Tadese profite de la chute de Bekele
Amateurs samedi, 24 mars 2007. 13:24 vendredi, 13 déc. 2024. 17:34
MOMBASA, Kenya - L'Ethiopien Kenenisa Bekele était venu à Mombasa, peut-être un peu forcé, pour montrer qu'il était bien l'empereur du cross-country mais le Kenya lui a réservé un adversaire de poids, la chaleur, qui l'a fait abandonner et laisser l'or mondial à l'Erythréen Zersenay Tadese.
Dire que Bekele avait décidé de ne plus revenir, ayant déjà tout prouvé entre 2002 et 2006 avec dix titres mondiaux (cinq en cross long et cinq en cross court). On lui a demandé, il a accepté, pour le drapeau, et doit se dire après son abandon qu'il n'aurait pas dû. Il a (dé)failli dans sa tâche.
Bekele, 24 ans, ne rentrera pas dans les annales de l'athlétisme comme étant le premier homme à remporter six fois le cross long (le cross court a existé de 1998 à 2006) et à dépasser les mythiques Kényans Paul Tergat et John Ngugi (5).
La touffeur irrespirable et les 34° degrés à l'ombre de Mombasa en auraient décidé autrement, selon les explications de l'équipe éthiopienne. Bekele aurait été victime de problèmes d'estomac à cause de la chaleur qui l'ont forcé à un abandon théâtral dans le sixième et dernier tour alors qu'il était en deuxième position, lâché par Tadese.
Mais une autre hypothèse courrait aussi samedi soir à Mombasa. Et si Bekele s'était trompé dans le décompte des tours ? Si lui et ses quatre autres compatriotes à avoir abandonné avaient appliqué des consignes erronées ? Son attaque dans le 5e et avant-dernier tour s'expliquerait alors.
Image inédite
Quelque soit l'hypothèse retenue, celui qui est peut-être le meilleur coureur de fond de l'histoire, qui a gagné titres et records sur la terre du cross-country, les pistes de plein air ou sous les toits des salles, n'a semble-t-il pas voulu finir la course en lambeaux, montrer sa vulnérabilité.
Alors il a dit stop. D'un geste de la main. Dans une petite côte, il est passé sous une barrière. C'en était fini. L'image d'un Bekele battu, assommé, les bras ballants le long du corps, était inédite. Presque stupéfiante. Elle a en tout cas fait la joie des dizaines de milliers de Kényans massés dans et autour du parcours de golf de la capitale, en bordure d'Océan indien.
Peut-être le peuple kényan voyait-il là matière à revanche, après les nombreuses humiliations que l'Ethiopien avait fait subir aux seigneurs des hauts plateaux ces dernières années...
En tout cas, la belle mécanique de course de Bekele -sa cadence de jambes de métronome- s'est grippée assez soudainement. Dans le 5e et avant-dernier tour, alors qu'il était en tête après avoir lâché Tadese avec lequel il courait en duo depuis la mi-course, on l'a d'abord vu demander de l'eau à tout prix. Alors qu'il n'en avait pas pris avant.
Quelques centaines de mètres plus loin, il a fait la grimace et subitement, a ralenti, sa foulée se désunissant un peu. Une réelle défaillance ? ou bien Bekele venait-il de comprendre qu'il restait encore un tour et qu'il avait fait une erreur, ou avait été mal conseillé ?
Quelque chose clochait visiblement. Tadese est revenu, trop content de l'aubaine. Et l'a planté là, désemparé.
Aubaine pour Tadese
Soit Kenenisa Bekele n'a pas voulu finir humilié, car d'autres l'auraient rattrapé, une horde de cinq Kényans arrivait derrière, soit il se sentait vraiment mal, erreur de tour ou pas. A l'image des scènes terribles vues à l'arrivé des trois courses précédentes (juniors femmes et garçons, seniors femmes): évanouissements, insolations, pertes de mémoire, problèmes de respiration, coureurs titubants ou allongés...
L'Erythréen Tadese, 25 ans, qui avait rapporté à son pays sa toute première médaille olympique en prenant le bronze du 10.000 m des JO d'Athènes, en 2004, a profité -à la régulière- de la chute de l'Empereur.
Souvent placé, rarement gagnant, le puncheur érythréen, adapte de l'attaque à tout va, a enfin été récompensé. Mais, malgré son mérite indiscutable, ce succès restera comme la défaite -ou la terrible méprise- de Bekele.
Dire que Bekele avait décidé de ne plus revenir, ayant déjà tout prouvé entre 2002 et 2006 avec dix titres mondiaux (cinq en cross long et cinq en cross court). On lui a demandé, il a accepté, pour le drapeau, et doit se dire après son abandon qu'il n'aurait pas dû. Il a (dé)failli dans sa tâche.
Bekele, 24 ans, ne rentrera pas dans les annales de l'athlétisme comme étant le premier homme à remporter six fois le cross long (le cross court a existé de 1998 à 2006) et à dépasser les mythiques Kényans Paul Tergat et John Ngugi (5).
La touffeur irrespirable et les 34° degrés à l'ombre de Mombasa en auraient décidé autrement, selon les explications de l'équipe éthiopienne. Bekele aurait été victime de problèmes d'estomac à cause de la chaleur qui l'ont forcé à un abandon théâtral dans le sixième et dernier tour alors qu'il était en deuxième position, lâché par Tadese.
Mais une autre hypothèse courrait aussi samedi soir à Mombasa. Et si Bekele s'était trompé dans le décompte des tours ? Si lui et ses quatre autres compatriotes à avoir abandonné avaient appliqué des consignes erronées ? Son attaque dans le 5e et avant-dernier tour s'expliquerait alors.
Image inédite
Quelque soit l'hypothèse retenue, celui qui est peut-être le meilleur coureur de fond de l'histoire, qui a gagné titres et records sur la terre du cross-country, les pistes de plein air ou sous les toits des salles, n'a semble-t-il pas voulu finir la course en lambeaux, montrer sa vulnérabilité.
Alors il a dit stop. D'un geste de la main. Dans une petite côte, il est passé sous une barrière. C'en était fini. L'image d'un Bekele battu, assommé, les bras ballants le long du corps, était inédite. Presque stupéfiante. Elle a en tout cas fait la joie des dizaines de milliers de Kényans massés dans et autour du parcours de golf de la capitale, en bordure d'Océan indien.
Peut-être le peuple kényan voyait-il là matière à revanche, après les nombreuses humiliations que l'Ethiopien avait fait subir aux seigneurs des hauts plateaux ces dernières années...
En tout cas, la belle mécanique de course de Bekele -sa cadence de jambes de métronome- s'est grippée assez soudainement. Dans le 5e et avant-dernier tour, alors qu'il était en tête après avoir lâché Tadese avec lequel il courait en duo depuis la mi-course, on l'a d'abord vu demander de l'eau à tout prix. Alors qu'il n'en avait pas pris avant.
Quelques centaines de mètres plus loin, il a fait la grimace et subitement, a ralenti, sa foulée se désunissant un peu. Une réelle défaillance ? ou bien Bekele venait-il de comprendre qu'il restait encore un tour et qu'il avait fait une erreur, ou avait été mal conseillé ?
Quelque chose clochait visiblement. Tadese est revenu, trop content de l'aubaine. Et l'a planté là, désemparé.
Aubaine pour Tadese
Soit Kenenisa Bekele n'a pas voulu finir humilié, car d'autres l'auraient rattrapé, une horde de cinq Kényans arrivait derrière, soit il se sentait vraiment mal, erreur de tour ou pas. A l'image des scènes terribles vues à l'arrivé des trois courses précédentes (juniors femmes et garçons, seniors femmes): évanouissements, insolations, pertes de mémoire, problèmes de respiration, coureurs titubants ou allongés...
L'Erythréen Tadese, 25 ans, qui avait rapporté à son pays sa toute première médaille olympique en prenant le bronze du 10.000 m des JO d'Athènes, en 2004, a profité -à la régulière- de la chute de l'Empereur.
Souvent placé, rarement gagnant, le puncheur érythréen, adapte de l'attaque à tout va, a enfin été récompensé. Mais, malgré son mérite indiscutable, ce succès restera comme la défaite -ou la terrible méprise- de Bekele.