EUGENE, États-Unis - Pour la première réunion d'envergure depuis les JO de Tokyo, le rendez-vous d'Eugene, comptant pour la Ligue de diamant, va frapper fort samedi avec le duel très attendu entre la reine jamaïcaine du sprint Elaine Thompson-Herah, triple championne olympique à Tokyo, et l'Américaine Sha'Carri Richardson, revancharde après sa suspension pour un contrôle positif au cannabis.

Thompson-Herah, sacrée à Tokyo championne olympique sur 100 m, 200 m et le 4x100 m, pourrait asseoir un peu plus sa domination sur la ligne droite, après avoir battu le record olympique (10.61), s'approchant du record du monde de la sulfureuse Florence Griffith-Joyner (10.49).

Le plateau du 100 m féminin sera relevé, avec la présence de six finalistes olympiques, dont le podium des JO de Tokyo, Thompson-Herah donc et ses compatriotes Shelly-Ann Fraser-Pryce et Shericka Jackson, ainsi que l'Ivoirienne Marie-Josée Ta Lou, la Suissesse Mujinga Kambundji et l'Américaine Teahna Daniels.

À un an des Mondiaux-2023 qui auront lieu sur cette même piste d'Eugene, Thompson-Herah, déjà parée d'or à Rio en 2016 sur 100 m et 200 m, aura pour principale menace Richardson, qu'elle n'a encore jamais affrontée.

De retour à la compétition après avoir été suspendue fin juin trente jours pour consommation de cannabis et privée de Jeux olympiques, l'Américaine de 21 ans a confié dans une interview diffusée vendredi par la chaîne NBC « être impatiente et ravie de recommencer à faire ce qu'(elle) aime faire ».

« Revenir, c'est une forme de remerciement, parce que j'ai fait une erreur, mais cela n'enlève rien à mon talent ou à ce que je suis », a également affirmé la sprinteuse qui avait raconté début juillet à NBC qu'elle avait consommé de la marijuana après avoir appris le décès de sa mère biologique.

« Je sais ce que j'ai fait. Je sais que je suis responsable. Et je suis ici pour prendre ce que je dois prendre après les choix que j'ai décidé de faire », a-t-elle déclaré lors de l'entretien de vendredi.

L'Américaine dit avoir vécu les JO devant sa télévision avec « amertume », mais la situation lui a aussi « donné plus de temps » estime-t-elle. « Pour montrer au monde entier que je suis là pour durer (...) Le fait de regarder (à la télé) m'a donné envie d'aller de l'avant et de grandir grâce à ça. »

Hassan pour le record du monde

Richardson était inconnue du grand public avant le mois d'avril et son chrono de 10.72 lors d'un meeting en Floride, qui l'a fait devenir la sixième femme la plus rapide de l'histoire.

« Elle sera concentrée sur le fait de réaliser la meilleure course possible, qu'importe ses concurrentes », a déclaré son agent Renaldo Nehemiah dans un entretien au Wall Street Journal.

Richardson, est également inscrite sur 200 m où elle affrontera son illustre compatriote Allyson Felix qui, à 35 ans, a porté à Tokyo sa collection de médailles olympique à onze.

Sur le 100 m messieurs l'absence du champion olympique italien Lamont Marcell Jacobs, qui a mis un terme à sa saison, l'Américain Fred Kerley, son dauphin à Tokyo et le Canadien Andre de Grasse, sacré sur 200 m, font office de favoris.

Parmi les autres épreuves au programme, à suivre la Néerlandaise Sifan Hassan, revenue de Tokyo avec deux médailles d'or (5 000 m, 10 000 m) et une de bronze (1 500 m), qui a annoncé sur ses réseaux sociaux qu'elle visait le record du monde du 5 000 m de l'Ethiopienne Letesenbet Gidey (14 min 06 sec 62/100e).

« Il y a longtemps, j'ai décidé de venir à Eugene pour m'attaquer au record du monde du 5 000 m, cela va être dur après toutes les courses de Tokyo », a-t-elle écrit. 

Sur 800 m, la championne olympique, l'Américaine de 19 ans Athing Mu, également sacrée sur le relais 4x400 m à Tokyo, retrouvera sa compatriote Raevyn Rogers et la Britannique Keely Hodgkinson.

Le Norvégien Jakob Ingebrigsten devra résister sur le 1 500 m au Kényan Timothy Cheruiyot, qu'il avait battu aux JO, tandis que l'Américain Ryan Crouser, double champion olympique en titre du lancer du poids, retrouvera le stade où il a battu en juin dernier le vieux record du monde de Randy Barnes (23,37 m).