Ilia Malinin, l'ado téméraire venu à bout du quadruple axel

Il vient d'avoir 18 ans et s'impose déjà comme la nouvelle sensation des patinoires: le prodige américain Ilia Malinin, entré dans l'histoire en devenant le premier patineur à réussir un quadruple axel, est l'attraction de la finale du Grand Prix, de jeudi à samedi à Turin.

De tous les quadruples sauts, le quadruple axel --le plus difficile-- restait jusqu'à présent le seul territoire non conquis du patinage.

Après l'avoir tenté sans succès lors de son programme libre des Jeux olympiques de Pékin en début d'année, la légende du patinage Yuzuru Hanyu, qui en avait fait son obsession, a d'ailleurs dû se résoudre à prendre sa retraite sans avoir atteint son objectif ultime.

Mais le 15 septembre dernier, alors qu'il n'avait encore que 17 ans, Ilia Malinin est devenu le premier à exécuter parfaitement la fameuse prouesse: saut déclenché vers l'avant, rotation complète de quatre tours et demi dans les airs et réception sur un pied...

C'était au cours de l'US International Figure skating Classic de Lake Placid aux Etats-Unis pour sa première compétition de la saison.

« Je n'arrive toujours pas à croire que je fais partie de l'histoire, ça ne semble même pas réel », a-t-il alors réagi dans une interview avec le site du CIO.

Tradition familiale

Puis il récidivait au Skate America le 23 octobre, devenant par la même occasion le plus jeune patineur à remporter la prestigieuse compétition.

« Je me suis senti super bien, a expliqué Malinin en recevant sa médaille d'or. Je suis encore sous le choc, je ne sais pas comment j'ai fait pour y arriver. »

Au passage, il pensait à rendre hommage à son aîné, double champion olympique. "La tentative de Yuzuru Hanyu m'a inspiré (...) Je voulais vraiment qu'il y arrive parce qu'il y a mis tant de travail et d'efforts et ça se voyait qu'il voulait vraiment être le premier à le faire."

« J'espère que tout le monde comprend à quel point il a été un modèle pour moi (...) et que c'est grâce à lui que j'ai réussi le premier quadruple axel. »

Pour ceux qui suivent le patinage de près, l'avènement de Malinin est tout sauf une surprise. « Je connaissais déjà Ilia et je savais qu'il en était capable », a ainsi déclaré récemment à NBC Sports Nathan Chen, le champion olympique 2022 qui s'est entraîné ponctuellement avec Malinin la saison dernière.

Car le patinage fait partie de l'ADN de l'ado américain qui s'entraîne en Virginie sous les ordres de ses parents, deux patineurs d'origine ouzbèke ayant participé aux Jeux olympiques, Tatiana Malinina et Roman Skorniakov.

« Je fais tout pour aller aux JO, rendre mes parents fiers et perpétuer la tradition familiale », a-t-il lancé.

« Repousser les limites »

"J'aime vraiment me mettre des défis et repousser les limites", a déclaré Malinin. "J'ai un côté téméraire en quelque sorte. Je ne sais pas trop d'où ça me vient... ça doit venir de moi, j'imagine."

Vainqueur de deux Grands Prix cette année (Etats-Unis et Finlande), il s'est qualifié avec le meilleur score pour la finale du circuit, qui a lieu de jeudi à samedi à Turin.

A l'issue du programme court, il ne pointait toutefois qu'en cinquième et avant-dernière position après avoir notamment mis la main sur la glace à la réception d'un triple axel et se retrouve loin derrière le Japonais Shoma Uno, champion du monde en titre qui a pris la tête.

Chez les couples, les Japonais Riku Miura et Ryuichi Kihara devancent les champions du monde Alexa Knierim et Brandon Frazier.

Dans la catégorie féminine, Kaori Sakamoto, titrée aux Mondiaux au printemps dernier en l'absence des Russes, fait figure de favorite.

Enfin en danse sur glace, les Américains Madison Chock et Evan Bates chercheront à décrocher leur premier titre, après avoir remporté l'argent en 2014, 2015 et 2019.

Piper Gilles et Paul Poirier favoris lors de la finale du Grand Prix

Les danseurs sur glace canadiens Piper Gilles et Paul Poirier sont arrivés à la finale du Grand Prix au milieu de ce qui est jusqu'à présent la meilleure saison de leur partenariat.

Gilles et Poirier ont remporté la médaille d'or lors de leurs deux présences au Grand Prix de l'ISU, faisant des Canadiens les favoris pour obtenir le titre de la finale qui se déroule cette semaine.

Mais Gilles et Poirier, qui avaient songé à la retraite l'été dernier, n'ont pas pris le temps de réfléchir à leur formidable saison jusqu'à maintenant. Ils sont bien trop occupés pour ça.

« Peut-être que nous y réfléchirons vers la fin de la saison, a mentionné Gilles. Nous sommes encore sur un revirement rapide pour la finale du Grand Prix. Notre état d'esprit est simplement de récupérer, continuer à patiner, récupérer et continuer à patiner. Nous sommes très ravis des résultats, nous sommes heureux. »

Gilles et Poirier ont triomphé aux Internationaux de Patinage Canada et au Grand Prix d'Espoo, présentant les deux plus hauts pointages au monde cette année. Leur meilleur, 219,49 points, a été établi il y a deux semaines en Finlande et il est près de six points plus élevé que celui des Italiens Charlene Guignard et Marco Fabbri.

Gilles, 30 ans, et Poirier, qui a fêté son 31e anniversaire de naissance le mois dernier, effectuent leur programme court en danse sous la musique de la chanson « Do What I Do », de Lady Bri. Leur programme libre se déroule sous une sélection musicale de Madonna tirée du film « Evita ».

La finale du Grand Prix met en vedette les six meilleurs patineurs ou équipes du circuit du Grand Prix.

Les Canadiens Deanna Stellato-Dudek et Maxime Deschamps occupaient le troisième rang après le programme court en couple, jeudi, avec 69,34 points.

Les Japonais Riku Miura et Ryuichi Kihara sont les meneurs, mais ils détiennent moins d'un demi-point d'avance sur les Américains Alexa Knierim et Brandon Frazier, les champions du monde.

Gilles et Poirier, dont le meilleur résultat en finale du Grand Prix fut une cinquième place en 2019, ont de la compagnie en danse sur glace. Les Canadiens Laurence Fournier Beaudry et Nikolaj Soerensen ont obtenu leur billet dans la finale après avoir remporté l'or et l'argent dans leurs épreuves du Grand Prix.

« C'est formidable. Ça montre que le Canada est prêt à redevenir fort, a dit Gilles. Je pense que ça montre que le Canada développe vraiment un solide groupe d'équipes derrière nous. C'est excitant. »

La première année d'un cycle olympique de quatre ans est toujours une chance pour les patineurs de se remettre à zéro, ont indiqué Poirier et Gilles. Après quelques saisons difficiles presque effacées par la COVID-19, puis une décevante septième position aux Jeux olympiques de Pékin, ils ont prolongé leur pause estivale de quelques semaines de plus qu'elle ne le serait normalement.

La pause prolongée semble avoir aidé.

« Je pense que plus que tout, nous apprécions vraiment ce que nous faisons. Nous croyons vraiment en ce que nous faisons. Et ça s'est traduit par des résultats », a exprimé Poirier.

Après la finale, Gilles et Poirier auront une brève pause avant le début des Championnats canadiens, qui se tiendront à Oshawa, en Ontario, et qui lanceront la deuxième moitié de la saison, à partir du 9 janvier.