internationales à coopérer dans ce domaine. La position de la Russie est très connue », a-t-il rappelé.

Mercredi, le ministre russe des Sports Vitali Moutko avait assuré que son pays n'avait aucun lien avec les pirates informatiques du groupe Fancy Bears.