Où sont les retombées?
Amateurs mardi, 10 août 2010. 14:43 vendredi, 13 déc. 2024. 18:40
Payant d'avoir remporté une médaille d'or aux Jeux olympiques de Vancouver? Si je me fie aux propos de certains athlètes québécois que j'ai rencontrés, la réponse est non.
Oh! certes, les portes s'ouvrent toutes grandes pour des invitations de tous genres, mais les gros dollars ne sont pas au rendez-vous. Toutefois, les athlètes médaillés vous le diront, tous sans exception; ils ne pratiquent pas leur sport pour l'argent.
Sauf qu'après chaque olympiade, c'est le même refrain. Cette gloire ne dure que quelques semaines et les commanditaires sont frileux de s'associer à ces athlètes. Pourtant, on aurait pu croire que « l'effet Vancouver » aurait permis aux héros des Jeux de Vancouver de monnayer un tant soit peu leur gloire.
Prenons le cas d'Alexandre Bilodeau que j'ai rencontré récemment pour un reportage à ce sujet. Une phrase ma frappé dans notre discussion. « À Vancouver, il y a eu beaucoup de promesses de la part de gens d'affaires et six mois plus tard, ces promesses n'ont jamais débouché en quelque chose de concret. »
Pardon? On parle ici du premier médaillé d'or canadien lors de Jeux présentés au Canada. D'un jeune homme de bonne famille qui a comme modèle son frère aîné, Frédéric, atteint de paralysie cérébrale. D'un jeune homme qui ne dit pas un mot plus haut que l'autre et qui projette une excellente image pour les jeunes.
Remarquez que Bilodeau ne se plaint pas. Avant les Jeux de 2010, il avait déjà de bons commanditaires. D'ailleurs, des négociations sont en cours pour renouveler ces contrats. J'imagine et j'espère que les négociations tiennent compte de la nouvelle notoriété de Bilodeau et qu'il pourra en tirer profit.
De nouveaux partenaires comme HBC et Cold FX se sont ajoutés après Vancouver. De plus, Bilodeau est un conférencier prisé à travers le Canada.
Ceux qui pensent que le meilleur bosseur au pays est maintenant riche se trompent même s'il vit très bien. Aux États-Unis, Bilodeau serait déjà millionnaire.
Et les autres?
Le couple formé de Marianne St-Gelais et Charles Hamelin a beaucoup fait jaser à Vancouver. Charles pour ses 2 médailles d'or en 30 minutes et Marianne pour ses 2 médailles d'argent, mais surtout pour sa personnalité attachante. Tout le monde se souvient de ces images où Marianne crie, hurle, encourage son chum tout en sautillant comme Skippy le kangourou durant la finale du 500 mètres.
Qu'en est-il des retombées de Vancouver pour eux? Bien peu. Charles a renouvelé son partenariat avec Nike Canada. Son agent de Calgary négocie avec d'autres entreprises, mais on ne se bouscule pas pour s'associer à Charles.
Et Marianne? Tranquille, le calme plat. Cette blonde patineuse était associée avec le Zoo de St-Félicien, la ville qui l'a vu naître et grandir. Qu'en est-il maintenant de ce partenariat? « Le contrat n'a pas été renouvelé. J'avoue que je suis un peu déçue car c'est ma ville, c'est mon patelin. Des discussions sont en cours. On verra ce qui va se produire », me disait-elle avec une pointe de retenue. Quand même ironique, vous ne trouvez pas? Encore une fois, nul n'est prophète dans son pays.
Autre son de cloche intéressant. Celui de Mathieu Giroux qui a remporté l'or à la poursuite en patinage de vitesse longue piste. « Ça dépend surtout de la région que tu viens. Ici à Montréal, il y a plusieurs athlètes et c'est plus difficile de se distinguer. », explique-t-il avant d'ajouter : « Le sport du patinage de vitesse est un sport d'élite et c'est plus difficile de s'associer à un produit spécifique. »
Giroux a bien raison. Certains athlètes provenant d'une région où l'on retrouve peu d'athlètes olympiques ont de meilleures chances de trouver des commanditaires « locaux. » Cela dit, c'est souvent le maximum qu'ils peuvent recueillir puisque les gros joueurs sont particulièrement frileux avec les athlètes amateurs.
Kim St-Pierre, triple médaille d'or en hockey féminin, rien de nouveau sous le soleil. Pas de commanditaires. Même situation pour sa coéquipière Caroline Ouellette.
La chance de Cynthia Phaneuf
Prenez maintenant le cas de Cynthia Phaneuf, 12e à Vancouver, en patinage artistique. Complètement dans l'ombre de Joannie Rochette avec les circonstances que l'on connaît. Malgré tout, elle s'est déniché un commanditaire.
« Je déjeunais à l'aéroport de Toronto avec mon copain lorsqu'un homme est venu me voir parce qu'il m'avait reconnu. En discutant, il m'a dit que je devais avoir plusieurs commanditaires. Je lui ai dit que ce n'était pas le cas, bien au contraire », explique Cynthia. « Il m'a aussitôt dit qu'il aimerait que son entreprise s'associe avec moi et depuis ce temps, j'ai un contrat d'un an avec SIR Solutions, une entreprise de Montréal.
Le cas Joannie Rochette
Évidemment, il y a toujours des cas d'exception comme celui de Joannie Rochette. Joannie a la chance de pratiquer un sport populaire, reconnu par le grand public et son incroyable performance à Vancouver, dans les circonstances que l'on connaît, a fait déferler un tsunami de sympathies à son endroit.
Tous les éléments étaient réunis pour les athlètes canadiens à Vancouver afin d'obtenir une plus grande reconnaissance. Pour avoir vécu l'après Jeux olympiques de 2002 à Salt Lake City et Turin en 2006, les retombées de 2010 pour les athlètes sont sensiblement les mêmes.
La reconnaissance est là, certes. On veut bien inviter les athlètes à nos cocktails, à nos tournois de golf, ça paraît bien, mais quand vient le temps de signer le chèque, le crayon semble devenir plus lourd
Oh! certes, les portes s'ouvrent toutes grandes pour des invitations de tous genres, mais les gros dollars ne sont pas au rendez-vous. Toutefois, les athlètes médaillés vous le diront, tous sans exception; ils ne pratiquent pas leur sport pour l'argent.
Sauf qu'après chaque olympiade, c'est le même refrain. Cette gloire ne dure que quelques semaines et les commanditaires sont frileux de s'associer à ces athlètes. Pourtant, on aurait pu croire que « l'effet Vancouver » aurait permis aux héros des Jeux de Vancouver de monnayer un tant soit peu leur gloire.
Prenons le cas d'Alexandre Bilodeau que j'ai rencontré récemment pour un reportage à ce sujet. Une phrase ma frappé dans notre discussion. « À Vancouver, il y a eu beaucoup de promesses de la part de gens d'affaires et six mois plus tard, ces promesses n'ont jamais débouché en quelque chose de concret. »
Pardon? On parle ici du premier médaillé d'or canadien lors de Jeux présentés au Canada. D'un jeune homme de bonne famille qui a comme modèle son frère aîné, Frédéric, atteint de paralysie cérébrale. D'un jeune homme qui ne dit pas un mot plus haut que l'autre et qui projette une excellente image pour les jeunes.
Remarquez que Bilodeau ne se plaint pas. Avant les Jeux de 2010, il avait déjà de bons commanditaires. D'ailleurs, des négociations sont en cours pour renouveler ces contrats. J'imagine et j'espère que les négociations tiennent compte de la nouvelle notoriété de Bilodeau et qu'il pourra en tirer profit.
De nouveaux partenaires comme HBC et Cold FX se sont ajoutés après Vancouver. De plus, Bilodeau est un conférencier prisé à travers le Canada.
Ceux qui pensent que le meilleur bosseur au pays est maintenant riche se trompent même s'il vit très bien. Aux États-Unis, Bilodeau serait déjà millionnaire.
Et les autres?
Le couple formé de Marianne St-Gelais et Charles Hamelin a beaucoup fait jaser à Vancouver. Charles pour ses 2 médailles d'or en 30 minutes et Marianne pour ses 2 médailles d'argent, mais surtout pour sa personnalité attachante. Tout le monde se souvient de ces images où Marianne crie, hurle, encourage son chum tout en sautillant comme Skippy le kangourou durant la finale du 500 mètres.
Qu'en est-il des retombées de Vancouver pour eux? Bien peu. Charles a renouvelé son partenariat avec Nike Canada. Son agent de Calgary négocie avec d'autres entreprises, mais on ne se bouscule pas pour s'associer à Charles.
Et Marianne? Tranquille, le calme plat. Cette blonde patineuse était associée avec le Zoo de St-Félicien, la ville qui l'a vu naître et grandir. Qu'en est-il maintenant de ce partenariat? « Le contrat n'a pas été renouvelé. J'avoue que je suis un peu déçue car c'est ma ville, c'est mon patelin. Des discussions sont en cours. On verra ce qui va se produire », me disait-elle avec une pointe de retenue. Quand même ironique, vous ne trouvez pas? Encore une fois, nul n'est prophète dans son pays.
Autre son de cloche intéressant. Celui de Mathieu Giroux qui a remporté l'or à la poursuite en patinage de vitesse longue piste. « Ça dépend surtout de la région que tu viens. Ici à Montréal, il y a plusieurs athlètes et c'est plus difficile de se distinguer. », explique-t-il avant d'ajouter : « Le sport du patinage de vitesse est un sport d'élite et c'est plus difficile de s'associer à un produit spécifique. »
Giroux a bien raison. Certains athlètes provenant d'une région où l'on retrouve peu d'athlètes olympiques ont de meilleures chances de trouver des commanditaires « locaux. » Cela dit, c'est souvent le maximum qu'ils peuvent recueillir puisque les gros joueurs sont particulièrement frileux avec les athlètes amateurs.
Kim St-Pierre, triple médaille d'or en hockey féminin, rien de nouveau sous le soleil. Pas de commanditaires. Même situation pour sa coéquipière Caroline Ouellette.
La chance de Cynthia Phaneuf
Prenez maintenant le cas de Cynthia Phaneuf, 12e à Vancouver, en patinage artistique. Complètement dans l'ombre de Joannie Rochette avec les circonstances que l'on connaît. Malgré tout, elle s'est déniché un commanditaire.
« Je déjeunais à l'aéroport de Toronto avec mon copain lorsqu'un homme est venu me voir parce qu'il m'avait reconnu. En discutant, il m'a dit que je devais avoir plusieurs commanditaires. Je lui ai dit que ce n'était pas le cas, bien au contraire », explique Cynthia. « Il m'a aussitôt dit qu'il aimerait que son entreprise s'associe avec moi et depuis ce temps, j'ai un contrat d'un an avec SIR Solutions, une entreprise de Montréal.
Le cas Joannie Rochette
Évidemment, il y a toujours des cas d'exception comme celui de Joannie Rochette. Joannie a la chance de pratiquer un sport populaire, reconnu par le grand public et son incroyable performance à Vancouver, dans les circonstances que l'on connaît, a fait déferler un tsunami de sympathies à son endroit.
Tous les éléments étaient réunis pour les athlètes canadiens à Vancouver afin d'obtenir une plus grande reconnaissance. Pour avoir vécu l'après Jeux olympiques de 2002 à Salt Lake City et Turin en 2006, les retombées de 2010 pour les athlètes sont sensiblement les mêmes.
La reconnaissance est là, certes. On veut bien inviter les athlètes à nos cocktails, à nos tournois de golf, ça paraît bien, mais quand vient le temps de signer le chèque, le crayon semble devenir plus lourd