JOHANNESBURG - Un millier d'amateurs dansant et chantant attendaient, mardi, à l'aéroport international de Johannesburg, le retour de la coureuse sud-africaine Caster Semenya, sacrée mercredi dernier à Berlin championne du monde du 800 mètres mais qui avait été soumise à un test de féminité par la Fédération internationale d'athlétisme (IAAF).

La mère et le père de Semenya étaient du nombre des amateurs. Sa mère, s'exprimant dans la langue Pedi, a déclaré aux journalistes qu'elle était fière de sa fille, écartant les questions sur sa féminité.

Cette manifestation de bienvenue était organisée à l'appel de plusieurs mouvements de défense des droits de l'homme et des partis politiques mais certains sont venus d'eux-mêmes pour s'installer sur le balcon surplombant les arrivées. Un autre amateur portait une pancarte faite à la main déclarant Semenya "notre première dame du sport".

Toute l'Afrique du Sud a pris fait et cause pour l'athlète, sacrée à Berlin après avoir dominé le 800 mètres de la tête et des épaules.

Leonard Chuene, le président de la Fédération sud-africaine d'athlétisme, a annoncé qu'il a démissionné de son poste au bureau de la Fédération internationale d'athlétisme (IAAF), pour protester contre le traitement réservé à Semenya. Elle n'est pas accusée d'avoir triché, mais de ne pas être forcément consciente d'un possible état physiologique de confusion des sexes qui lui donnerait un avantage certain.

"Nous n'allons pas permettre aux Européens de décrire et de définir nos enfants", a-t-il dit lors d'une conférence de presse en la présence de Semenya qui n'a pas dit un mot.

"Salut tout le monde", avait simplement déclaré la jeune femme de 18 ans à sa descente de l'avion, pouce levé et médaille d'or autour du cou.

Semenya a aussi été accueillie par Winnie Madikizela-Mandela, l'ex-femme de Nelson Mandela, devenu le premier président noir d'un pays longtemps marqué par l'apartheid.

"Nous sommes ici pour dire au monde entier combien nous sommes fiers de notre petite fille, a déclaré Madikizela-Mandela. Ils peuvent écrire ce qu'ils veulent, nous sommes fiers d'elle."

Le président Jacob Zuma a lui aussi prononcé un discours pour célébrer l'athlète. Il a indiqué que le ministre des Sports sud-africain a écrit à l'IAAF pour exprimer "notre déception concernant la manière dont l'organisation a traité du sujet".

"C'est une chose de chercher à établir si une athlète possède ou non un avantage sur une autre, c'est une autre d'humilier publiquement une athlète professionnelle compétente et honnête."

La Fédération internationale d'athlétisme devra décider si la morphologie de Semenya ne lui confère pas "un avantage sur les autres athlètes", après avoir consulté un gynécologue, un endocrinologue, un psychologue et d'autres experts.

Les supporters de Semenya estiment que les allégations la concernant sont motivés par la jalousie et témoignent de la discrimination raciale dont sont victimes les Africains.

Dimanche, Lamine Diack, le président de l'IAAF avait déclaré que cette affaire a été conduite d'une mauvaise façon.

"Je regrette profondément que la confidentialité ait été violée dans cette affaire ce qui a conduit l'IAAF à confirmer qu'un test de féminité a été demandé pour la jeune athlète, avait dit Diack aux journalistes à Berlin. C'est une affaire regrettable et j'ai demandé une enquête interne pour être sûre que la procédure soit suivie à la lettre et afin que cela ne se reproduise jamais".