Sous haute surveillance
Jeux Sotchi 2014 vendredi, 17 janv. 2014. 08:28 jeudi, 12 déc. 2024. 20:06SOTCHI - Des policiers à chaque coin de rue et jusque dans les montagnes du Caucase russe : à trois semaines d'accueillir les Jeux olympiques d'hiver, Sotchi est une ville sous haute surveillance.
Face aux craintes d'attentats, les renforts de policiers, qui seront environ 37 000 pendant les Jeux, du 7 au 23 février, sont déjà visibles partout dans cette agglomération de 350 000 habitants au bord de la mer Noire. Fin décembre, deux attaques suicide ont fait 34 morts dans une gare et un trolleybus à Volgograd, au sud de la Russie, à 700 km de Sotchi.
Des membres des forces de l'ordre sont déployés sur la route d'une cinquantaine de kilomètres reliant les installations olympiques du « pôle mer », proches de l'aéroport, à celles du « pôle montagne », à Krasnaïa Poliana. Deux sites reliés également par une voie de chemin de fer construite pour les JO.
À la gare d'interconnexion proche de l'aéroport - une impressionnante construction en verre -, les voyageurs sont inspectés de la tête au pied, une première fois à l'entrée, et une seconde fois à l'étage. Là, obligation d'allumer tous les objets électroniques - téléphones intelligents, tablettes, ordinateurs - sous les yeux des policiers.
« C'est trop strict »
« C'est trop strict, mais il faut que tout se passe bien » pendant les Jeux, estime Igor Dmitrofanov, un habitant de Sotchi.
Passer avec une caméra professionnelle peut entraîner des difficultés, même avec l'accréditation nécessaire, comme cela a été le cas pour un journaliste de l'AFP.
Et la situation peut rapidement se compliquer quand un officier de police ne parlant pas un mot d'anglais réclame au journaliste ne comprenant pas le russe son « autorisation de transport de caméra ». Finalement, un jeune policier fait l'interprète en expliquant à son chef que l'accréditation autorise le transport d'une caméra, avant de glisser discrètement : « Mon chef n'avait pas compris que vous étiez journaliste ».
Sur une vingtaine de contrôles de sécurité en trois jours, deux journalistes de l'AFP équipés de matériel vidéo ont rencontré seulement deux policiers capables de s'exprimer en anglais. Pour la traduction, l'aide peut venir des volontaires des JO, quand ils sont là.
Files d'attente en perspective, avec 17 000 journalistes accrédités pour les JO de Sotchi, et des dizaines de milliers de visiteurs étrangers.
La sécurité est un enjeu majeur de ces Jeux, dans une zone située à quelques centaines de km des petites républiques instables du Caucase du Nord, où les forces de l'ordre russes sont confrontées à une rébellion islamiste. En juillet, le chef de cette mouvance, Dokou Oumarov, avait appelé à empêcher « par tous les moyens » la tenue des JO, dont le président Vladimir Poutine entend faire une vitrine de la Russie.
« Des policiers partout »
Même refrain pour la sécurité en montagne. Le skieur ou simple visiteur doit se soumettre à des contrôles draconiens identiques à ceux de la gare pour accéder aux télésièges. Et au pied de chaque télésiège, des policiers.
Dans les trains desservant les installations olympiques, des policiers et des membres du service de sécurité des chemins de fer russes effectuent en permanence des patrouilles.
À Sotchi, les entrées de la ville sont contrôlées par la police, comme à un poste-frontière. L'accès aux véhicules venant de l'extérieur est interdit jusqu'à fin mars, après les Jeux paralympiques (7-16 mars), sauf pour les titulaires d'une accréditation.
« J'ai déjà été contrôlé de nombreuses fois sur la route, il y a des policiers partout », raconte M. Dmitrofanov, qui doit montrer à chaque fois le document certifiant que sa voiture est immatriculée à Sotchi, où il habite.
Depuis l'entrée en vigueur des mesures de sécurité renforcées le 7 janvier, une clôture grillagée de quatre mètres de haut a été érigée autour de la gare ferroviaire du centre-ville. L'accès s'effectue par un bâtiment préfabriqué dans lequel les voyageurs sont inspectés de la tête au pied.
« Personnellement ça ne me dérange pas, ça me rassure, il vaut mieux qu'il y en ait trop que pas assez », estime Ioulia Rouchopkina, de Sotchi, résumant le sentiment des habitants de la ville à l'égard de ces mesures sans précédent.
La réponse du président tchétchène
Le président tchétchène, Ramzan Kadyrov, a affirmé avoir la certitude à 99,9 % que le chef des rebelles islamistes du Caucase russe, Dokou Oumarov, était mort et ne menaçait en rien la tenue des JO de Sotchi, selon un communiqué vendredi.
« Nous en sommes sûrs à 99,9 %. J'ai déjà dit dans le passé qu'il était mort, mais cette fois nous avons l'enregistrement de la conversation de prétendus émirs, qui parlent de sa mort, présentent leurs condoléances et discutent de la candidature d'un nouvel émir «, a déclaré Ramzan Kadyrov, selon un communiqué placé vendredi sur son site officiel.
« C'est pourquoi toutes les affirmations sur les menaces pour les Jeux olympiques de Sotchi sont absolument sans fondement », a-t-il ajouté.
Une source des services secrets russes, citée par l'agence Interfax, a indiqué ne pas pouvoir confirmer.
« Nous ne pouvons confirmer que Dokou Oumarov a été tué. Nous n'avons pas cette information », a déclaré cette source.
« Émir du Caucase » et chef de la rébellion tchétchène, Dokou Oumarov a été donné pour mort à plusieurs reprises, sans que cette information ne soit confirmée par la suite.
Dans un message vidéo filmé dans une forêt et mis en ligne en juillet dernier, Dokou Oumarov jurait d'empêcher par tous les moyens la tenue des Jeux olympiques d'hiver de Sotchi.