SOTCHI - Qui sera le roi (ou la reine) des JO d'hiver? Des jeunes ambitieux, comme l'Américaine Mikaela Shiffrin, et des sportifs chevronnés, comme le biathlète norvégien Bjoerndalen ou le skieur américain Bode Miller se disputeront notamment ce titre symbolique à partir de vendredi à Sotchi.

Quelques derniers coups de pinceaux à donner, des filets de protection à installer et les sites seront prêts. La neige, elle, poudre les sommets de la station de Rosa Khoutor, théâtre des épreuves de ski.

Les organisateurs des Jeux olympiques considérés comme les plus chers de l'histoire (50 milliards de dollars) fignolent les décors, avant la cérémonie d'ouverture, vendredi, précédée jeudi par les premières épreuves (patinage artistique, freestyle, planche à neige).

Le décor grandiose du Caucase promet une belle lutte à distance entre les vedettes du grand cirque blanc. Par ordre d'entrée en scène, le biathlète norvégien Ole Einar Bjoerndalen (40 ans, 6e participation aux Jeux, 11 médailles depuis 1998) pourrait écrire dès samedi une belle page de l'olympisme.

Méconnu du grand public en dehors de la Scandinavie, ce monument du sport n'a besoin que d'un podium (en quatre courses individuelles, et deux relais) pour rejoindre son compatriote, le fondeur Björn Daehlie (12 médailles entre 1992 et 1998) au Panthéon des disciplines hivernales. Bien loin du nageur américain Michael Phelps, détenteur du record absolu (22) des médailles olympiques depuis les JO de Londres.

Vingt-quatre heures après Bjoerndalen, un autre mastodonte, Bode Miller, 36 ans, déjà détenteur de cinq médailles olympiques dont trois en 2010, s'attaquera à son ultime défi : décrocher l'or de la descente olympique, l'un des grands rendez-vous de la quinzaine.

Une image à dépoussiérer

En retrait lors des dernières saisons, Miller a retrouvé la grande forme dans les épreuves de vitesse en janvier (avec deux podiums en super-G et descente à Kitzbühel). Il devra quand même devancer le grandissime favori, le Norvégien Aksel Lund Svindal, vainqueur de 2 descentes et 2 super-G depuis le début de la saison en Coupe du monde.

Chez les dames, en l'absence de la supervedette Lindsey Vonn, blessée à un genou, c'est l'Allemande Maria Höfl-Riesch, 29 ans, qui portera le flambeau de l'ancienne génération. Mais elle sera bien seule face à la vague montante incarnée par l'Américaine Mikaela Shiffrin, 18 ans, reine du slalom, la Suissesse Lara Gut et la skieuse du Liechtenstein Tina Weirather, dont la mère, Hanni Wenzel, décrocha trois médailles dont deux en or (slalom et géant) en 1980 à Lake Placid.

Duel des générations, suite... En patinage artistique, les « anciens », le Canadien Patrick Chan, déjà triple champion du monde à 23 ans, et le Russe Yevgeny Plushenko, 31 ans, triple médaillé (or en 2006, argent en 2002 et 2010) devront résister au prodige japonais Yuzuru Hanyu (19 ans), vainqueur de la finale du Grand Prix avec un programme court record, voire au Kazakh Denis Ten (20 ans). Comme chez les dames, où la jeune Russe, Julia Lipnitskaia, 15 ans, tout juste sacrée championne d'Europe, rêve de se mêler à la lutte entre la Sud-Coréenne Kim Yu-Na et la Japonaise Mao Asada, qui avaient accaparé les deux premières places aux JO de Vancouver.

Nouvelle vague

La nouvelle vague des sports d'hiver est également incarnée par la Japonaise Sara Takanaski. À 17 ans à peine, cette puce volante (1,51 m) a remporté 10 des 13 concours depuis le début de la saison, et devrait devenir la première championne olympique de l'histoire de son sport. Car le saut à ski féminin fera son entrée au programme olympique, enrichi de douze nouvelles épreuves dans sept disciplines.

La compétition par équipes en patinage artistique constituera l'autre grande nouveauté de ces JO-2014. Elle consacrera la nation la plus performante dans les quatre spécialités (dames, messieurs, danse, couples).

Soucieux de dépoussiérer l'image des Jeux d'hiver, le CIO a également introduit le slopestyle (enchaînement de figures sur un parcours aménagé) et l'épreuve de demi-lune en ski accrobatique.

Deux des spécialités qui ont fait le succès des X Games, la compétition référence des sports extrêmes aux États-Unis, savant mélange de spectacle rythmé, couleurs et décibels, incarné par l'Américain Shaun White (longtemps surnommé Flying Tomato, « la tomate volante »), immortalisé sur les consoles de jeux vidéo.

Multimillionnaire, bardé de titres et d'honneurs, double champion olympique en demi-lune (planche à neige) en 2010, Shaun White, 27 ans, a arraché sa sélection lors de la dernière épreuve des sélections américaines, après une lourde chute. Il a même renoncé aux X Games fin janvier à Aspen (Colorado) pour privilégier la préparation des JO. Le but suprême de tous les sportifs.