CHARLOTTETOWN - Myriam Selmani n'a 15 ans que depuis quelques mois. Elle ne pratique le plongeon que depuis un peu plus de trois ans et déjà, on la retrouve parmi les meilleurs au pays dans son groupe d'âge. À peu près tout le monde - elle y compris - ne s'attendait toutefois pas à la voir constamment sur le podium au cours des présents Jeux du Canada.

La plongeuse de Laval a jusqu'ici remporté deux médailles de bronze à l'Île-du-Prince-Édouard, à la tour et au tremplin de trois mètres, fracassant à chaque fois ses marques personnelles par plus de 50 points. Alors qu'elle ne visait que de prendre part aux finales des trois épreuves, elle vise maintenant un autre podium.

L'étudiante du Collège Regina Assumpta de Montréal n'a découvert le plongeon qu'en 2005. Elle s'était alors rendue aux Mondiaux aquatiques de la FINA, présentés dans la métropole québécoise. Immédiatement, elle a eu envie de pratiquer ce sport.

"Je faisais de la gymnastique depuis quelques années, mais j'étais été blessée au genou. Ça faisait deux ans que ça durait et ça ne s'améliorait pas. Après avoir assisté aux compétitions à Montréal, j'ai appelé au club CAMO (car c'était le plus connu!) et je suis allée faire une session d'initiation."

Depuis, elle n'a pas quitté l'endroit.

Sous la gouverne d'Andrée Pouliot-Deschamps, Selmani est en constante progression depuis. Dès 2007, on a vu apparaître son nom dans les sommaires de compétitions prestigieuses. Elle a remporté le bronze au 1 m et au 3 m aux Jeux panaméricains juniors, cette année-là. Deux ans plus tard, elle a gagné les Nationaux juniors au 1 m, en plus de terminer deuxième au 3 m et à la tour.

L'hiver dernier, aux Championnats nationaux seniors d'hiver, elle a remporté le 3 m synchro en compagnie d'Eloïse Boulanger, sa partenaire à Charlottetown. En septembre, elle participera de nouveau aux Panaméricains juniors, qui auront lieu à Calgary.

"C'est une plongeuse qui progresse rapidement, note Pouliot-Deschamps. Ses années de gymnastique n'y sont pas pour rien. Cela lui donne un grand avantage."

Aux dires de son entraîneur, Selmani vient de passer à une autre étape.

"Les plongeons qu'elle a exécutés à la tour et en préliminaires du trois mètres (où elle a terminé en première place), elle est capable de tous les faire aussi bien à l'entraînement. Mais ce qu'elle a fait jusqu'ici en compétition, c'est du nouveau pour elle.

"C'est certain qu'en ne visant qu'une place parmi les 12 finalistes au lieu d'être une favorite de la compétition fait en sorte qu'elle plonge peut-être avec moins de pression. Mais c'est tout de même un bel exploit."

Pour l'entraîneur de l'équipe du Québec, Aaron Dziver, cette éclosion laisse présager de belles choses.

"C'était très beau à voir aujourd'hui. Au 3 m, c'est important d'avoir beaucoup d'impulsion et elle arrive enfin à donner assez d'amplitude à ses sauts. J'ai bien hâte de voir où ça va nous mener dans l'avenir."

La jeune fille ne dépend pas que sur son talent pour gravir les échelons. Comme son école - privée et très exigeante au niveau académique - n'offre pas de programme sport-études, elle doit s'absenter tous les après-midi pour prendre part aux 20 heures d'entraînement hebdomadaire qu'exige son sport.

Afin de garder sa place au sein de cette institution prestigieuse, elle doit donc mettre les bouchées doubles et reprendre tout ce qui a été fait pendant son absence à son retour de l'entraînement, en soirée.

"Ça prend des amies qui prennent de bonnes notes de cours!", a-t-elle dit en riant.