Lorsque Malindi Elmore s'est réinventée en marathonienne il y a un an, elle n'avait aucune idée que ça pourrait la ramener à la ligne de départ d'une compétition des Jeux olympiques.

Toutefois, à deux mois de son 40e anniversaire de naissance, et 16 ans après ses débuts olympiques, Elmore a pulvérisé le record canadien du marathon féminin, dimanche à Houston, et est pratiquement assurée de participer aux Jeux de 2020 à Tokyo.

« J'espère que ça va arriver, ce sera merveilleux, et tout simplement la réalisation d'une incroyable boucle dans ma vie, a déclaré Elmore. Je n'ai jamais pensé, à 24 ans, que je serais de retour à 40 ans au marathon, ça c'est certain. »

L'athlète originaire de Kelowna, en Colombie-Britannique, a franchi la distance en 2 heures 24 minutes 50 secondes, fracassant la marque de 2 h 26:56 qu'avait établie Rachel Cliff en mars de l'an dernier. Son chrono lui a valu le troisième rang.

L'histoire d'Elmore en est une de résistance, de réinvention et d'un amour retrouvé pour la pratique du sport. Jadis l'une des meilleures coureuses de demi-fond au Canada, elle a participé au 1500 mètres lors des Jeux olympiques d'Athènes en 2004, terminant un échelon derrière celui qui lui aurait donné une place en demi-finale. Elle ne s'est pas qualifiée pour les Jeux de 2008 ni pour ceux de 2012, la laissant désillusionnée et démoralisée.

« De revenir sur les hauts et les bas de ma carrière en athlétisme, c'est vraiment spécial de sentir que la porte ne s'est pas entièrement refermée, et que je me rembourse, en quelque sorte, pour beaucoup de travail acharné et tout le chagrin que j'ai vécu dans le passé avec l'athlétisme. Et maintenant, d'aimer ça de nouveau, c'est fantastique », a-t-elle affirmé dimanche.

Elmore a décidé d'orienter son tir vers les triathlons, et son chrono de 8 h 57:22 lors d'un Ironman en Arizona, en 2016, a été le quatrième plus rapide dans l'histoire du pays. Toutefois, après s'être lancée en affaires, en planification d'événements et à titre d'entraîneuse, et après être devenue la maman de deux garçons, âgés aujourd'hui d'un an et de cinq ans, elle trouvait que les triathlons exigeaient trop de temps.

Ainsi, aidée par son mari Graham Hood, double olympien en athlétisme, pour élaborer son programme d'entraînement, elle a fait ses débuts en marathon il y a un an, à Houston. Son chrono de 2 h 32:15 lui a laissé croire qu'il lui était possible de se qualifier en vue des Jeux olympiques.

Elmore a confié que ses récentes courses à l'entraînement pouvaient la mener vers un chrono de 2 h 24. Et une fois le départ donné dimanche, elle n'a jamais douté qu'elle connaîtrait une grande course.

« J'ai rapidement su que j'aurais une bonne journée, la sensation était bonne et ça fonctionnait. J'avais l'impression que je courais à un rythme que je pourrais conserver pour une longue, longue, longue période de temps, ce qui est une bonne chose pour un marathon », a-t-elle décrit.

Pendant que l'Éthiopienne Askale Merachi faisait cavalière seule en tête, Elmore bataillait au sein d'un groupe de quatre athlètes, avec environ cinq kilomètres à franchir. Avec la ligne d'arrivée à portée de vue, la Canadienne était en quatrième place.

« Avec 200 mètres à franchir, j'étais vraiment près de la deuxième et de la troisième place, j'étais quatrième et je me suis dit "Je vais le regretter si je ne donne pas une dernière poussée pour gagner un rang". J'ai donc puisé dans mes expériences au 1500 mètres, lors des 200 derniers mètres, et j'ai bien fini », a-t-elle décrit.

Merachi a remporté la course en 2 h 23:29 tandis que sa compatriote Biruktayit Degefa Eshetu méritait l'argent en 2 h 24:47.

Elmore ne sera pas officiellement nommée au sein de l'équipe olympique avant la fin des qualifications en mai (le niveau de performance requis est de 2 h 29:30), mais de présenter un temps deux minutes plus rapide que le reste de la compétition l'en assure presque.

Le marathon féminin des Jeux olympiques aura lieu le 8 août à Sapporo.