MONTRÉALÂ -- Pour ses 20 ans le 17 février prochain, Marianne St-Gelais entend faire les choses en grand. La patineuse de vitesse courte piste marquera le coup en disputant l'épreuve de 500 mètres



MONTRÉAL -- Pour ses 20 ans le 17 février prochain, Marianne St-Gelais entend faire les choses en grand. La patineuse de vitesse courte piste marquera le coup en disputant l'épreuve de 500 mètres aux Jeux olympiques de Vancouver.

La sympathique athlète de St-Félicien a connu une belle progression au fil des dernières années. Quadruple médaillée d'or des Jeux du Canada en 2007, elle a remporté sa première médaille individuelle (argent) dès sa deuxième participation à une Coupe du monde en 2008 _ et au Pacific Coliseum de Vancouver où auront lieu les épreuves olympiques.

En janvier 2009, elle a été couronnée championne du monde junior sur 500 mètres, améliorant au passage le record du monde chez les juniors. Réputée pour sa vitesse, elle peut prétendre à une place en finale au 500 mètres à Vancouver _ elle occupe le quatrième rang du classement de la Coupe du monde sur cette distance. Ses performances ont été récompensées lorsqu'on lui a décerné le "Maurice" d'athlète par excellence au niveau canadien il y a quelques semaines à l'occasion du 37e gala Sports Québec.

Quand elle jette un regard sur ce qu'elle a accompli jusqu'ici, St-Gelais s'en surprend parfois elle-même. Car plus jeune, elle n'a jamais ambitionné de devenir une athlète de haut niveau ou de prendre part aux Jeux olympiques.

"Quand j'ai commencé le patinage à l'âge de 10 ans, c'était avant tout pour le plaisir, raconte celle qui est un véritable rayon de soleil pour son entourage en raison de sa personnalité enjouée. J'avais décidé d'abandonner le natation. Mais ma mère m'a demandé de trouver un nouveau sport car, avec quatre enfants à la maison, elle voulait qu'on dépense notre énergie."

C'est alors qu'une voisine, présidente du club de patinage de vitesse de St-Félicien, est venue cogner à la porte de la famille St-Gelais.

"Le club était sur le point de fermer faute de membres et ma mère, Francine Privé, a décidé de nous inscrire les quatre, se rappelle-t-elle. A mes débuts en compétition, je me souviens que je patinais parce que je recevais une médaille. Nous étions cinq dans la catégorie et je finissais cinquième, mais j'avais une médaille quand même. J'étais contente."

Mais tout a changé quand elle a été piquée au vif par les commentaires désobligeants d'une rivale.

"À une compétition de niveau inférieur, une compétitrice m'avait traitée de 'poche' en passant en revue les noms des concurrentes. Je savais qu'elle était bien meilleure que moi. Mais son commentaire m'avait fâchée. J'avais tout donné dans cette course, mais elle m'avait quand même battue."

Néanmoins, cet épisode a provoqué un déclic et, à partir de là, St-Gelais a mis les bouchées doubles et pris son sport plus au sérieux.

Sacrifices

Pour se tailler éventuellement une place au sein de l'équipe nationale, St-Gelais a dû s'imposer quelques sacrifices.

"J'avais 16 ans quand j'ai commencé à disputer des compétitions sur la scène internationale. C'est l'âge où les amis commencent à sortir dans les bars le soir. Comme je n'avais pas beaucoup d'heures de glace à St-Félicien, je devais m'assurer d'être reposée pour en profiter. Mes amies me trouvaient plate parce que je ne sortais jamais. J'ai trouvé ça dur au début. Mais par la suite, quand elles ont vu mes performances, elles étaient fières de moi."

Comme plusieurs autres athlètes des régions, St-Gelais a dû quitter sa famille et sa région pour venir s'installer à Montréal, site du centre national d'entraînement.

"À 17 ans, je n'ai eu d'autre choix que de venir m'installer à Montréal pour m'entraîner au centre national. C'est le plus gros sacrifice que j'ai d faire. Ca été une période assez pénible, parce que je suis proche de ma famille. J'ai besoin de voir mes parents souvent. La première année a été assez difficile, surtout que mon copain _ et coéquipier Charles Hamelin _ était toujours en compétition à l'étranger. Je me retrouvais souvent seule dans la grande ville."

Aujourd'hui, elle s'est adaptée à la situation. Elle ressent néanmoins encore le besoin d'aller régulièrement se ressourcer parmi les siens.

"J'ai besoin de passer du temps en famille. C'est toujours réconfortant de retrouver les siens."

Au moins une fois par été, elle se rend au chalet familial situé au bord d'un lac.

"C'est un vrai chalet. Il n'y a ni téléphone, ni télévision. On fait des feux de bois à l'extérieur, on se baigne. Je décompresse vraiment."

Inspirée par Félicien

Parallèlement au patinage de vitesse, St-Gelais a également fait de l'athlétisme, gagnant même le 200 mètres aux Jeux du Québec.

"Quand il a fallu que je commence à m'entraîner l'été pour le patinage de vitesse, il m'a fallu faire un choix."

Le sport a d'ailleurs toujours tenu une place importante chez les St-Gelais-Privé.

"Ma mère a fait du judo quand elle était jeune et mon père est assez sportif aussi."

Sa famille lui apporte d'ailleurs un soutien précieux.

"Mon père est mon motivateur personnel. Il me suit en compétition. Quand je connais une mauvaise course, il est là pour m'aider à me relancer." Tout le clan familial sera à Vancouver pour l'encourager.

Ancienne sprinteuse elle-même, St-Gelais s'inspire beaucoup de la force de caractère de Perdita Felicien.

"Je me rappelle toujours des Jeux de 2004, à Athènes. Elle était la championne du monde en titre et la favorite pour gagner l'or. Mais elle a accroché la première haie et elle est tombée. Tout de suite après, elle est allée devant les caméras et elle a dit, 'c'est moi la championne du monde, je vais revenir en 2008 pour gagner'. Finalement, elle n'a pu prendre part aux Jeux de Pékin à cause d'une blessure. Mais sa petite phrase m'a montré qu'il faut persévérer dans la vie."

Et de la persévérance, il lui en a fallu au cours de la dernière année pour assurer sa sélection olympique, officialisée en août dernier.

"J'avoue que les sélections olympiques ont été difficiles cet été. La saison a pris fin au mois de mars et nous avons repris l'entraînement intensif dès le mois d'avril, après seulement trois semaines de répit.

"Dans les circonstances, je ne pouvais pas retourner chez moi au Lac St-Jean comme je le voulais. Il y avait aussi de la tension au sein de l'équipe."

Avec le recul, elle avoue qu'elle aurait été déçue de ne pas se qualifier pour les Jeux de Vancouver, même si elle visait davantage une participation aux Jeux de 2014. La perspective de prendre part à ses premiers jeux au Canada l'enchante.

"Personnellement, je trouve ça le fun car toute la population sera derrière nous. Il s'agit d'une énergie positive. Je considère ça plus comme un point positif qu'un stress.

"Je veux certes atteindre mes objectifs mais, peu importe ce qui arrive là-bas, je sais que mes parents seront fiers de moi."