Cette nouvelle, ou devrais-je plutôt dire cette rumeur, aurait dû avoir l’effet d’une petite bombe dans le monde de l’athlétisme. Pourtant, on en a très peu parlé.

Selon un article émanant du quotidien australien Sydney Morning Herald, le Comité international olympique (CIO) songerait à éliminer cinq épreuves des compétitions d’athlétisme aux Jeux olympiques. Ainsi, le 10 000 mètres, le 20 kilomètres marche, le 200 mètres, le lancer du poids et le triple saut passeraient au couperet dès les Jeux de 2020 pour faire de la place à de nouveaux sports.

Il peut paraitre surprenant de voir que le CIO songe à couper des disciplines qui sont spectaculaires et non jugées. En effet, contrairement à une longue liste de sports qui voient le classement des épreuves établi selon des notes attribuées par des juges (nage synchronisée, plongeon, gymnastique, etc.), l’athlétisme est la discipline qui se place à l’abri de toute interprétation. Le gagnant est celui ou celle qui court le plus vite, saute le plus loin ou le plus haut! Point à la ligne. Ne parlons pas du dopage puisque c’est un phénomène qui touche tous les sports sans exception.

Je n’ose croire que le CIO ira de l’avant avec ce projet. Pouvez-vous imaginer les Jeux olympiques sans le spectaculaire sprint de 200 mètres? Avec le 100 mètres, c’est un des spectacles qui attirent le plus l’attention des téléspectateurs du monde entier. Si le 200 mètres avait déjà été retiré de l’horaire à Londres, jamais nous n’aurions pu voir Usain Bolt démontrer son incroyable vitesse en survolant la compétition. Pour les chaines télévisées, le 200 mètres est un petit bijou puisqu’il est générateur d’immense cotes d’écoutes. Mais le CIO invoquera probablement que le 200 mètres n’est pas une nécessité, voire qu’il est superflu,  puisque les courses de 100 mètres et 400 mètres permettent déjà aux sprinters de s’exécuter. 

Usain Bolt n’aime pas tenir des propos controversés, mais il est sorti de sa réserve habituelle pour qualifier de ridicule cette idée du CIO. « Les compétitions d’athlétisme représentent les faits saillants de tous les Jeux Olympiques. Alors de penser à retirer des épreuves est stupide. Je ne crois pas que l’Association internationale des fédérations d’athlétisme (IAAF) devrait appuyer cette décision », a déclaré le sextuple champion olympique.

Mo FarahLe 10 000 mètres et le 20 kilomètres marche seraient les plus vulnérables semble-t-il. La marche n’est pas un grand vendeur et le bassin de participants sur la planète n’est pas aussi énorme que les autres disciplines d’athlétisme. Dans le cas du 10 000 mètres, le CIO avancera fort probablement qu’il s’agit d’une épreuve qui n’est, de toute façon, pas inscrite à l’horaire des compétitions d’athlétisme autres que les Jeux Olympiques et les Championnats du monde. Le 10 000 mètres serait plutôt remplacé par une course de 10 kilomètres sur route. De cette façon, des millions de coureurs dans le monde pourraient s’identifier à cette compétition. Mais lorsqu’on pense à la dernière finale du 10 000 mètres olympiques, à Londres, il serait tellement dommage de se voir priver d’un spectacle comme celui offert par le Britannique Mo Farah, victorieux devant les siens.

Le lancer du poids, qui est à l’horaire des Jeux olympiques depuis sa création, serait victime du peu d’intérêt des amateurs. Bien qu’il est vrai que nous sommes rarement au bout de notre siège pour suivre cette compétition, il s’agit, selon moi, d’un intouchable. J’ose espérer que les membres du CIO ne feront pas la même erreur que l’an dernier alors qu’ils avaient annoncé le retrait de la lutte. Cela avait entraîné une levée de bouclier des puristes du sport olympique et mené, en bout de ligne, à la réintégration de ce sport pratiqué depuis les Jeux de l’antiquité, en Grèce.

Reste le triple-saut. Étonnamment, des cinq épreuves que le CIO songe à retirer des Jeux Olympiques, elle serait la moins à risque. Un des préceptes importants des différentes disciplines, c’est qu’elles doivent être pratiquées par des athlètes de partout sur la planète. C’est le cas du triple-saut. Lors des récentes olympiades, des athlètes provenant de tous les continents y ont excellé. Cela a plu aux CIO.

Will ClayeSi les membres du Comité international olympique devaient aller de l’avant avec la suppression pure et simple de cinq épreuves d’athlétisme,  ce sont des disciplines comme le pentathlon et l’heptathlon qui gagneraient en importance puisque le lancer du poids et le 200 mètres en font partie. De cette façon, ces deux disciplines ne disparaîtraient pas complètement des Jeux olympiques. Pas certain cependant qu’un 200 mètres couru par des athlètes dont ce n’est pas la spécialité soit aussi attrayant qu’une grande finale avec Usain Bolt.

Reste maintenant à voir si cette rumeur n’est qu’un ballon d’essai de la part du CIO qui, dans une fuite planifiée, tâte ainsi la réaction du public. Devant le gigantisme des Jeux Olympiques, il est compréhensible que ses dirigeants veuillent diminuer le nombre de disciplines. Mais cela ne doit surtout pas se faire aux dépens de tous ces athlètes du passé qui ont travaillé si fort pour donner leurs lettres de noblesse à ces cinq épreuves. Je me garderai bien de vous dresser ma liste personnelle de ce que j’éliminerais des Jeux Olympiques pour en alléger l’horaire.

Mais, entre vous et moi, le pentathlon moderne, vous connaissez? Ce serait un début!