L’histoire du lutteur Alex Moore a tout pour plaire. Après 15 mois sans prendre part à une compétition en raison d’une blessure, le Montréalais a vaincu son compatriote Clayton Pye pour obtenir sa place au tournoi de qualification olympique chez les moins de 86 kg, chose qui aurait été impossible sans la pandémie et le report des Jeux olympiques de Tokyo.

Moore ressentait des douleurs à un genou depuis déjà quelques semaines lorsqu’il a appris en décembre 2019 qu’il allait rater les essais canadiens, deux jours avant de s’y rendre. Une déchirure ligamentaire allait le forcer à passer sous le bistouri et à entreprendre une réadaptation d’environ un an, ruinant du même coup ses chances de lutter à Tokyo en 2020.

« J’étais vraiment déçu. Je m’entraînais et je pensais être prêt, mais mes entraîneurs et moi avons convenu qu’il était préférable que je me fasse opérer en février », a confié Alex Moore à Sportcom.

« Il fallait l’encourager et lui montrer que c’était la bonne décision à long terme et qu’il ne devait pas risquer que la blessure s’aggrave », a ajouté la directrice générale de la fédération de lutte olympique du Québec, Martine Dugrenier.

N’ayant accordé aucun point à ses adversaires à cinq Championnats nationaux de suite, Moore figurait parmi les grands favoris au pays. En dépit de l’ébranlante nouvelle, il s’est retroussé les manches et a commencé différents exercices pour renforcir son genou avant même l’opération.

Cette même rigueur l’a accompagné tout au long de sa réadaptation, ce qui lui a permis de retrouver ses forces plus rapidement que prévu. « J’y suis allé au jour le jour et j’avais toujours un point sur lequel je devais me concentrer. Tout était fermé en raison de la pandémie, ce qui représentait un gros défi sans entraînement régulier, mais je savais ce que j’avais à faire », a-t-il raconté.

Une fois les Jeux olympiques repoussés à l’été 2021, Alex Moore est allé en appel au Centre de règlement des différends sportifs du Canada (CRDSC) pour réintégrer le processus de qualification olympique. On lui a donné raison, puis il était enfin de retour dans la course après avoir fait une croix sur les Jeux de Tokyo, quelques mois auparavant.

« C’est une période terrible pour plusieurs personnes, mais pour ma part, j’ai été chanceux que les Jeux soient reportés. J’ai pu en tirer avantage et j’ai grandi en tant que personne. J’ai démontré que j’étais capable de me battre dans l’adversité. » - Alex Moore

Retrouver ses repères

Pour représenter le Canada au tournoi de qualification olympique qui sera présenté en mai, à Sofia, en Bulgarie, Alex Moore devait d’abord vaincre l’Ontarien Clayton Pye. Le combat s’est déroulé à huis clos samedi dernier, à Toronto.

Un peu plus stressé qu’à l’habitude en matinée, le Montréalais n’avait pas le droit à l’erreur et devait signer deux victoires de suite s’il voulait poursuivre sa route vers Tokyo. L’affrontement a toutefois mal débuté pour lui, qui s’est dit rouillé et qui tirait de l’arrière 4-0 après la première période.

« La façon que j’ai lutté au début, ce n’était même pas proche de ce que je faisais à l’entrainement. Ce n’était pas moi. J’ai fait des ajustements et je me suis vite repris en mains. »

Difficile de le contredire sur ce point. Il a effectué une remontée pour gagner 6-4, puis a complètement dominé le deuxième combat qui a duré moins de 50 secondes et qu’il a remporté au compte de 10-0.

Fierté

Le parcours inspirant d’Alex Moore a de quoi rendre fière Martine Dugrenier qui le côtoie depuis son tout jeune âge puisque son père, Rob Moore, est entraîneur à Montréal.

« Je me rappelle l’avoir vu dans sa poussette au Club ! » a-t-elle raconté. « De le voir lutter comme il l’a fait, réussir à se développer et à poursuivre sa carrière d’athlète, c’est vraiment génial ! À nos yeux, il est un des meilleurs athlètes canadiens et possède un énorme potentiel. »

Elle ajoute que la victoire de samedi représente un très bel accomplissement après tout ce qu’il a traversé, sans nécessairement être une surprise. Elle rappelle aussi que le lutteur de 23 ans a encore du pain sur la planche avant de pouvoir crier victoire et mériter sa place aux premiers Jeux olympiques de sa carrière.

« Je vais devoir arriver prêt dès le début la prochaine fois. Je dois commencer avec une haute intensité pour ne pas avoir à m’ajuster pendant la compétition. D’ici là, j’y vais un entraînement à la fois », a conclu Alex Moore.

Les deux meilleurs lutteurs de chaque catégorie au tournoi de qualification olympique assureront à leur pays une place aux Jeux de Tokyo.