Seriez-vous capables de survivre en solitaire quatre jours d’hiver en pleine nature à plus de 100 kilomètres au nord de Chibougamau? Peut-être que oui. Mais le feriez-vous vraiment si, en plus, vous deviez survivre à un froid glacial de -35 sans nourriture, sans eau, sans couteau, sans tente, sans sac de couchage et sans feu? Bref, uniquement avec vos vêtements d’hiver? Pas certain. C’est pourtant ce que fera l’aventurier québécois Frédéric Dion du 16 au 19 janvier.

Frédéric, 36 ans, se décrit comme un aventurier conférencier. C’est son gagne-pain. Même s’il est peu connu du grand public, il a donné plus de mille conférences un peu partout dans le monde pour parler de ses exploits.



Il a, entre autres, couru 33 marathons en seulement sept semaines en 2011 alors qu’il se rendait de Gaspé à Ottawa à la course. Il a également navigué des milliers de kilomètres sur l’océan. Frédéric est conscient que son excellente forme est importante puisque le meilleur équipement pour une aventure de survie comme celle qu’il vit dans le nord de la province, c’est une bonne condition physique et mentale.

J’ai eu l’opportunité de m’entretenir avec lui pour connaitre ses motivations, ce qui le pousse à vouloir repousser ainsi les limites de la survie en solitaire.



“Ça doit remonter à ma jeunesse chez les scouts! Dans le cas d’Opération ours polaire, j’ai décidé de partir seul en pleine nature pour trois raisons. Mon expédition sert de laboratoire pour tester de l’équipement et des techniques de survie en conditions extrêmes. Je souhaite également diffuser le message qu’il est important de passer à l’action et de relever des défis. Nous avons tous des rêves, à nous de les réaliser. Des études prouvent que cela nous permet d’être plus heureux et de vivre en santé plus longtemps. Enfin, mon expédition sert à amasser des dons pour Opération Enfant Soleil”, explique celui qui est tout de même accompagné de sa chienne, Nanook.



Le jeudi 16 janvier au matin, Frédéric s’est fait larguer en hélicoptère à 100 kilomètres au nord de Chibougamau pour amorcer l’Opération ours polaire. Il voulait volontairement aller dans un endroit où la température serait extrême et loin de toute civilisation. Ce n’est qu’à la toute fin, au quatrième jour, qu’il décidera si l’hélicoptère doit revenir le chercher ou s’il allait tout simplement marcher jusqu’à un village proche. “Tout dépend si je réussi à me fabriquer des raquettes. Pas évident sans couteau! Donc ma sortie de cette aventure hivernale extrême s’effectuera soit en hélicoptère ou en raquettes”, ajoute-t-il en riant.

Marcher pour retrouver son chemin en plein hiver, c’est un exploit qu’il avait déjà réussi en 2012. Frédéric s’était fait larguer au nord du 52ème parallèle et il devait revenir à la civilisation par ses propres moyens et avec très peu d’équipements. Il n’avait pas de GPS, pas de cartes et le pilote de l’hélicoptère lui avait bandé les yeux pour éviter de voir où il allait le déposer. Il avait relevé le défi en 12 jours.

Lorsque je lui demande ce qui sera le plus difficile pour lui lors de l’opération ours polaire, l’aventurier québécois y va d’une longue pause de réflexion. “Probablement de gérer le moment présent. De prendre le temps de prendre les bonnes décisions. Je ne dois surtout pas céder à la panique. Je dois faire les choses en respectant un ordre de priorité. La plus important sera d’éviter l’hypothermie en gérant mon effort et ma sueur. L’hiver en forêt, si tu sues tu meurs! Alors si j’ai chaud, je dois retirer une couche de vêtements pour éviter d’avoir trop chaud.”

Frédéric ajoute que dès que l’hélicoptère l’aura laissé seul, il s’attardera à se construire un abri de neige. C’est primordial. Allumer un feu représente une mission quasi impossible sans de précieuses allumettes. Il a tout de même l’intention d’essayer de le faire au troisième jour mais il se donne très peu de chances de réussite.

Opération ours polaire représente un exercice d’entraînement spécifique pour Frédéric qui souhaite s’en servir pour se préparer à réaliser son plus grand rêve. Quelque chose d’encore plus gros. À l’hiver 2015, de la mi-janvier à la mi-avril, il entend traverser le Québec en solitaire et en ski de Kuujjuaq à Baie Comeau. Il avait déjà réalisé cet exploit en 2002, mais en Kayak et dans le sens inverse

“Le défi est énorme car il existe un monde de différence entre traverser le Québec en kayak et le faire en ski de fond. En kayak, tu flottes et ton bateau porte ton équipement. Tu peux faire de longues distances. Tandis qu’en ski de fond, dans la neige profonde de l’hiver c’est un tout autre contrat! J’en profiterai également pour tester de grands cerfs-volants à traction qui tirent le skieur et permettent de franchir de longues distances plus rapidement.”

“Je voulais savoir ce qui m’arriverait si je devais perdre tout mon équipement lors de ma traversée du Québec. C’est une chose possible. Est-ce que je serais capable de survivre pendant plusieurs jours? Opération ours polaire va me permettre de vérifier tout cela.”



Si tout se passe bien, Frédéric saura qu’il est capable d’entreprendre sa grande traversée hivernale de 2015. Un exploit qu’il se dit prêt à réaliser depuis cinq ans, mais il ne voulait pas laisser son épouse seule pendant trois longs mois avec leurs deux jeunes.

Les gens peuvent suivre Frédéric lors de l’Opération ours polaire. Puisqu’il ne part que pour quatre jours, il enverra des messages et commentaires sur son site internet grâce à un appareil électronique de communication alimenté par batteries. Une équipe de collaborateurs alimentera également les différentes plateformes des médias sociaux. (@fdionaventurier)