Des dirigeants russes ont recueilli de l'urine « propre » des athlètes quelques mois avant les Jeux olympiques de Sotchi et ont utilisé des contenants de liqueur ainsi que des biberons qu'ils ont discrètement introduits au travers d'un mur d'un laboratoire pour éviter les tests antidopages, a révélé l'ex-directeur du laboratoire antidopage russe au New York Times.

Grigory Rodchenkov, qui habite maintenant en Californie et qui travaille avec un cinéaste sur un documentaire, a offert des détails au quotidien new-yorkais sur l'impressionnant stratagème, auquel participaient des dizaines d'athlètes et de dirigeants russes. Il a ajouté que des échantillons incriminants avaient été remplacés pour au moins trois médaillés d'or des Jeux olympiques de Sotchi.

Le Comité international olympique (CIO) a qualifié l'article publié jeudi de « très préoccupant », ajoutant que les dirigeants du mouvement olympique travailleront de concert avec l'Agence mondiale antidopage (AMA) pour faire la lumière dans cette affaire.

La Fédération russe d'athlétisme est présentement suspendue des compétitions internationales en lien avec des allégations de dopage systématique, et l'organisation qui chapeaute la discipline sur la planète doit rendre sa décision à savoir si elle pourra participer aux Jeux olympiques de Rio de Janeiro le moins prochain.

Les détails divulgués par Rodchenkov renforcent la thèse selon laquelle le gouvernement russe était impliqué étroitement dans le stratagème servant à tricher et à couvrir les cas de dopage.

Il a confié au quotidien qu'il avait reçu la directive de remplacer les échantillons incriminants par de l'urine « propre » afin que les athlètes n'échouent pas à des tests antidopages. La nuit, lorsque le laboratoire de Sotchi n'était pas sous surveillance, il a précisé qu'il avait évacué des échantillons incriminants par un trou caché dans un mur à un homme qu'il croyait être un employé des services de sécurité russes.

Les bouteilles - qui sont supposées être scellées - auraient été ouvertes, remplies avec de l'urine « propre » fournie par les athlètes des mois avant les Jeux olympiques, et replacées correctement. Les échantillons sont supposés être anonymes pendant les tests de dépistage, mais Rodchenkov a indiqué que les athlètes prenaient des photos des documents antidopages qu'ils devaient remplir afin qu'on puisse les identifier une fois rendus au laboratoire.

L'opération était rodée comme une « horloge suisse », a mentionné Rodchenkov au quotidien.