Richard Pound en a froissé plus d'un pendant son mandat de huit ans à la présidence de l'Agence mondiale antidopage.

Critiqué pour son style bagarreur et son intransigeance dans la lutte contre le dopage dans le sport, l'avocat montréalais n'a pas l'intention de s'excuser pour les méthodes qu'il a utilisées pour coincer les tricheurs.

"Je pense que pour faire ce travail comme il se doit, il ne faut pas craindre la confrontation, a confié Pound lors d'une entrevue récente à La Presse Canadienne. Vous avez affaire à la tricherie systématique et organisée. Vous devez les démasquer, les confronter, les embarrasser et faire tout ce que vous pouvez pour braquer les projecteurs sur eux."

Pound, âgé de 65 ans, quitte son poste à la tête de l'AMA et son successeur sera choisi ce week-end dans le cadre de la Conférence mondiale sur le dopage dans le sport à Madrid. L'Australien John Fahey est le seul candidat en lice.

Pound a habituellement l'allure d'un homme d'affaires avec ses habits foncés mais son comportement ressemble plutôt à celui d'un débardeur qui ne refuse jamais un combat. Mais au lieu d'utiliser ses poings, il vous confronte avec ses commentaires cinglants et fait appel aux progrès de la science.

Son style frondeur lui a valu des ennemis.

Le septuple gagnant du Tour de France Lance Armstrong a demandé le congédiement de Pound. Ted Saskin, l'ex-président de l'Association des joueurs de la lNH, a accusé l'ancien nageur olympique et membre du CIO d'être plus intéressé par sa propre publicité que par les faits.

D'autres, comme Paul Melia, président et directeur exécutif du Centre canadien pour l'éthique dans le sport, attribue à Pound le mérite d'avoir fait la promotion d'un message sans équivoque dans le monde compliqué et parfois confus des stéroïdes et des hormones de croissance humaine.

"C'était la bonne personne au bon moment pour cet organisme, a mentionné Melia. L'AMA avait tout de suite besoin d'une personne publique, capable d'attirer l'attention des médias."

Beckie Scott, médaillée olympique d'or en ski de fond, soutient que Pound était un homme de substance outre son sens du spectacle.

Scott, qui a eu ses prises de bec avec Pound, a ajouté qu'il avait mis le même zèle à combattre le dopage au Tour de France qu'à mettre en cause la politique de la LNH en matière de stéroïdes.

"Je pense qu'il a accompli du bon travail en intervenant dans plusieurs situations qui l'exigeaient", a précisé la Canadienne, qui siège au sein du comité des athlètes de l'AMA et au conseil de fondation.

Pound quitte son poste confiant qu'il a fait progresser les choses.

"J'en suis heureux, a dit Pound, qui est aussi membre du Comité olympique canadien. Nous sommes certainement encore loin d'avoir remporté la bataille. Mais si vous faites le bilan de la situation avant l'existence de l'AMA et la situation aujourd'hui, je pense que vous constaterez l'importante somme de travail effectué et les résultats obtenus."