Et un événement de plus pour le Qatar! Le Conseil de la Fédération international d'athlétisme (IAAF) a décerné à Doha l'organisation des Mondiaux d'athlétisme 2019, mardi à Monaco, après l'avoir recalée une première fois il y a trois ans pour l'édition 2017.

La capitale du riche émirat gazier a encore repoussé les limites dans l'organisation d'événements sportifs planétaires après l'obtention de la Coupe du monde 2022.

La ville accueille déjà début décembre les Mondiaux de natation en petit bassin et en janvier prochain les Championnats du monde de handball messieurs.

Doha, première ville arabe à recevoir les Mondiaux d'athlétisme, a recueilli 12 voix au premier tour du vote des membres du conseil de l'IAAF, contre 9 pour Eugene (États-Unis) et 6 pour Barcelone, par conséquent éliminée. Au second tour, Doha a devancé Eugene 15 à 12.

Doha avait été battue par Londres il y a trois ans (16 à 9) pour l'obtention des Mondiaux 2017.

Vainqueur d'Eugene et de... Nike

Eugene (Oregon) présentait pourtant un argument de taille : jamais les États-Unis, première puissance athlétique, n'avaient organisé les Mondiaux, dont la première édition remonte à 1983 à Helsinki. Et le continent nord-américain une seule fois, à Edmonton (Canada) en 2001.

Lors du dernier oral, mardi matin devant le conseil de l'IAAF et son président Lamine Diack, « le temps pour les Mondiaux aux États-Unis est arrivé », a plaidé un responsable de la candidature d'Eugene. Mais même le support cette fois de l'équipementier Nike, dont le siège est dans l'Oregon, non plus que les appels de la championne californienne Allyson Felix, triple championne olympique à Londres (200 m, 4 x 100 m et 4 x 400 m), et du Marocain Hicham El Guerrouj, ex-icône du demi-fond, n'ont suffi à inverser la tendance.

Eugene, qui respire l'athlétisme, n'a pas surmonté surtout le handicap d'être une petite ville (quelque 160 000 habitants).

Barcelone, hôte des JO 1992, a joué en vain la carte de l'innovation technologique pour des « Mondiaux connectés ».

Dernière des trois candidates à passer devant le jury, Doha s'est autorisée pour son exposé plus que le temps autorisé. Mais le dossier dense et équilibré répondait aux éventuelles critiques. Ainsi sur les températures, qui ne seront pas supérieures pour la première semaine d'octobre - la date avancée par Doha - à celles en vigueur en août à Osaka (2007), Daegu (Corée du Sud/2011) et même à Moscou (2013), ont certifié les Qataris. Les marathons et probablement les compétitions de marche - toutes épreuves hors stade - seront programmées la nuit.

Trente millions en promotion

Et puis, Doha avait conservé pour la fin le témoignage de son prodige du saut en hauteur Mutaz Barshim, champion du monde en salle, un pur produit de l'athlétisme local qui a apporté de la passion dans l'exposé.

Certes Doha peut se prévaloir de l'organisation des Mondiaux en salle d'athlétisme 2010 et, depuis quelques années, de l'étape inaugurale, en mai, de la Ligue de diamant, le circuit majeur du premier sport olympique.

Mais pour un membre du conseil de l'IAAF, « c'est financièrement que Doha a gagné ». Selon une source, près de 37 millions de dollars ont été injectés pour la campagne de promotion de la candidature.

Un dirigeant de BeIN Sports est aussi venu rappeler l'engagement de la chaîne qatarie dans la promotion et le développement du premier sport olympique quand les grandes chaînes américaines s'en désintéressent, à l'exception des Jeux olympiques.

Alors que l'attribution de la Coupe du monde 2022 de soccer fait polémique autour de trois axes - les soupçons de corruption, la chaleur et les conditions de travail sur les chantiers -, ces préoccupations n'ont pas encore fait débat dans la grande famille de l'athlétisme.

« Le Qatar sera prêt à accueillir ce grand événement pour en faire un héritage mondial au profit de toutes les générations », a promis le secrétaire général du Comité olympique du Qatar (COQ), cheikh Saoud Ben Abdarrahman Al-Thani.

Les deux prochains Mondiaux d'athlétisme auront lieu à Pekin (22-30 août 2015) et Londres en 2017.