Pas d’allure comment je me sens tout croche. J’ai mal partout.

Tous les entraîneurs vous le diront, il est bon de varier ses activités physiques pour être en forme. Personnellement, mis à part la course à pied que je pratique depuis plus d’une dizaine d’années de façon intensive, je ne m’essaie pas beaucoup à d’autres sports.

Mais ma légendaire ouverture d’esprit m’a permis, depuis deux semaines, de mettre en pratique l’adage voulant qu’il soit préférable de varier ses activités physiques. Je me suis dit… on verra bien si je me sens mieux.

Pas vraiment!

Je suis quelqu’un d’intense et lorsque j’essaie un nouveau sport, je n’y vais pas avec le dos de la cuillère. Je fonce et je ne fais rien de graduel.

J’ai décidé de courir 4 fois par semaines et d’utiliser mes journées de congés pour tester mes nouvelles aptitudes physiques. J‘ai commencé par du vélo stationnaire. J‘en ai un tout neuf et il trône fièrement dans ma chambre à coucher. J‘ai donc mis mes écouteurs, programmé ma musique favorite et commencé à pédaler. Pendant une longue heure, debout sur les pédales tellement la résistance était élevée, j‘ai mouliné des jambes en suant à grosses goûtés. Plus les minutes s‘égrainaient, moins j‘allais vite. J‘ai finalement terminé les jambes en feu.

Descendre de mon vélo fut pénible; faire mes premiers pas fut douloureux. J‘avais l‘air d‘un cowboy s‘extirpant de sa selle après une journée de cheval à rassembler le troupeau!

Ma deuxième découverte sportive, je la dois a ma ravissante conjointe. Nous habitons une maison où trônent fièrement deux beaux escaliers de 14 marches chacun. Pourquoi ne pas les monter et descendre sans arrêt pendant trente minutes? Je me suis prêté au petit jeu, assuré que j‘étais qu‘il s‘agissait d‘un jeu d‘enfant comparativement au vélo stationnaire ou à la course à pied.

La surprise fut encore brutale. En tout, j‘aurai gravi puis descendu 148 étages. Sur le coup, je me sentais fort et fier de mon exploit, mais je ne vous raconte pas le lendemain matin. Sortir du lit fut d‘un grand comique. Tel un vieillard cherchant sa marchette j‘avançais un minuscule pas à la fois m‘attendant toujours à m‘effondrer. Les muscles de mes jambes s‘étaient transformés en barres de fer. Ce fut une journée pénible au boulot où je tentai de réduire au maximum mes déplacements.

Refusant pourtant de voir que mon corps me parlait, j‘acceptai le lendemain l‘invitation de mon fils de douze ans pour un 90 minutes de badminton. Je n‘osai pas lui dire que je n‘avais pas joué à ce sport de ma vie. Oh peut être quelques rapides cours au primaire, mais pas assez pour le mentionner.

Je me suis donc présenté sur le court bardé de mes meilleures intentions de conquérant, heureux de mon rôle de père. J‘avais déjà préparé mon petit discours que je souhaitais livré à mon fils après ses défaites. Ne t‘en fais pas fils, c‘est dans la défaite que l‘on grandi et bla bla bla…

Puisque mes jambes refusaient de plier, j‘optai pour une stratégie ou seul mon bras droit serait actif. Le reste de mon corps suivrait tant bien que mal. Je réussi ainsi à gagner un premier match avant de perdre les autres… à ma grande surprise. Pas de discours, pas de triomphe.

Lorsque je voulu aller faire mon petit jogging matinal, le lendemain matin, mes jambes ne pliaient toujours pas et mon bras droit était pratiquement paralysé! Mon Dieu que je me découvrais de nouveaux muscles. Mais en véritable passionné, je pus tout de même courir un petit 10 kilomètres.

Je n‘étais pas au bout de mes peines, puisque mon producteur au 5 à 7 m‘apprenait, quelques heures plus tard, qu‘il nous avait inscrits pour participer au triathlon d‘hiver de l‘hôpital Ste-Justine, au Parc Maisonneuve. Plutôt que de me confier le relais de course à pied, il me demanda de me charger du ski de fond.

“Oh boy“, lui dis-je, “Ça doit faire 20 ans que je n‘ai pas fais de ski de fond. Et je n‘ai même pas l‘équipement.”

“Pas grave“, me répondit-il, “Je vais te passer l‘équipement de mon père”.

Que j‘aurais du refuser sur le champ! Les skis et les bottes dataient d‘une autre époque tellement lointaine. Au simple regard des autres participants, je compris que mes skis ressemblaient à ceux qu‘on retrouve maintenant exposés sur les murs des musés ou des restaurants sportifs.

J‘ai tout de même réussi à franchir, lentement, les 6,5 kilomètres de mon parcours, avançant de deux pas, reculant d‘un! Bien au delà de mon exploit sportif, c’est plutôt le fait que j’ai réussi a blesser une des rares parties de mon corps qui fonctionnait toujours qui retiendra l‘attention. En effet, je me suis étiré les muscles au niveau de l‘aine ce jour là. Ça allait de mal en pis mes affaires.

Je n‘étais pourtant pas au bout des mes peines puisque mon producteur nous envoyait, deux jours plus tard, tourner une dizaine de capsules de soccer au Complexe sportif Bell, à Brossard. Au menu, les coups de tête, le tacle, les arrêts et la bicyclette. Mon pauvre corps se demande encore aujourd‘hui ce que je lui reprochais tant! Ce fut pénible. Surtout le tacle. Plonger sur un tapis synthétique pour retirer le ballon à l‘adversaire ne fut pas un moment magique.

Moins de 48 heures plus tard, mes collègues Yanick, André et moi découvrions cette fois le handball. Toujours dans le but de tourner des reportages instructifs pour les téléspectateurs du 5 à 7.

Encore une suite de mouvements nouveaux auxquels les muscles de mon corps ne sont pas habitués. S‘en suit des courbatures et des douleurs nouvelles à chaque fois. Je commence presque à y prendre goût.

Bilan, je suis l‘homme d‘un seul sport. Ne me parlez plus de varier mes activités physiques de façon aussi intense. Non! Vive la course à pied. Mes jambes sont tellement habituées qu‘elles courent pratiquement seules. On a beau dire, vive la fidélité à un seul sport.

Je tricherai bien encore parfois, mais avec parcimonie. La semaine prochaine, je tourne un reportage sur la crosse, puis le “kitesurf”.

Tout est dans le dosage hein!

_(photo: Triathlon Sainte-Justine)_