JOHANNESBURG - La famille d'Oscar Pistorius, le champion handisport sud-africain accusé d'avoir tué sa petite amie le jour de la Saint-Valentin, s'est désolidarisée mardi de propos tenus par le père de l'athlète, qui expliquait leur amour des armes à feu par un besoin d'auto-défense.

Henke Pistorius avait expliqué dans une entrevue au quotidien britannique The Daily Telegraph de lundi que sa famille était armée pour se protéger, accusant le gouvernement sud-africain de ne pas protéger les habitants contre les criminels.

Oscar et le reste de la famille Pistorius prennent leurs distances vis-à-vis de ces commentaires, a souligné mardi Arnold Pistorius, l'oncle d'Oscar et porte-parole de la famille. « L'interview d'Henke au journal n'avait pas été approuvée par notre équipe de relations avec les médias. (...) Ces commentaires ne sont pas représentatifs des opinions d'Oscar ou du reste de la famille Pistorius. »

« La famille Pistorius ne possède des armes que pour le sport et la chasse », a-t-il précisé dans un communiqué.

« Il y a des armes pour la chasse et d'autres pour se protéger, les armes de poing », avait déclaré Henke Pistorius au Telegraph, après que le quotidien Beeld eut révélé que la famille d'Oscar - son père, ses oncles et son grand-père - possédait un total de 55 armes à feu.

« Vous ne pouvez pas compter sur la police, non pas parce qu'ils sont toujours inefficaces, mais parce que la criminalité est très importante », avait-il noté, expliquant que les forts taux de criminalité sont « de la faute du gouvernement ANC », le parti au pouvoir en Afrique du Sud depuis la fin de l'apartheid.

« Regardez les taux de criminalité frappant les Blancs, pourquoi la protection est si faible dans ce pays... c'est un aspect de notre société », avait encore regretté Henke Pistorius, faisant référence aux 1600 fermiers blancs tués dans le pays depuis 1990.

L'ANC a vivement fustigé mardi ces propos qui laisse penser, selon le parti, que « le gouvernement ANC n'est pas disposé à protéger les Sud-Africains blancs ».

« Non seulement cette déclaration est dénuée de vérité, mais elle est également raciste. Il est triste qu'il (Henke Pistorius) ait choisi de politiser un incident tragique qui est encore frais dans les esprits de ceux qui sont touchés et dans le public », a écrit le parti dominant dans un communiqué.

Le gouvernement lui a emboîté le pas quelques heures plus tard, qualifiant les propos d'Henke Pistorius d'infondés et malhonnêtes.

« Le gouvernement assure la sécurité de tous les Sud-Africains quels que soient leur race, leur sexe, leur orientation sexuelle et leur croyance religieuse », a déclaré mardi dans un communiqué une porte-parole du gouvernement, Phumla Williams, notant que des progrès avaient été accomplis ces dernières années en la matière.

« Le gouvernement appelle tous les citoyens à ne pas faire de remarques irresponsables, mais à travailler ensemble pour promouvoir la paix et l'harmonie, et assurer la cohésion sociale dans notre pays », a-t-elle ajouté.

Oscar Pistorius a tué sa petite amie Reeva Steenkamp le 14 février, chez lui au sein d'un lotissement fortifié de la banlieue de Pretoria.

Alors que le Parquet pense qu'il y a eu un meurtre prémédité, l'athlète plaide la thèse de l'accident et explique qu'il a tiré à plusieurs reprises à travers la porte verrouillée des toilettes, après avoir pris son amie pour un cambrioleur.

Il a tiré avec son pistolet 9 mm.

Oscar Pistorius - qui avait déjà fait part du besoin de se défendre dans plusieurs entrevues - avait demandé des licences pour plusieurs autres armes à feu.

Il avait déchargé accidentellement le pistolet d'un ami dans un restaurant chic de Johannesburg en janvier.

Dans son communiqué mardi, la famille Pistorius a rappelé qu'elle portait toujours le deuil de Reeva, et qu'elle ne donnerait plus d'entrevue dans l'immédiat.