PRETORIA - Le procès pour meurtre d'Oscar Pistorius a été renvoyé mardi au 30 juin pour que des psychiatres puissent examiner l'athlète sud-africain et établir s'il a des circonstances atténuantes, la justice lui épargnant toutefois un internement à l'hôpital.

Le champion handicapé, dont la défense soutient qu'il souffre d'un trouble anxieux généralisé pouvant expliquer son geste fatal, devra se présenter à partir de lundi prochain aux heures de bureau à l'hôpital psychiatrique de Weskoppies, à Pretoria.

« Comme patient externe » et « à 9 h » (7 h GMT), a précisé mardi la juge Thokozile Masipa, de même que « tous les jours suivants à l'heure fixée (...) pour une période ne devant pas excéder 30 jours ».

Il devra y rester jusqu'à 16 h (14 h GMT), sauf si l'équipe médicale en décide autrement, a-t-elle indiqué, avant de désigner quatre cliniciens spécialisés, trois psychiatres et un psychologue.

Oscar Pistorius, 27 ans, ne sera cependant pas mis en observation 24 heures sur 24, comme c'est parfois le cas dans ce type d'affaires.

Ces experts devront « vérifier si l'accusé, pour des raisons de santé ou d'infirmité mentale, était pénalement responsable au moment du crime pour lequel il est poursuivi, et s'il était capable d'apprécier la nature illicite de son acte », a souligné la juge.

L'audience de mardi a duré un quart d'heure.

Accusé d'avoir sciemment abattu de quatre balles sa petite amie Reeva Steenkamp le 14 février 2013 après une dispute, Pistorius est passible de la prison à vie, soit 25 ans de réclusion incompressible.

Selon le Parquet, le sportif a développé une personnalité égocentrique avec une propension à se montrer instable, dominateur - notamment avec sa victime, la jeune mannequin Reeva Steenkamp qu'il avait rencontrée trois mois plus tôt - et fuyant en permanence ses responsabilités.

L'athlète, héros du sport paralympique mondial et courtisé par tous avant le meurtre, plaide non coupable. Il affirme avoir tiré dans un moment de panique en croyant à un cambriolage. Sa victime était aux toilettes au moment où il a ouvert le feu.

Anxiété maladive

Unique témoin et survivant du drame, il a raconté avoir saisi son arme après avoir entendu un bruit suspect qui l'a mis sur le qui-vive.

Des voisins, réveillés en pleine nuit, ont déclaré à la barre avoir entendu le couple se disputer, puis la jeune femme terrifiée crier à l'aide avant de mourir.

Pistorius, qui ne se séparait jamais de son arme, n'a lui-même jamais soulevé le problème de son éventuelle irresponsabilité pénale ou d'un quelconque trouble psychique.

Une psychiatre citée par la défense a cependant estimé la semaine dernière qu'on ne pouvait analyser son geste sans tenir compte de son handicap et de l'anxiété maladive qu'il a développé depuis l'enfance.

Même si on ne peut parler d'une maladie mentale, ce trouble anxieux a eu pour effet de perturber ses relations personnelles et sa vie amoureuse, et exacerbé sa peur de la criminalité très élevée en Afrique du Sud, selon ce médecin, qui n'a examiné l'athlète que deux fois, alors que son procès avait déjà commencé.

Le Parquet a demandé une contre-expertise psychiatrique, accusant la défense de jouer la carte de la santé mentale pour obtenir des circonstances atténuantes, faire appel ou faire requalifier l'affaire.

La juge Masipa a accepté, cherchant à éviter toute contestation du verdict qu'elle sera seule à rendre, sans l'aide d'un jury, aidée seulement de deux assesseurs.

Le rapport final des experts psychiatriques devrait peser lourd dans le procès.

Né sans péronés, Pistorius a été amputé et équipé de prothèses, puis poussé malgré son handicap vers la pratique assidue de tous les sports à l'image des jeunes Sud-Africains blancs de son âge, avant de se lancer dans l'athlétisme à l'adolescence.

Il a alors rapidement révélé un talent hors norme, qui l'a conduit à écrire une page historique du sport mondial en 2012 en devenant le premier athlète handicapé masculin à prendre le départ avec des valides aux jeux Olympiques de Londres, courant sur des lames de carbone en forme de pattes de félin qui lui ont valu le surnom de Blade Runner.

Le meurtre a brisé sa carrière et il n'a pas repris la compétition depuis, bien que la justice l'ait laissé en liberté sous caution.