La plus récente édition du marathon de New York (6 novembre) a confirmé qu’il s’agissait de l’événement de course à pied le plus populaire de la planète. Plus de 50 000 coureurs ont envahi les rues de la Grosse Pomme dans une ambiance de fête. L’Erythréen Ghirmay Ghebreslassie fut le plus rapide chez les hommes (2h 07 :51) alors que la Kényanne Mary Keitany remportait la course pour une troisième année consécutive (2h 24 :26).

Lanny Marchant a également fait parler d’elle car elle est devenue la Canadienne la plus rapide de l’histoire à terminer le marathon de New York. Son chrono de 2h :33 :50, soit une vitesse moyenne de 16,5 km/h, lui a permis de terminer au septième rang et de battre la marque vieille de 30 ans qui appartenait à la Québécoise Odette Lapierre (2h35 :33).

Si ces résultats méritent, à juste titre, d’être soulignés, c’est davantage le coureur qui a terminé en 45e position qui a retenu mon attention. L’Américain Michael Wardian a franchi le fil d’arrivée en 2h 33:18 avec un large sourire sur le visage. Il venait d’établir un record singulier en enregistrant le chrono moyen le plus rapide pour compléter les six marathons majeurs (World Marathon Majors) en une année.

Ces six marathons forment un calendrier de compétitions internationales d’athlétisme créé en 2006 et qui regroupe les marathons de Berlin, Boston, Chicago, Londres, New York et Tokyo.

Le marathon de New York était le dernier sur la liste de Wardian pour compléter son grand tour et son excellent chrono lui a donné, au final, une moyenne de 2h 31:09 lors des six courses. L’ancienne marque appartenait au Japonais Yutaka Fukuda qui avait conservé une moyenne de 2 h 46 il y a deux ans. C’est donc une amélioration considérable.

Il faut bien comprendre l’incroyable défi que cela représente. L’entraînement d’un marathon est un accomplissement en soi qui demande une discipline de fer. Une personne qui court un ou deux marathons dans une même année réalise déjà un petit exploit. Alors imaginez six! En un an! À une vitesse folle! C’est admirable.

Wardian, 42 ans, fait partie de cette nouvelle génération de coureurs pour lesquels courir 42,195 kilomètres n’est pas un défi suffisant. Comment alors augmenter le degré de difficulté?

Michael WardianSimplement en courant longtemps et souvent en peu de temps. Wardian ne s’est pas contenté de courir les six Majors lors des 12 derniers mois. Il a également participé à plusieurs ultramarathons et fait l’aller-retour du Grand Canyon (96 miles) à la course. L’épreuve de New York était déjà son neuvième marathon de 2016.

Je suis fasciné par ces athlètes qui ont cette discipline leur permettant de s’astreindre à un entraînement rigoureux pour être capables de performer de la sorte. Car il faut savoir que Wardian travaille à temps plein comme courtier maritime, en plus d'être marié et père de deux jeunes enfants. Il se lève à 4 h 45 tous les matins pour aller courir avant le boulot et profite de la pause du midi pour courir à nouveau.

Le résident de la Virginie a couru son premier marathon en 1996. Il cherchait alors à se qualifier pour le mythique marathon de Boston. Il était rapide et a même participé, sans succès, aux essais olympiques américains en 2004, 2008 et 2012. Depuis, accompagné de sa famille, il a visité une quinzaine de pays différents pour aller courir des marathons ou des ultras. Le plus admirable est que malgré sa charge d’entraînement, il ne s’est jamais blessé sérieusement lors de toutes ces années d’effort.

Ce végétarien convaincu est maintenant à la recherche de nouveaux défis. Il a déjà gagné à trois reprises le Championnat américain du 50 kilomètres et celui du 100 kilomètres s’est ajouté en 2008. Un des objectifs à court terme est de devenir le coureur le plus rapide à terminer le marathon de Las Vegas vêtu comme Elvis Presley. Quand on vous dit que c’est un homme de défi!

Le record de Wardian ne devrait pas tenir très longtemps. Bien que très rapide, la moyenne d’un peu plus de 2 h 31 pour compléter les six marathons majeurs suscite déjà la convoitise d’autres coureurs élites à la recherche de visibilité et de commanditaires. À lui de profiter de son heure de gloire pendant qu’il en est temps.