Ski: Les succès d'un Québécois en Suède
Amateurs vendredi, 18 déc. 2009. 09:25 samedi, 14 déc. 2024. 18:52Alors que tous les yeux des amateurs d'ici sont rivés sur les athlètes Alexandre Bilodeau, Pierre-Alexandre Rousseau, Vincent et Philippe Marquis ainsi que Jennifer Heil pour les compétitions de sk
Alors que tous les yeux des amateurs d'ici sont rivés sur les athlètes Alexandre Bilodeau, Pierre-Alexandre Rousseau, Vincent et Philippe Marquis ainsi que Jennifer Heil pour les compétitions de ski acrobatique, un Québécois réalisera le rêve de participer aux Jeux olympiques de Vancouver en février 2010.
Après huit saisons à la barre de l'équipe du Québec de ski acrobatique, Jean-Paul Richard a accepté, il y a un an, le défi proposé par l'équipe suédoise en raison du potentiel des athlètes qu'il allait diriger.
« J'ai dû prendre une décision difficile parce que j'étais bien avec l'équipe du Québec, avoue-t-il. En tant qu'entraîneur, j'avais le goût de toucher à tous les niveaux afin de vivre pleinement ma passion. Le potentiel des athlètes suédois et la tenue des Jeux olympiques de 2010 à Vancouver ont pesé dans la balance quant à mon choix final d'avancer sur le circuit de la Coupe du monde. »
Arrivé en poste pour la saison 2008-2009, Richard a su maximiser les forces en place dès ses premières compétitions en tête de l'équipe suédoise. Il a obtenu une sixième et une huitième position aux championnats du monde au Japon en 2009.
« La première chose a été de créer une relation avec les athlètes, ce qui n'était pas une chose évidente en raison de la culture très différente. Les Suédois devaient donc me faire confiance. »
À son premier camp d'entraînement officiel qui a débuté en mai dernier, Richard a imposé un programme d'entraînement à ses nouveaux protégés. Plus de jours d'entraînements, de nouveaux exercices et une nouvelle façon de penser. Il a même fait appel avec un psychologue sportif, une pratique peu courante en Suède.
« J'ai dû m'adapter parce le changement crée une certaine résistance. Il a fallu que je m'y prenne d'une bonne façon afin de garder mon équipe de mon côté. Plus d'entraînements sur rampe d'eau, trampoline et sur neige ont été au menu. »
Un programme couronné de succès
Contrairement à la majorité des autres entraîneurs qui dirigent sur le circuit de la Coupe du monde, Richard n'a jamais évolué sur ce circuit.
« Je suis un ancien athlète au niveau Nor-Am, un circuit inférieur à la Coupe du monde. En raison d'une blessure, j'ai quitté le sport pour fonder un club de bosses à Val St-Côme en 1995 tout en poursuivant mes études en Kinésiologie à l'Université du Québec à Montréal. En 2001, je me suis joint à l'équipe du Québec pour devenir le premier entraîneur chef à temps plein de l'histoire de l'équipe de Québec. »
Son premier mandat a été de développer un programme d'entraînement pour que les athlètes québécois s'entraînent 12 mois par année.
S'entourant de psychologues sportifs et de préparateurs physiques, Richard a joué un rôle prédominant quant aux succès que l'équipe du Québec a connus au cours des dernières années.
« À chaque année entre 2001 et 2008, plusieurs athlètes ont été diplômés avec l'Équipe nationale de développement, pour ensuite faire le saut avec l'Équipe nationale. Les Bilodeau, Marquis, Dufour-Lapointe sont tous passés par le programme de l'équipe du Québec et connaissent beaucoup de succès sur la scène internationale. »
C'est en Argentine, en septembre 2008, lors d'un camp d'entraînement avec ses ouailles, qu'il a fait la rencontre des dirigeants suédois.
« L'équipe de Suède se retrouvait sans entraîneur depuis quelques mois et ils ont apprécié mon travail. Ils ont aussi été impressionnés par nos athlètes québécois ainsi que par la qualité des sauts effectués par ces deniers. »
Après avoir pris la décision de poursuivre sa carrière en Suède, Richard a mis en place cette même philosophie d'entraînement qui lui a permis de connaitre beaucoup de succès avec l'équipe du Québec.
Une première médaille depuis plusieurs années
Le comité olympique suédois ne doit pas regretter l'embauche de Richard. La fin de semaine dernière, lors de la première compétition de la saison en Finlande, son protégé Jesper Björnlund s'est couvert d'or à deux reprises, devenant le premier suédois depuis longtemps à remporter une médaille lors d'une épreuve en Coupe du monde.
Au fil d'arrivée, il a coiffé les Américains Bryon Wilson et Nathan Roberts ainsi que le champion en titre, le Québécois Alexandre Bilodeau, vendredi et samedi.
« On savait que Jesper avait beaucoup de potentiel pour être parmi les meilleurs, avoue Richard, très fier. La première victoire a été une surprise parce que les gens ne s'y attendaient pas. Le lendemain, les autres concurrents ont effectué des sauts de degrés de difficultés plus élevés, en sortant la grosse artillerie, ce qui a provoqué quelques erreurs. »
L'autre protégé de Richard, Per Spett, qui sera aussi à Vancouver, s'est qualifié au 14e rang à deux reprises, mais il a toujours progressé lors des finales, terminant respectivement 11e et 9e.
« Après quelques ajustements d'ici les Jeux olympiques de Vancouver, on pourrait les retrouver tous les deux sur le podium. »
C'est d'ailleurs dans cet état d'esprit que Richard a établi cette relation de confiance avec les athlètes et dirigeants suédois.
« À mon arrivée, lorsque je parlais avec le comité olympique et les médias suédois, j'ai toujours mentionné qu'on visait le podium aux Jeux olympiques de 2010. Les gens n'étaient pas très convaincus parce que la Suède n'avait jamais obtenu de médaille en Coupe du Monde depuis des lunes. Avec la fin de semaine passée, on vient de lancer un signal à toutes les équipes que nous sommes dans la course. Les skieurs suédois sont là et tout le monde sait maintenant ce qu'ils sont capables de faire. »