La Fin de semaine des courses d’Ottawa, au cours de laquelle se déroule le marathon dans les rues de la capitale nationale, est la plus importante au pays. Elle s’inscrit légitimement sur la courte liste des événements de course à pied les plus imposants de la planète, juste derrière les ténors que sont les marathons de Boston, New York, Chicago, Paris, Londres et Berlin. Ce n’est pas un hasard si les coureurs élites se hâtent de confirmer leurs présences aux organisateurs de la compétition printanière.

Cette fin de semaine (28 et 29 mai), pas moins de 47 000 coureurs s’étaient donné rendez-vous à Ottawa pour franchir une des distances au programme (marathon, demi-marathon, 10k, 5k, 2k et 1k). Un succès phénoménal! Saluons au passage la détermination de tous ces joggeurs qui ont souffert sous une accablante chaleur.

À tous ceux qui chignent lorsqu’ils apprennent le nom des rues fermées pour quelques heures aux automobilistes et piétons, il serait bien de rappeler l’incroyable visibilité que procure une telle fin de semaine de course et les retombées économiques importantes générées par un événement de la sorte. J’espère que les élus de Montréal prennent des notes.

Les statistiques officielles de 2016 ne seront disponibles que dans quelques semaines alors utilisons celles de l’année dernière. En 2015, la Fin de semaine des courses d’Ottawa avait entraîné des retombées économiques de l’ordre de plus de 34 millions de dollars. Collectivement, les participants, les spectateurs, les commanditaires et les organisateurs avaient dépensé un peu plus de 15 millions de dollars. Un sondage effectué par l’organisation a permis d’apprendre que 38 220 coureurs et spectateurs étaient venus de l’extérieur de la région de la Capitale nationale. De ce nombre, 87 pour cent avaient séjourné au moins une nuit à Ottawa.

Un long chemin parcouru

Avant d’en venir à accueillir autant de coureurs, la Fin de semaine des courses d’Ottawa a connu une évolution quasi constante. Ainsi, le tout premier marathon d’Ottawa fut organisé en 1975 par un petit groupe de bénévoles désireux de promouvoir la bonne forme physique. 146 coureurs y avaient pris part. L’expérience de ces pionniers semble avoir été concluante puisque la progression sur cette distance (42,2km) n’a jamais cessé. En 2016, près de 6 000 marathoniens ont emprunté les routes panoramiques et les sentiers du parcours roulant d’Ottawa.

En y ajoutant les distances du demi-marathon, 10k, 5k, 2k et 1k, l’événement a permis à un plus grand nombre de gens de goûter au plaisir de la course à pied. Depuis 2000, les inscriptions pour cette fin de semaine de course se sont accrues de plus de 350 pour cent. Qui sont ces coureurs en 2016? Majoritairement des femmes. Selon les statistiques de l’organisation, 55,2 pour cent des inscrits étaient des femmes.

Ce n’est pas un hasard si la Fin de semaine des courses d’Ottawa est le seul événement en Amérique du Nord, et le deuxième au monde avec Lisbonne au Portugal, à compter deux courses label d’or de la Fédération internationale d’athlétisme (IAAF) : le Marathon d’Ottawa et le 10k d’Ottawa. Cette distinction, la plus haute décernée par Fédération, est réservée aux courses dont le calibre des coureurs élites, la couverture médiatique et la logistique satisfont aux critères de l’IAAF.

Championnat canadien du 10km

Reid CoolseatUn mot sur les courses de cette année. Outre le marathon, l’édition 2016 de la Fin de semaine des courses d’Ottawa accueillait certains des meilleurs coureurs de 10 kilomètres de la planète et les plus rapides du pays puisque les titres du championnat canadien étaient à l’enjeu. Le départ de cette, course originalement prévue à 18 h 30 le samedi soir, avait été retardé de trente minutes par les organisateurs pour donner un coup de main aux coureurs qui devaient braver la chaleur et l'humidité.

Chez les hommes, pas de surprises, le meilleur coureur du pays sur la distance, Reid Coolsaet, a été le premier Canadien à franchir le fil d'arrivée (30:19). Un résultat encourageant pour celui qui revenait d'une blessure au bas du dos. Malheureusement pour Coolsaet, ce chrono n'est pas assez rapide pour prouver sa bonne forme physique et obtenir son billet pour Rio.

Chez les femmes, la grande favorite et championne en titre, Lanni Marchant, l'a emporté en 33:25, un chrono lent (pour elle) qui s'explique par la chaleur. La coureuse de 32 ans a devancé sa grande rivale et ami, Natasha Wodak. Marchant revenait de camps d'entraînement à Flagstaff, en Arizona, et au Kenya. Les deux amies sont déjà qualifiées pour le 10 000 mètres de Rio. Marchant participera également au marathon des prochains Jeux olympiques. Coolsaet et Marchant ont chacun reçu une bourse de 3000 dollars pour leurs premières places nationales. À titre de comparaison, c'est le Marocain Mohammed Ziani qui a terminé premier chez les hommes (28:36) alors que la Kenyanne Peres Jepchirchir l'a imité chez les femmes (31:29).

Le marathon aux Éthiopiens

L’épreuve reine et mythique de ces deux journées de course était le marathon. Le calibre était relevé et pour plusieurs des athlètes présents, il s’agissait d’une ultime chance de se qualifier pour le marathon des prochains Jeux olympiques de Rio. Chez les hommes, la victoire est allée à l'Éthiopien Dino Safir alors que sa compatriote Koren Jelela fut la première à franchir le fil d’arrivée. Chacun a mis la main sur une bourse de 30 000 dollars.

Les Éthiopiens dominent au marathon d'Ottawa

Sefir, qui participera au marathon de Rio dans quelles semaines, a maintenu un rythme de 3:03 du kilomètre pour boucler le parcours en 2h08:14 à près de quatre minutes de son meilleur chrono personnel. Il a devancé son compatriote Shura Kitata par 1:49. Tout de même, un beau cadeau d'anniversaire pour Sefir qui avait célébré la veille son 28e anniversaire. Il s'agissait d'un deuxième podium pour lui à Ottawa puisqu'il avait terminé troisième en 2011. Soulignons au passage la meilleure performance canadienne, celle de Kip Kangogo (2:21:22).

Du côté féminin, Koren Jelela (2:27:06) était considérée comme une des très grandes favorites. En octobre dernier, elle avait terminé sur la troisième marche du podium à Francfort alors qu'elle revenait d'un congé de maternité. Elle est la codétentrice du meilleur chrono lors d'un marathon en sol canadien (2:22:43 à Toronto en 2011). Elle a devancé une autre éthiopienne, Aberu Mekuria. La meilleure Canadienne de cette grosse fin de semaine de courses fut Tara Korir (2:35:44).