Ça s'est passé tranquillement, mais avec le temps qui passe, Meaghan Benfeito s'est rendu compte qu'elle ne s'ennuyait plus des sempiternelles séances d'entraînement à la piscine olympique et des milliers d'entrées à l'eau. Elle a donc décidé d'annoncer officiellement ce qui est officieux depuis quelques mois pour elle: elle quitte le plongeon après 25 ans.

«Je n’ai pas repris l’entraînement depuis les Jeux. Je n’ai pas remis les pieds au Stade olympique depuis avant Tokyo, a expliqué Benfeito au cours d'un entretien avec La Presse Canadienne, mercredi. (Après les JO), je suis allée rejoindre mon copain (Alexandre Dupuis) à Regina, où il évoluait pour les Roughriders, et j’ai côtoyé l’équipe nationale à ce moment-là. J’ai été sur le bord d’une piscine quatre jours semaines pendant trois mois, et je ne m’ennuyais pas. J’aime ça être entourée des jeunes et des entraîneurs, mais de plonger en tant que tel? Non. J’ai fait ce que j’avais à faire.»

La triple médaillée olympique y songeait depuis un certain temps. Ce qui la faisait hésiter, c'étaient ses résultats à Tokyo, où elle a raté le bronze par quelques dixièmes de points avec sa partenaire Caeli McKay et raté les demi-finales au plongeon individuel à la tour.

«Il n’y a personne qui veut terminer en n’obtenant pas les résultats que tu veux. J’allais à Tokyo pour gagner des médailles et ce n’est pas arrivé, a laissé tomber l'athlète de 33 ans. Sur le coup, tu veux faire une autre année, tu ne veux pas finir comme ça. Mais avec le temps, en y repensant, je me suis dit que j’étais vraiment fière de ce que j’avais accompli et que peu importe les résultats obtenus à Tokyo, les difficultés rencontrées dans une carrière ou dans une année, quand tu as un rêve, tu peux l’accomplir. Mon objectif était d’arriver aux Jeux de Tokyo, et je l’ai réussi.

«Caeli s’était blessée à un pied moins d’un mois avant la compétition et malgré sa douleur, nous sommes arrivées à moins d’un point du podium! Je voulais vraiment prendre le temps de me reposer, mon corps a mal! Je voulais m’assurer que si j’allais recommencer à plonger, c’était vraiment ce que je voulais. Finalement, je ne me suis pas ennuyée autant que je pensais! Ça faisait 25 ans que je plongeais: je crois avoir fait le tour. Après quatre JO, je pense que je peux accrocher mon maillot.»

Révélée à Montréal

Inspirée par Alexandre Despatie et Émilie Heymans, Benfeito a commencé le plongeon à l'âge de 7 ans. Elle a été révélée au monde en 2005, quand sa partenaire Roseline Filion et elle ont remporté la médaille de bronze des Mondiaux aquatiques de la FINA. Alors âgées de 16 et 18 ans, les deux femmes sont ensuite devenues l'un des meilleurs duos de l'histoire du sport à la tour.

«C'est assurément le plus beau moment de ma carrière quand je fais le bilan, a admis Benfeito. Nous ne savions pas trop dans quoi on s'embarquait et on est sorties de là avec la médaille de bronze. Tout le reste a suivi.»

Tout le reste, c'est notamment trois médailles de bronze aux Jeux olympiques: Filion et elle ont mis la main sur le bronze à leurs deuxièmes JO à Londres, en 2012, ainsi qu'à Rio de Janeiro, en 2016. La même année, Benfeito a pris la troisième place de la compétition individuelle.

À ces conquêtes, il faut ajouter trois autres médailles remportées aux Mondiaux, six en Coupes du monde, cinq aux Jeux du Commonwealth et sept aux Jeux panaméricains.

Avec ses 58 médailles remportées aux Séries mondiales de la FINA et les 41 autres aux Grands Prix FINA, ce sont 124 médailles qu'elle remportera sur la scène internationale entre 2005 et 2021.

Benfeito caresse maintenant le rêve de gérer un centre de la petite enfance en compagnie de ses soeurs — elle y travaille comme éducatrice depuis janvier dernier.

«C’est une passion! Nous sommes Portugais, alors j’ai une grosse famille: j’ai plein de cousins, cousines qui ont des enfants. Mes sœurs sont déjà éducatrices depuis sept ans dans deux CPE différents. C’est une ambiance que j’aimais et j’ai eu l’opportunité de commencer en janvier. Ça m’a confirmé que c’est ce que je veux faire. Je vais commencer ma formation de 14 mois en avril.»

 Elle souhaite aussi demeurer impliquée dans son sport, que ce soit auprès des jeunes athlètes ou en donnant des conférences, mais pas comme entraîneuse.

«On devrait me croiser à une compétition ou deux dans les prochaines années», a-t-elle conclu.