L’année 2016 pourrait bien être celle de Melissa Bishop. La spécialiste canadienne du 800 mètres est sur une lancée incroyable qui pourrait déboucher sur un podium aux Jeux olympiques de Rio l’été prochain.

Au cours de la dernière année, elle a connu une amélioration constante de ses performances en piste. Le point culminant de cette évolution est survenu la semaine dernière lors de deux rencontres d’athlétisme en salle en Europe. Le 17 février, à la réunion d’Athlone en Irlande,  elle a d’abord battu par six millièmes de seconde le vieux record canadien du 800 mètres en salle (2003) de Diane Cummins avec un chrono de 2:00.60. Elle venait alors de courir une course parfaite en franchissant le fil d’arrivée près de deux secondes avant la Britannique Adelle Tracey.

À peine trois jours plus tard, la coureuse de 27 ans améliorait son propre record national en remportant le 800 mètres en salle de la réunion de Glasgow, en Écosse, en 2 :00 .19. Il s’agissait de la quatrième et ultime étape du Circuit mondial intérieur. Elle devançait la Britannique Laura Muir par 51 centièmes de seconde. Un véritable exploit avec aussi peu de temps de récupération entre deux compétitions internationales.

Celle qui s’entraîne à l’Université de Windsor, en Ontario, avait déjà lancé un message fort l’été dernier. D’abord en juillet, lors des Jeux panaméricains de Toronto, elle avait ravi la foule du stade de l’Université York en remportant la médaille d'or. Puis le 27 août, lors des Championnats du monde d’athlétisme à Pékin, elle s’était à nouveau illustrée.

Melissa BishopÀ l’intérieur d’un stade plein à craquer et motivée par les bons résultats d’autres membres de la formation canadienne, elle avait terminé à seulement neuf petits dixièmes de seconde de la Biélorusse Marina Arzamasova.  Une médaille d’argent exceptionnelle dans une des disciplines les plus chaudement disputées de l’athlétisme mondial. Au passage, Bishop réécrivait le livre des records canadiens au 800 mètres lors de sa vague de qualifications en demi-finale (1 :57.52).  Encore une fois, elle effaçait une marque vieille de 14 ans de Cummins (1 :58.39).

Pour vous donner une idée de l’exploit, seulement quatre femmes ont réussi  à courir un 800 mètres en moins de deux minutes dans toute l’histoire canadienne d’athlétisme! En vertu de ses victoires récentes en Europe, Bishop est donc la détentrice unique des records canadiens intérieur et extérieur au 800 mètres! Pour ceux qui seraient un peu moins familiers avec l’athlétisme, précisons que les compétitions en salles sont disputées sur une piste de 200 mètres alors que celles extérieures sont courues sur une piste de 400 mètres.

Un talent inné

La carrière de coureuse de Melissa Bishop a commencé à prendre forme à l’école secondaire. Elle a rapidement connu du succès lors de différentes compétitions de 200 mètres et 400 mètres en Ontario. Elle était déjà capable de terminer un 400 mètres en 56 secondes lorsqu’un de ses entraîneurs du club d’athlétisme des Lions d’Ottawa l’a convaincue d’essayer le 800 mètres.  Une décision qu’elle ne regrette certainement pas aujourd’hui.

Melissa BishopQuelques années plus tard, lors de ses études à l’Université de Windsor, elle fait la rencontre de celui qui est encore aujourd’hui son entraineur. Dennis Fairall voit à peaufiner l’incroyable potentiel de sa protégée en travaillant sur sa technique de course tout en l’aidant à améliorer sa vitesse pure et son endurance. Ensemble, ils mettront la main sur plusieurs titres de championnats interuniversitaires. Après sa graduation, en 2011, Bishop décide de devenir professionnelle et, surtout, de demeurer à Windsor pour continuer de travailler avec Fairall. Elle réussit à se qualifier pour les Jeux olympiques de Londres en 2012 en passant sous les deux minutes (1 :59.82) en plus de remporter la médaille d’argent au Championnat canadien d’athlétisme.

Malheureusement pour Fairall, il doit ralentir son rythme de travail puisqu’il souffre de paralysie supranucléaire, une maladie neurologique dégénérative. Peu importe, Bishop répète qu’elle a une confiance inébranlable en son coach et que c’est avec lui qu’elle souhaite continuer de travailler jusqu’à Rio. Leur amitié repose sur des bases solides comme le démontre leur longue accolade en bord de piste après la deuxième place de Bishop aux Mondiaux de Pékin. C’était le résultat d’une décennie de travail.

Une médaille à Rio?

Souvenez-vous bien du nom de Melissa Bishop puisqu’elle sera certainement une des athlètes les plus excitantes à suivre cette année en course à pied. Si elle parvient à éviter les blessures et à maintenir sa forme, elle sera assurément le visage féminin du Canada en athlétisme aux Jeux de Rio. Le sprinter Andre De Grasse sera son penchant masculin.

La coureuse originaire d’Eganville, en Ontario, est dotée d’une force de caractère hors norme et cède difficilement au découragement. À preuve, elle ne s’est pas laissé affecter par deux blessures en début de saison l’an dernier. Lorsqu’elle s’est présentée aux Jeux panaméricain de Toronto, elle avait raté plus d’une dizaine de semaines d’entraînement en raison d’une déchirure abdominale et d’une foulure à une cheville. Pourtant, c’est haut la main qu’elle a décroché l’or au 800 mètres devant ses partisans.

Le mot de la fin revient certainement à son entraîneur et mentor. Dennis Fairall estime que Bishop a la capacité de récolter une médaille à Rio. Il se base sur son expérience et des années d’observations. En la regardant courir à l’entraînement, il estime qu’elle serait capable de terminer un 800 mètres dans les bas 1 :57.  Sa médaille d’argent à Pékin n’était peut-être qu’un avant-goût de ce qu’elle nous proposera aux Jeux olympiques. Peut-on rêver à l’or?

Sur la plus grande des scènes mondiales, la canadienne Melissa Bishop se prépare à briller.