ROME - La nageuse française Laure Manaudou va "démontrer qu'elle peut gagner en s'entraînant autrement" en Italie, raconte-elle dans sa toute première interview à un journal italien, confiant qu'elle ne devait être "qu'une machine" pour son entraîneur français et qu'elle "pleurait souvent".

Pour cet entretien donné à Sport Week, le supplément week-end du quotidien de La Gazzette dello Sport, Laure Manaudou pose le visage discrètement maquillé et seulement vêtue d'un boxeur noir, et tient contre sa poitrine un foulard en satin bordé de fourrure.

"En mûrissant, j'ai appris beaucoup de choses et j'ai ouvert les yeux, même si je ne renie pas le passé", confie la nageuse, interrogée sur son ancien entraîneur français Philippe Lucas et sur le fait qu'elle avait affirmé être incapable de nager sans lui.

"Je ne devais être qu'une machine, alors que j'ai aussi un coeur et une tête. Je pleurais souvent et je n'arrivais pas à m'alimenter de façon régulière", raconte-elle, interrogée sur ses entraînements au Canet-en-Roussillon (sud de la France).

"Même s'il va entraîner une des mes rivales (la Roumaine Camelia Potec), je connais assez bien ses méthodes pour pouvoir contre-attaquer", résume-t-elle.

Tenter le 200 m papillon

En Italie, "je vais pouvoir démontrer que je peux gagner d'une autre façon, en m'entraînant autrement. Je suis habituée aux pressions: pendant des années, j'ai été l'unique Française à gagner", souligne Laure Manaudou.

La championne salue "la façon plus tranquille de vivre la natation" en Italie: "si je ne suis pas sereine, je ne peux pas donner le maximum".

Elle indique avoir dit à Marco Durante, le président de LaPresse, son nouveau club, qu'elle "espérait ne jamais perdre" et qu'elle "n'était pas habituée à perdre. Quinze mois (jusqu'aux jeux Olympiques) c'est peu pour tout changer, mais sans distractions je peux y arriver. Ils nous attendent tous au tournant" à Pékin, souligne-t-elle.

"En venant en Italie, j'ai démontré combien je l'aime", indique également la nageuse à propos de son fiancé, le nageur italien Luca Marin.

Parlant du papillon tatoué sur son épaule droite, son "signe de liberté", Laure Manaudou souligne qu'elle "veut tenter le 200 mètres dans cette spécialité".

En Italie, "les hommes sont plus galants, Luca m'a séduite de cette manière. J'ai conclu un pacte avec Luca: il a appris le français, maintenant c'est à mon tour" d'apprendre sa langue, confie-t-elle.

Triple championne du monde et championne olympique, Laure Manaudou, 20 ans, avait officialisé le 9 mai son départ pour l'Italie.

Le 29 mai, son club a annoncé qu'elle était forfait pour les trois prochaines compétitions inscrites à son programme, en raison d'une fracture à un doigt de pied.

Au meeting de Modène où elle devait faire sa rentrée ce week-end, il était notamment prévu qu'elle se teste sur 200 m dos, une épreuve dans laquelle son nouvel entraîneur Paolo Penso nourrit de grands espoirs pour elle.