SALT LAKE CITY - Quand Salt Lake City était dans la course pour attirer les Jeux olympiques de 2002, la concurrence était si féroce qu'il semblait devenu banal de donner des cadeaux aux membres du CIO. La candidature a été ternie par un scandale de corruption qui a failli bousiller les plans. Deux décennies plus tard, le portrait a bien changé.

Le CIO a du mal à trouver des villes prêtes à assumer le fardeau financier et social de l'organisation des Jeux olympiques d'hiver.

La course à ceux de 2026 n'a plus que deux villes. Pékin a obtenu l'Olympiade hivernale de 2022 par attrition, l'emportant par quatre voix sur Almaty, au Kazakhstan, après le retrait d'une demi-douzaine de villes candidates en Europe, découragées par la flambée des coûts et le mécontentement des contribuables.

C'est pourquoi une ville qui, pendant un certain temps, était un paria dans le monde olympique est à nouveau une sérieuse prétendante, cette fois pour les Jeux d'hiver de 2030 - des décennies plus tôt que prévu, et malgré ce scandale.

La capitale de l'Utah fait partie d'un groupe de plus en plus restreint de villes disposant des installations nécessaires et de la volonté d'assumer la tâche coûteuse d'accueillir les Jeux, qui ont perdu une partie de leur cachet.

La semaine dernière, le Comité olympique américain a choisi Salt Lake City et non Denver comme ville candidate, dans le futur. Le CIO fera son choix pour 2030 d'ici 2023, au plus tard.

Jules Boykoff, un professeur de l'université Pacific qui a beaucoup écrit sur les Jeux olympiques, estime que le scandale de corruption est « une assez grosse tache sur l'histoire des Jeux. Mais ces jours-ci, le Comité international olympique n'est pas en position d'être trop difficile », dit Boykoff.

Le scandale a éclaté en 1998, trois ans après le choix de Salt Lake City au détriment de villes du Canada, de la Suède et de la Suisse.

Le comité de candidature de Salt Lake City a distribué 1 M $ en argent, bourses d'études, soins médicaux, cadeaux et autres faveurs aux membres du CIO et à leurs familles. Ça incluait des voyages de ski, des billets de la NBA, de la chirurgie esthétique, des opérations au genou, des violons, du logement et un salaire pour des enfants des membres du CIO, selon un rapport d'un comité d'éthique.

Cela a conduit à l'expulsion de six membres du CIO, notamment. Le CIO a fait appel à des experts externes pour se remodeler. On a approuvé une réforme en 50 points dont l'interdiction des visites de membres dans les villes candidates, la création d'un comité d'éthique indépendant et des limites de mandat.

L'historien olympique David Wallechinsky pense que les officiels actuels de Salt Lake City devront parler du scandale, mais il ne croit pas que cela aura un impact sur leur candidature. Le scandale de corruption en Utah a mis fin aux pratiques des villes de vouloir gagner la faveur du CIO en coulisses, ce qui durait depuis des décennies.

« Ils ont eu recours à des méthodes de d'autres villes qui les avaient battus dans le passé, a dit Wallechinsky. Ils n'ont pas inventé la corruption. Ils se sont juste fait prendre. »

Mitt Romney, appelé en renfort pour stabiliser les Jeux de 2002, à travers le scandale, a déclaré que le processus de sélection était désormais plus transparent.

« C'est une bonne chose pour Salt Lake City, a déclaré Romney, élu le mois dernier pour représenter l'Utah au Sénat américain. Nous serons jugés sur les mérites. »