Viviane, Tranquille et impatiente
La courbe de progression de la spécialiste du taekwondo Viviane Tranquille a connu un coup d'accélérateur, le mois dernier, lorsque l'athlète a participé à son premier tournoi Grand Prix. À Paris, la Québécoise a décroché une neuvième place dans le tableau des moins de 49 kg.
Fière de s'être présentée calme et sans trop de pression sur la surface de combat, la jeune femme de 23 ans a rapidement constaté que personne ne lui ferait de cadeau à ce tournoi qui regroupait les 32 meilleures de sa catégorie.
« Dans une bonne journée, tout le monde peut gagner la compétition. C'est compétitif dès le premier round. »
Tranquille a d'abord signé une victoire 2-0 contre la Française Maysane Kamkasoumphou pour ensuite s'incliner 2-0 contre la Croate Lena Stojkovic. Cette défaite aurait pu être une victoire selon celle qui pratique son sport depuis déjà 18 ans.
« J'ai fait une excellente première minute et 50 secondes et j'ai perdu ma concentration dans les 10 dernières secondes du premier round, ce qui m'a coûté le premier round. Après, la twist du combat a changé en faveur de la Croate. »
Cette perte de concentration demeure le point majeur qu'elle devra améliorer si elle veut davantage prendre sa place sur la scène internationale, car elle sent qu'elle est déjà de taille dans sa forme physique et ses tactiques de combat.
« On travaille là-dessus, ça s'améliore de compétition en compétition et c'est bon signe, mais on dirait que quand tu es dans le processus, tu veux tout le temps que ça aille plus vite », indique la native de Champlain, en Mauricie, qui demeure maintenant à Sainte-Catherine, au sud de Montréal, où elle s'entraîne au club HLD.
« Ça démontre juste ma soif de performance et si je ne l'avais pas, je serais une athlète médiocre et je ne vise pas à être ça. Je vise à être extraordinaire, alors t'en veux plus, plus vite. C'est correct d'avoir ça en dedans de moi et c'est ce qui va me permettre d'atteindre les plus hauts niveaux. »
Les leçons d'une absence olympique
Quatre fois championne canadienne et neuvième aux Universiades de 2017, Viviane Tranquille visait une place dans l'équipe olympique des Jeux de Tokyo. C'est toutefois la Vancouvéroise Yvette Yong qui a représenté le pays dans la catégorie des moins de 49 kg.
La Québécoise n'a aucun regret des efforts qu'elle a consentis pour tenter de se qualifier, sauf celui de s'être retrouvée dans le néant après avoir raté son objectif.
« J'ai mis tous mes œufs dans ce panier-là et quand ça s'est terminé, je n'avais rien d'autre. Après les qualifications olympiques, j'ai vécu un down énorme. Dans ma tête, c'était fini et je ne voulais plus rien savoir (du taekwondo). Le choc de l'après, c'était un échec. Mais après une grosse réflexion (arrêter), ce n'était pas ce que je voulais. C'était jusque que je n'avais pas fait les choses de la bonne manière. J'essaie donc de refaire le tout avec de meilleures conditions et ça va bien pour l'instant. »
Ce retour à un meilleur équilibre, c'est surtout par un retour à l'école qu'il passe. Elle poursuit ses études à distance au bac cumulatif de trois certificats à l'UQTR. L'étudiante-athlète a déjà décroché des diplômes en administration de même qu'en marketing et en obtiendra un troisième en comptabilité.
Réapprendre le rythme de la conciliation sport et études n'a pas été facile au début, mais une fois qu'elle a eu les yeux bien rivés sur ses objectifs, sa vitesse de croisière était en place.
« Non, elle (ma progression) n'est pas encore assez rapide pour moi », ajoute l'athlète en riant. « J'ai une soif de performance. On atteint un objectif, il est coché, on se donne une tape dans le dos et après, on passe à autre chose en se demandant quelle est la prochaine étape », poursuit celle qui se qualifie davantage d'exigeante que de perfectionniste.
Le premier signe tangible du succès de cette nouvelle recette, la taekwondoïste l'a vécu le printemps dernier lorsqu'elle a été médaillée d'argent aux Championnats panaméricains. En finale des moins de 49 kg, la Québécoise a concédé l'or à la Mexicaine et quatrième au monde, Daniela Souza. Un résultat qu'elle espérait depuis longtemps.
« Je ne faisais pas juste rêver dans le vide. C'était atteignable. »
Viviane Tranquille compte maintenant sur les Championnats du monde de Guadalajara, au Mexique, à la mi-novembre, pour devenir la meilleure Canadienne au classement olympique mondial de sa catégorie. Elle souhaite du même coup se rapprocher le plus possible du top-6, ce qui lui permettrait de prendre une sérieuse option pour une des deux places féminines aux Jeux de Paris.
« Je ne vise rien de moins qu'un podium aux Championnats du monde ! Ça ne sera pas une chose facile, mais on s'entraîne et on se prépare pour un podium. »