JOHANNESBURG - Le champion handisport sud-africain Oscar Pistorius, accusé du meurtre de sa petite amie le jour de la Saint-Valentin, revient lundi devant un tribunal, qui devrait lui signifier la date de son procès ainsi que les accusations retenues contre lui.

Cette audience de procédure aura lieu le 19 août, le jour même du trentième anniversaire qu'aurait fêté sa victime, la  mannequin Reeva Steenkamp, très populaire en Afrique du Sud. Pistorius, en liberté sous caution depuis le meurtre, se présentera libre devant le juge.

L'acte d'accusation, long de cinq pages, doit lui être notifié et le juge lui indiquera la date de sa prochaine convocation. Ses défenseurs pensent que le procès proprement dit ne s'ouvrira pas avant 2014, compte tenu de l'encombrement des tribunaux régionaux.

la porte-parole de la famille Pistorius, Anneliese Burgess, a assuré à l'AFP que la défense s'attendait à une audience brève. Même si le parquet fait observer que la durée de cette session sera fonction des requêtes éventuellement présentées par la défense.

Oscar Pistorius n'a jamais nié avoir abattu de plusieurs balles son amie Reeva, en pleine nuit du 13 au 14 février, à travers la porte des toilettes fermées dans sa résidence hyper-sécurisée de Pretoria. Mais ses avocats plaident la thèse de l'accident, affirmant qu'il croyait tirer sur un cambrioleur.

L'accusation, au cours des audiences préliminaires de février, a au contraire tenté de démontrer que Pistorius, 26 ans, savait parfaitement qui était sa victime. Et que les coups de feu ont fait suite à une dispute du couple dans la soirée.

Le parquet poursuit le multiple champion paralympique pour meurtre avec préméditation, chef d'accusation pour lequel il risque la prison à perpétuité.

En l'absence de témoins, le juge unique du procès (l'Afrique du Sud ignore le système des jurys) devra se prononcer sur la base des expertises scientifiques, et notamment balistiques, qui décriront de quelle distance et dans quelle position l'athlète a fait feu. L'analyse des téléphones portables des deux protagonistes du drame sera également un élément clé du procès.

Lors d'une première audience juste après le meurtre, destinée à décider de la libération sous caution de Pistorius, ses avocats avaient taillé en pièces l'enquête de police préliminaire, mettant en lumière de multiples erreurs de procédure ou des oublis grossiers.

Au point que l'enquêteur en chef a quitté la police depuis et que toute l'équipe chargée de l'enquête a été remplacée.

Le juge des libertés avait accordé à Pistorius la liberté sous caution, contre le dépôt d'un million de rands (176 000 euros).

Après être restés longtemps silencieux, les parents de la victime ont commencé à faire état de violentes querelles entre les deux jeunes amants, qui étaient ensemble depuis cinq mois au moment du drame.

Plusieurs témoignages ont en outre décrit Oscar Pistorius comme un être perdant facilement son sang-froid, parfois violent et fasciné par les armes à feu.

Pistorius a acquis une célébrité mondiale aux JO de Londres en devenant le premier athlète masculin handicapé à s'aligner avec les valides, courant avec ses prothèses de carbone en forme de pattes de félin, qui lui ont valu son surnom de « Blade Runner ».

Le drame de la Saint-Valentin a porté un coup d'arrêt brutal à sa carrière, et Pistorius ne s'est plus aligné dans aucune course depuis, bien qu'il ait obtenu la permission de quitter le territoire sud-africain.