PARIS - Les procureurs français ont confirmé avoir élargi leur enquête sur la corruption en athlétisme pour y inclure l'attribution des Jeux olympiques d'été de 2016 et de 2020.

« À cette étape, il ne s'agit que de vérifications et nous ne pouvons pas présumer des conclusions de cette enquête », a déclaré Franck Charon, porte-parole du Parquet national financier (PNF), à l'Associated Press mercredi.

Les JO 2016 et 2020 ont été attribués à Rio de Janeiro, au Brésil, ainsi qu'à Tokyo, au Japon.

Après que le quotidien britannique The Guardian eut rapporté l'élargissement de l'enquête, le Comité international olympique (CIO) a déclaré n'avoir vu « aucune preuve » qui appuie ces allégations de corruption dans l'attribution de ces Jeux. Il a toutefois admis être en « contact étroit » avec les procureurs français qui ont enquêté sur la corruption, le blanchiment d'argent et le camouflage de cas de dopage au sein de la Fédération internationale d'athlétisme (IAAF).

En janvier, The Guardian a assuré avoir vu des courriels liant le fils de l'ex-président de l'IAAF, Lamine Diack, à des "colis" allégués devant être distribués à six membres du CIO pendant la période de mises en candidature en vue de l'octroi des Jeux d'été de 2016.

Ces courriels ont été envoyés par Papa Massata Diack à un homme d'affaires qatari en mai 2008, a indiqué le quotidien. La capitale du Qatar, Doha, était alors dans la course pour l'obtention des JO de 2016.

Dans ces courriels, Papa Massata Diack laissait entendre que six personnes - identifiées seulement par leurs initiales, qui correspondent à six membres du CIO de l'époque - ont exigé que leur « colis soit livré par le conseiller spécial de Monaco », a écrit the Guardian. Ce "conseiller spécial" serait Lamine Diack, qui était alors membre du CIO.

The Guardian ne sait pas si des "colis" ont été envoyés. Ce qui est certain, c'est qu'un mois après l'envoi de ces courriels, Doha n'a pas réussi à se qualifier parmi les finalistes à l'obtention des prochains Jeux d'été.

Charon n'a pas voulu commenter les articles de The Guardian, mais il a dit que les enquêteurs tentent de découvrir si "certaines personnes" qui ont déjà été accusées dans l'enquête portant sur l'IAAF n'auraient pas commis des infractions en lien avec le processus de candidature pour les Olympiques.

Papa Massata Diack a été banni par la commission d'éthiqe de l'IAAF en janvier pour des allégations de corruption et de camouflage de cas de dopage impliquant des athlètes de la Russie. Il a interjeté appel devant le Tribunal arbitral du sport (TAS). Il est recherché pour être interrogé par les autorités françaises et Interpol a émis un mandat d'arrêt à son endroit.

Son père, qui a dirigé l'IAAF pendant 16 ans jusqu'à sa démission en août dernier, est accusé par la justice française d'avoir empoché plus de 1 million d'euros (1,46 million $ CAN) en pots-de-vin pour camoufler des cas de dopage, la plupart impliquant des athlètes russes.

Lamine Diack a également été démis d'un poste de membre honoraire du CIO en novembre, au lendemain de la suspension que lui a imposée le comité exécutif du CIO. Il a également été membre en règle du CIO pendant 15 ans, jusqu'en 2014.

Des irrégularités impliquant Lamine Diack ont aussi été mentionnées dans le rapport de la comission de l'Agence mondiale antidopage au sujet de la corruption à l'IAAF. Une note de bas de page du rapport indique que Diack était prêt à vendre son vote pour les JO de 2020 en échange de commandites à hauteur de 5 millions $ US pour des événements de l'IAAF. Il aurait retiré son appui à Istanbul quand la Turquie a refusé de payer et appuyé Tokyo après que le Japon ait allongé cette somme.

En janvier, le CIO a demandé au panel de l'AMA les retranscriptions de son rapport.

Les organisateurs des Jeux de Tokyo ont déclaré que ces allégations "dépassent l'entendement", tandis que le Comité olympique turc a dit des demandes alléguées de Diack qu'elles ne sont pas la raison qui ont mené à la perte d'Istanbul.

Tokyo a battu Istanbul 60-36 au dernier tour du scrutin mené à Buenos Aires, en Argentine, en 2013.